EXTRAIT DE LETTRES ECRITES EN DIVERS TEMPS PAR LE Sieur STEWARD à un Correspondant, dont il parle dans sa Lettre, dattée d'Edimbourg le 8. de Mai 1688.

Avec un Avertissement de M. FAGEL Pen­sionnaire de leurs Grandes Puissances, Nossei­gneurs les Etats de Hollande & de West-Frise.

TRADUITS DE L'ANGLOIS ET DU FLAMAND.

Sur la Copie Imprimée.

A LA HAYE, Chez JACQUES SCHELTUS, Imprimeur ordinaire de leurs G. P. Noss. les Etats de Hollande & de West-Frise.

M.DC.LXXXVIII.

AVIS DU TRADUCTEUR.

CEux qui n'entendent pas l'Anglois s'étonneront de voir quelque espéce d'embaras & d'ob­scurité, en certains endroits de cette Traduction, & s'imagineront peut-être que la ver­sion de l'Avertissement & celle des Extraits sont de deux mains: mais je déclare ici qu'il n'en est rien, & que toute la différence vient des Originaux. Monsieur Fagel, qui agit sincé­rement, dit les choses comme il les pense; & l'on n'a point de peine à comprendre són sens, ni à rendre naturellement une phrase Flamande par une Françoise qui lui réponde. Mais pour le mysté­rieux M. Steward, qui ne parle qu'à demi-mot, il n'a pas été si facile de sçavoir ce qu'il vouloit dire. Aussi puis je protester que jamais version ne m'à donné tant de peine que celle-ci, quoi que j'eusse la Flamande devant les yeuv; & je ne me serois pas tiré de certains endroits, sans le se­cours d'un sçavant Anglois, qui n'entend pas moins bien nôtre Langue que la sienne. Qui n'ad­mireroit ce P. qui revient tant de fois, & qui peut signifier également bien Monseigneur le Prin­ce d'Orange & M. le Pensionnaire? Et ne-faut-il pas être bien versé dans le stile de M. Ste­ward pour entendre que l'établissement de la liberté signifie l'abolition des Tests & des Loix Pénales. Je ne m'étonne pas qu'on lui ait fait écrire 8. ou 9. Lettres avant que de lui répondre; car il n'en faloit guére moins pour deviner aujuste ce qu'il demandoit, & à qui il en vouloit. En­core a-t-on eu le malheur de ne pas réûssir, puis qu'on à crû à la Haye qu'il suffisoit, pour éta­blir une parfaite liberté de conscience, qu'on abrogeât les Loix Pénales, & qu'on permit à tout le monde de servir Dieu selon ses lumiéres; il faloit encore, selon le profond M. Steward, qu'on abolit les Tests, afin que les Papistes pussent s'emparer de toutes les Charges, & exter­miner un jour les prétendus Hérétiques; puis que ce zéle pour la Religion Catholique est un des points essenciels de la fol de [...] la suivent.

AU LECTEUR.

SUR la fin du mois de Juillet passé, je reçûs de je ne sçai qui par la Poste d'Angleterre & sous un simple couvert une Lettre imprimée, qu'on disoit que le Sr. Jacques Steward m'avoit écrite d'Edimbourg le 8. du mois de Mai dernier, pour répondre à ma Lettre du 5. de Novembre 1687. qui contient le sentiment de leurs Altesses Monseigneur le Prince & Madame la Princesse d'Orange, touchant l'abolition du Test & des Loix Pénales. Je fus fort éton­né de voir un Exemplaire imprimé d'une Lettre, qu'on disoit que le Sr. Ste­ward m'avoit écrite, quoi que je n'en eusse reçû aucun Exemplaire écrit n [...] imprimé, de la part dud. Sr. Steward. Si cela s'appelle en bien agir; c'est de quoi le Public pourra juger.

Pour ce qui regarde la matiére de cette Lettre, sçavoir l'abolition du Test & des Loix Pénales, je ne veux plus en parler; tant parce que je n'aime pas à disputer, que parce que j'ai vû combien mal on a pris ce que j'avois écrit là­dessus dans ma Lettre, quoi que je l'cusse sait avec toute la modestie & le respect que je devois, & que l'importance de la chose pouvoit le souffrir. C'est pourquoi je ne pourrois que m'attendre à voir prendre encore plus mal les ve­ritez qu'il me faudroit dire, pour répondre à cette Lettre de M. Steward. Plût à Dieu, plût à Dieu, dis je encore, que ce qui s'est passé en Angleterre, de­puis le 5. Novembre 1687 au lieu de me confirmer dans mon sentiment m'eût obligé de changer d'avis.

Au moins la Lettre du Sr. Steward découvre évidemment la calomnie de l'Auteur du Parlamentúm Pacificum, puis que ledit Sicur Steward y dit nette­ment que personne ne sçavoit mieux le sentiment de son Altesse Monseigneur le Prince & de S. A. R. Madame la Princesse, touchant l'abolition du Test & des Loix Pénales que S. M. Britannique, & que par conséquent il n'étoit pas nécessaire que je lui écrivisse; d'où il s'ensuit que je n'ai rien dit sur ce su­jet dans ma Lettre du 5. de Novembre 1687. ni rien attribué à leurs A. qui ne soit conforme à leur sentiment; quoi que l'Auteur du Parlamentum Pa­cificum n'ait pas eu honte de m'en accuser.

Je ne sçache point d'avoir jamais ni écrit, ni dit, que j'eusse fait imprimer ma Lettre du 5. Novembre. Aussi n'ai-je pû le faire, puis que je peux protester en bonne conscience de n'en avoir jamais procuré l'impression Le premier Exemplaire imprimé que j'en aye vû étoit en Anglois & venu d'Angleterre. Je dois pourtant avouër que sur la fin du mois de Mars dernier, je consentis, à la persuasion de mes amis, qu'on imprimât cette Lettre en Latin, qui est la Langue en laquelle je l'avois écrite: parce que je voyois que les Traductions Angloises, Françoises & Flamandes, qu'on en avoit imprimées depuis quel­que temps, & qui étoient entre les mains de tout le monde, n'étoient pas en­tiérement conformes à l'Original Latin.

Le Lecteur comprendra facilement le peu de raison que M. Steward a de dire, qu'étant étranger & ne sçachant pas les Loix d'Angleterre, je ne devois pas me mêler des affaires de ce Royaume; vû qu'il m'a entretenu là-dessus [Page 4] prés de trois heures dans ma maison, à la Haye, en presence de son Correspon­dant, me priant de peser bien cette affaire, & de la representer à Son A. Si la chose est si absurde, pourquoi entrer avec moi en une si longue conférence sur ce sujet; & si en qualité d'étranger ou autrement, je ne suis pas capable de ju­ger de cette matiére, pourquoi m'en parler d'une maniére si étenduë? pour­quoi me prier d'y penser sérieusement, & de la faire goûter à Son Altesse? & pourquoi importuner son ami, & l'accuser de ne pas faire ses diligences, pour m'en parler?

Mais rien n'étonnera plus le Lecteur que le peu de sincérité du S. Steward, qui proteste de ne m'avoir jamais écrit, ni demandé, ni même souhaité que je lui écrivisse touchant cette abolition. Il est vrai que comme je ne suis pas as­sez sçavant en Anglois, pour me servir de cette Langue dans une affaire im­portante, sans Interpréte; & que je ne parle pas assez souvent Latin, pour in'expliquer en cette Langue, sans quelque sorte de peine, il ne m'a pas écrit directement, mais qu'il a falu qu'il employât un Correspondant, à qui il a écrit plusieurs fois en Anglois sur ce sujet. Il m'a souvent designé dans ces Let­tres en termes couverts, il m'a nommé une fois ouvertement, & dit même qu'il m'auroit écrit, s'il n'eût jugé plus à propos de se servir de son ami, com­me d'un Interpréte de ce qu'il écrivoit. Il a sollicité plusieurs fois pour avoir ré­ponse, & accusé son ami de ne presser pas assez vivement cette affaire. Il a fait valoir plus d'une fois le nom de Sa Majesté, & s'est servi dans ces Let­tres d'expressions, qui à mon sens, ne peuvent signifier autre chose, sinon qu'il avoit dessein de s'attirer une réponse, qui contint une explication claire & précise du sentiment de leurs Altesses touchant cette abolition. Il paroît en­core qu'il attendoit cette réponse d'un autre que de son ami. Autrement pour­quoi l'auroit-il tant pressé de lui procurer une réponse de son Altesse, appuyée de raisons, s'il ne se fût attendu qu'à une réponse de ce Correspondant. C'est ce que le Lecteur pourra voir par les Extraits des Lettres qu'il a écrites en An­glois à cet ami, qu'on a traduits en François, & fait imprimer dans les deux Langues.

Il faut que j'avouë ici franchement le but que j'ai eu en écrivant cette Let­tre. Comme je fais profession de la Religion Réformée, & que j'écrivois à un ami, qui témoignoit s'intésser beaucoup pour la conservation de cette Re­ligion, je craignis que si je ne répondois rien à tant de pressantes sollicitations, on n'en prit occasion de médire de leurs Altesses, comme si elles ne vouloient pas qu'on mit par écrit leur sentiment touchant cette abolition, aprés l'avoir dit de bouche de la maniére du monde la plus claire & la plus sincére. C'est donc à ces calomnies, à quoi je n'ai pas voulu donner lieu par mon silence.

M. Stevvard n'a pas droit de se plaindre de ce que j'ai fait & que je publie des Extraits des Lettres qui sont entre les mains de son Ami & les miennes, parce qu'il m'a contraint de faire voir à tout le monde avec combien peu d'honnêteté il traite & son Ami & moi, lors qu'il nie dans sa Lettre de m'avoir écrit ni sou­haité de réponse de ma part. Il ne faut pas non plus qu'il dise que ce ne sont que des Extraits, car son Ami est prêt de faire imprimer les Lettres toutes entiéres, lors qu'il le souhaitera. C'est de quoi j'ai crû devoir avertir le Public, pour la défense de mon honneur.

Signé, GASP. FAGEL.

EXTRAIT DES LETTRES ECRITES EN DIVERS TEMPS par le Sieur STEWARD, au Correspondant dont il parle dans sa Lettre, dattée d'Edimbourg le 8. de Mai 1688.

Premiere Lettre du 12. Juillet 1688.

ANd I assure you by all I can find here, the establishment of this equall libertie is his Maties. out­most design. * * ⋆ I wish your people at the Hague doe not mistake too far both his Matie. and the Dissenters, for as I have alreadie told you his Maties. outmost design, and have ground to believe that his Matie wil preserve and observe the true rigth of succession as a thing most sacred, so I must entreat you to remarque, that the offence that some of the Church of England men take at addressing seems to me unaccountable, and his apprehended by the Dissenters to proceed so certain­lie from their former and wonted spi­rit, that they beginn to think themselves in large more hazard from the Church of Englands reexaltation then all the [Page 6] Papists their advantages. And next that the Prince is thought to be abused by some there to a too great mislike of that which can never wrong him, but will in probabilitie in the event be whollie in his own power. * * I ho­pe you will consider and make your best use of these things... I exspect an account of this per first, I mean an answer to this letter, and pray im­prove it to the best advantage.

The 2. Letter without a date.

That it is a thing most certain that his Matie. is resolved to observe the succession to the Crown as a thing most sacred, and is far from all thoughts of altering the same, and that his Matie, is very desirous to have the P. and Ps. of Orange to consent to and concurr with him in establishing libertie. * * So that upon the vvhole it may be feared that, if the Prince continue obstinat in refusing his Matie. he may fall under suspicions of the greatest part of England and of all Scotland, to be too great a favourer of the Church of England and consequen­tlie a person vvhom they have rea­son to dread. * * * * And many think that this complyance in the Prince, migth befurther a wise part, both as to the conciliating of his Matie. grea­ter favour, and the begetting of an understanding betwixt the King and the States; and the Parliament will consent to the rather that they have a Protestant Successor in prospect. * * * I can not on these things make any conclusion, but simplie leave them to your reflection and the best use you please to make of them. * * * I vvil [Page 7] exspect your ansvver per first.

Windsor Julii 18.

The hints I gave you in my tvvo former letters shall novv explain more fuller in this. * * And therefore I heartilie vvish that the P. and Ps. may understand all that you think needfull on this subject, it trou­bles his Matie. to find them so averse from approveing this libertie and con­curring for its establishement. * * So that in truth I can not see vvhy their Hs. should not embrace cheerfullie so faire an opportunitie to gratifie both his Matie. and the farr greater and bet­ter part of the Nation. * * *

Novv upon the vvhole I expect that you vvill make all y have vvritten fullie Knovvn at the Hague speciallie vvith the P. But the main thing I exspect from you is to have your mind vvhether or not his Hignesse may be so disposed as that a vvell chosen informer sent to himselfe might perfect the vvorK, and this ansvver I vvill exspect per first vvherever the P. be you Knovv vvho are to be spoKen to and hovv. . . I again entreat your care and dispatch in this vvith your return.

Londen 29. Julij 1687.

Mine of the 9/19 Jul. vvith my last of the 26. Jul: st. v. vvil I am su­re satisfie you fullie, for therein I have indeed ansvvered all can be objected, and have given you such an accompt of the confirmation of all I have vvritt, from his Matie. himselfe that I must thinK it a fatalitie if your people remain obstinat. . . . And [Page 8] again y assure you, if your people be ob­stinat, it vvil be fatal to the poor Dissen­ters and I fear productive of ills yet un­heard of; and therefor pray consider my letters and let me knovv if there be any place to receive information by a good hand. * * But hovvever let us endeavour good all vve can, and I assure you I have my vvarrant. Haste your ansvver.

Windsor Ag. 5. 1687.

And in a vvord believe me if the P. vvill doe vvhat is desired, it is the best service to the Prote­stants, the highest obligation on his Matie. and the greatest advancement of his ovvn interest that he can thinK on, but if not, then al is contrarie ⋆ * * But pray hast an ansvver,

Windsor Ag. 12, 1687.

I have yours of the 155 instant long looked for you remarque that you have received mine of the 26. Jul: but sayes nothing of that of the 19. vvhich vvas my fullest, and vvhich I assure you vvas vvrit not only vvith permission, but according to his Maties. mind sufficientlie expressed, our re­ligion ought certainlie to be dearer to us then all earthlie concernes, and it is very true vvhat you say that mistakes about its concerns (especiail­lie in such a time) may be of the greatest importance, vvich no doubt should persvvade to a very scrupulous caution, but yet I am satisfied that the simple representing of vvhat vvas vvrote to you (vvich vvas all I requi­red) vvas no such difficult task. * * [Page 9] But to be plain vvith you as my Friend, your return vvas not only long delayed but I observe such a coldnesse in it different from the strain of your for­mer that I think I mistake not vvhen I understand by your Letter more then you expresse. * * I vvish the P. may see or hear this from end to end.

Lond. 22. Ag. 1687.

I have yours of the 16. instant, vvhen I said your last vvas more cool, I meant not as to your affection, but as to your diligence in that affair... For y am persuaded that the establi­shing this libertie by lavv is not only the interest of Protestant Dissenters above all others, but that his Highn: consenting to it, vvould be its secure guarantie both against changes and abuses. . . As you love the quiet of good men and me, leave of compli­ments and ceremonies, and discourse his Highn: of all y have vvritten. . . I am novv hastning to Scotland. . . But may return shortly, for the King is most desireous to gain the Prince, and he vvill be undoubtedlie the best guarantie to us of this libertie, and also tho hinder all your fears about Po­perie.

Newwarck Ag. 26. 1687.

BUt novv I must tell you that thoug I knovv. . . to be my very good Friend, yet he hath not ansvve­red my exspectation, for you see that to 7 of mine he gave me not one vvord of ansvver, although I told him that the substance of them vvas vvritt by the Kings allovvance and a return ex­pected by him. . . . beside the ans­vvers he makes are either generals or compliments, vvhereas my desire vvas that the Prince should konovv things, and that his ansvver vvith his reasons might be understood. . . . . but or my Friend has delayed and scruffed things.

From Schotlandt Sep. 24. 1687.

Y Have yours of the 30. August but have delayed so long to ans­vver because, I had vvritten other Letters to you vvhereof, I yet ex­spect the return. . . . My most hum­ble dutie to my Friend at the Hague.

Edinburg. 8. Octob. 1687.

AS for that more important affair, vvherevvith I have long troubled you, I need add no more, my conscience beares me vvitnesse y have dealt sincerelie for the freedom of the Gospell. . . I had certainlie long ere novv vvritten to Pens. Fagel vvere it not that I judged you vvere a better interpretter of any thing I could say, I knovv his real concern for the Pro­testant Religion, and shall never for­gett his undeserved respects to me, but alas that providence should be so ill understood.

Lond. Nov. 8. 1687.

I Have yours of the 1. Nov. . . . the inclosed from the Lord Pen­sionarie surprise me vvith a testi­monie of his favour and firiendship, and also of his sincere love to the truth, and faire and candid reasoning upon the present subject of libertie beyond vvhat y can expresse: He hath seriou­slie done too much for me; but the more he hath done in complyance vvith my insignificant endeavours, the more doe I judge and esteem his no­ble and zealous concern for Religion and Peace, vvich I am certain could only in this matter be his just motive. . . . I hope you vvill testifie to him my deep sense of his favour, and most serious profession of dutie vvith all di­ligence, untill I be in case to make his L. a direct return. I shevved the Letter to Myl. Melfort, vvho vvas satisfied vvith it.

Lond. 6. Nov. Wich it seems is by a mistak of the date.

I Have your last, but have been so harassed and toiled rhat I have not had time to vvrite to you, much lesse to Myl. Pensionarie, yet since my last I acquainted S. Sunderland vvith his ansvver as the King ordered me, but I see all hope from your side is given quite over, and men are become as cold in it here, as you arr positive there.

Lond. 19. Nov.

BY my last of the 8. instant I gave you notice of my receipt of My lord Pensionaries Letters, and vvhat vvas and is my sense of his extraordinairie kindnesse and con­cern in that affair; since that time I have had the opportunitie to shevv them to the King, and at his com­mand did read to him distinctlie out of the English Copie all the accompt given of their Hignesses mind tou­ching the Penall Statutes and the Tests; and vvithall signified the sum­me of vvhat vvas subjoined, espe­ciallie the respect and deference the­rein expressed to his Majesties Person and Governement, but to my re­gret I find that this ansvver hath been too long delayed, and that novv the King is quite over that matter, being no vvayes satisfied vvith the distinction made of the Tests from the Penal Lavvs, and no lesse po­sitive that his Hignesse is neither to be prevailed upon, nor so much as be further treated vvith in this matter.

FINIS.

EXTRAIT DES LETTRES ECRITES EN DIVERS TEMPS par le Sieur STEWARD, au Correspondant dont il parle dans sa Lettre, dattée d'Edimbourg le 8. de Mai 1688.

Premiere Lettre du 12. Juillet 1688.

ET je vous assure qu'autant que je­puis le découvrir ici, l'établisse­ment de cette juste liberté de con­science est le dernier dessein de Sa Ma­jesté.... Je souhaite que vos gens de la Haye ne se trompent pas sur l'intention de S. M. & des Non-conformistes. Or comme je vous ai déja marqué le dernier dessein de Sa Majesté, & que j'ai raison de croire que Sa Majesté con­servera le vrai droit de la succession, & le regardera comme une chose trés-sacrée, je vous prie de remarquer que le cha­grin, que témoignent des adresses quel­ques Membres de l'Eglise Anglicane; me paroît inexcusable; que les Non-conformistes le regardent comme un effet si assuré de leur génie accoûtumé, qu'ils commencent à penser qu'ils cou­rent beaucoup plus de risque par une­nouvelle [Page 6] élévation de l'Eglise Angli­cane, que par tous les avantages des Papistes. Remarquez ensuite qu'on s'imagine qu'il y a des gens qui trom­pent le Prince, en lui inspirant du dé­goût pour une chose, qui, selon toutes les apparences, dépendra quelque jour entiérement de lui.... J'espére que vous considérerez tout cela, & que vous en ferez bon usage.... J'attens un rapport de cette affaire, je veux dire une ré­ponse à cette Lettre par la premiére po­ste, & je vous prie de la faire réüssir le mieux qu'il se pourra.

II. Lettre sans datte.

C'Est une chose trés-certaine que Sa Majesté est résoluë de regarder la succession à la Couronne comme une chose trés-Sacrée, qu'elle n'a aucune pen­sée de la changer; & que Sa Majesté sou­haite extrémement que le Prince & la Princesse d'Orange consentent & con­courent avec lui à l'établissement de cette liberté...... De sorte qu'on a tout sujet de craindre que si le Prince continuë toûjours à refuser Sa Majesté, la plus grande partie de l'Angleterre & de l'Ecosse ne le soupçonnent d'être un trop grand fauteur de l'Eglisc An­glicane, & par conséquent une Person­ne qu'ils ont raison d'appréhender.... Bien des gens croyent que cette com­plaisance du Prince seroit un moyen as­suré pour s'insinuer plus avant dans les bonnes graces de Sa Majesté, pour con­firmer la bonne intelligence qui est en­tre le Roi & les Etats, & pour porter le Parlement à consentir, avec d'autant plus de facilité, à la liberté de conscien­ce, qu'on l'assureroit de lui donner un Successeur Protestant.... Je ne veux rien conclure de tout cela, je vous en laisse le juge, & vous prie d'en faire le meil­leur usage que vous pourrez. J'attens [Page 7] vôtre réponse par le premier ordinaire.

III. A Windsor le 18. de Juillet.

J'Expliquerai presentement plus au long & d'une maniére plus claire les choses que je vous ai suggérées dans mes deux précédentes Lettres.... C'est pourquoi je souhaite passionnément que vous découvriez [...] P. & Ps. tout ce que vous jugerez nécessaire sur ce sujet; Sa Majesté a du chagrin de les trouver si éloignez d'approuver cette liberté, & de concourir à son établissement..... De sorte qu'à dire le vrai, je ne sçau­rois voir pourquoi leurs Altesses n'em­brassent pas avec joie une si belle occa­sion de faire plaisir à Sa Majesté; & à la plus grande & la meilleure partie de la Nation....

Pour conclusion, je m'attens que vous ferez sçavoir tout ce que je vous ai écrit à la Haye, particuliérement au P. Mais ce que j'espére principalement de vous, c'est de me dire si vous croyez que Son Altesse fût d'humeur qu'on lui envoyât une Personne choisie & bien informée, pour mettre la derniére main à cette af­faire. J'attens vôtre réponse par le pre­mier ordinaire. Vous sçavez où est le P. quand c'est qu'on lui peut parler, & comment... Je vous prie encore un coup d'être soigneux & de vous hâter de me répondre.

IV. A Londres le 29. de Juillet 1687.

JE suis sûr que mes Lettres du 9/19 & du 26. de Juillet, stile vieux, vous auront pleinement satisfait. Car en effet, j'y ai répondu à tout ce qu'on peut objecter, & je vous ai donné de si for­tes raisons pour confirmer tout ce que j'ai écrit de la part de Sa Majesté même, que je m'imagine qu'il y aura de la fata­lité si vos gens demeurent obstinez... Je [Page 8] vous assure encore une fois que si vos gens continuent à s'obstiner, cette opi­niâtreté sera fatale aux pauvres Non­conformistes, & qu'elle produira des maux inoüis. C'est pourquoi je vous prie de faire réflexion sur mes Lettres, & de me marquer, s'il y auroit lieu d'être in­formé de bonne main... Quoi qu'il en soit, faites de vôtre mieux. Je vous promets que j'ai un bon garant. Ne per­dez point de temps à me répondre.

V. A Windsor le 5. d'Août 1687.

EN un mot, croyez-moi; si le P. fait ce qu'on souhaite, c'est le plus grand service qu'il puisse rendre aux Protestans, la plus grande obliga­tion que Sa Majesté lui puisse avoir, & un plus grand avancement de ses pro­pres intérêts, qu'il ne peut s'imaginer: sinon; ce sera tout le contraire.... Hâ­tez-vous, je vous prie, de me faire ré­ponse.

VI. A Windsor le 12. Août 1687.

A Prés avoir long-temps attendu, j'ai enfin reçù vôtre Lettre du 5/15 de ce mois. Vous m'apprenez que vous avez reçû la mienne du 26. de Juillet, mais vous ne me dites rien de celle du 19. qui étoit la plus complette, & dont je vous assure, que je l'avois écrite, non seulement par permission, mais aussi conformément à la pensée de Sa Maje­sté, qui étoit suffisamment exprimée. Nô­tre Religion doit certainement nous être plus chére que tous les intérêts mondains. Ce que vous dites est enco­re fort vrai que les fautes qu'on com­met dans ces sortes de choses, princi­palement en ce temps-ci, sont de la derniére conséquence, & que cela doit porter à y agir avec une précaution, qui aille jusqu'au scrupule. Cela ne m'em­pêche [Page 9] pourtant pas d'être persuadé, que de representer simplement ce que je vous avois écrit, qui étoit tout ce que je demandois, n'étoit pas une chose fort difficile à faire... Mais pour vous parler franchement, comme à un ami, outre que vôtre réponse a demeuré long-temps à venir, j'y remarque tant de froideur, & un stile si différent de celui dont vous aviez accoûtumé de m'écrire, que je crois de ne me point tromper, en y entendant plus que vous n'en dites. Je souhaite que le P. voee, ou entende lire, cette Lettre, d'un bout à l'autre.

VII. A Londres le 22. d'Août. 1687.

J'Ai reçû vôtre Lettre du 16. de ce mois. Lors que j'ai dit qu'il y avoit plus de froideur dans la derniére Lettre que vous m'aviez écrite, que dans les autres, je n'ai pas eu égard à vôtre affection, mais à vôtre diligen­ce dans l'affaire dont il s'agit. . . . Je suis persuadé que l'établissement de cette liberté; par une Loi, est non seule­ment de l'intérêt des Protestans Non­conformistes plus que des autres, mais aussi que Son Altesse y donnant son consentement, sera un sur garant con­tre toutes sortes de changemens & d'a­bus... Puis que vous aimez mon repos & celui des gens de bien, laissez-là les complimens, & dites à son Altesse tout ce que j'ai écrit... Je suis sur mon de­part pour l'Ecosse... Mais je retour­nerai bien-tôt; parce que le Roi sou­haite passionnément de gagner le Prin­ce, qui sera indubitablement le meil­leur garant que nous puissions avoir de cette liberté, & qui en même temps dissipera toutes vos craintes, concer­nant le Papisme.

VIII. A Newwarck le 26. Août 1687.

MAis il faut que je vous dise que quoi que je sçache que... est fort de mes Amis, il n'a pas néan­moins répondu à mon attente; puis que vous voyez qu'il n'a pas fait un mot de réponse à sept de mes Lettres; quoi que je lui eus marqué que la sub­stance de ces Lettres étoit écrite de l'a­veu du Roi, & qu'il en attendoit la ré­ponse... Au lieu de me répondre pré­cisément, il s'est tenu dans des expres­sions générales, ou des complimens; en­core que je l'eusse prié de faire sçavoir l'affaire au Prince, & de me mander sa réponse, & les raisons qu'il en avoit... Mais mon Correspondant a usé de re­mises, ou n'a fait que toucher l'affaire.

IX. D'Ecosse le 24. de Septembre 1687.

I'Ai reçû vôtre Lettre du 30. d'Août, mais j'ai différé jusqu'ici de vous ré­pondre; parce que je vous ai écrit d'autres Lettres ausquelles j'espere en­core que vous me répondrez... Mes baisemains à mon Ami de la Haye.

X. d'Edimbourg le 8. d'Octobre 1687.

SUr l'affaire importante, pour la­quelle je vous ai donné tant de pei­ne, je ne vois pas qu'il soit nécessaire d'y rien ajoûter. Ma conscience me rend témoignage que j'ai agi sincére­ment pour la liberté de l'Evangile... Certes il y a long-temps que j'aurois écrit au P. FAGEL, si je n'avois crû qu'il va­loit mieux que vous fussiez l'Interprete de tout ce que je dirois. Je sçai quel intérêt il prend à la Religion Protestante, & je n'oublierai jamais les égards qu'il a eus pour moi, & que je n'ai pas méritez. Mais hélas, qui l'auroit crû que mes [Page 11] bonnes intentions fussent si mal expli­quées.

XI. A Londres le 8. de Novembre 1687.

J'ai reçû vôtre Lettre du 1 de No­vembre... L'incluse de M. le Pen­sionnaire m'a surpris plus que je ne sçaurois dire, par les témoignages de sa bonté & de son amitié, par son amour sincére pour la verité, & par ses raisonnemens solides & desintéressez sur la liberté dont il s'agit. Certes il a trop fait pour moi: mais plus il a eu de condescendance pour mes efforts im­puissans, plus j'estime l'air noble & le zele avec lequel il porte les intérêts de la Religion & de la Paix, que je m'assu­re être les seuls motifs qui l'ont fait écrire sur ce sujet.... J'espére que vous lui témoignerez au plûtôt le profond ressentiment que j'ai de cette faveur, & l'obligation sincére que je lui en ai, jus­qu'à-ce que je sois en état de l'en re­mercier, par une réponse directe.... J'ai montré la Lettre à Milord Melford qui en étoit satisfait.

XII. A Londres le 6. de Novembre. Il semble qu'il y ait faute dans la datte.

J'Ai reçû vôtre derniére Lettre; mais je suis si las & si fatigué que je n'ai pas eu le temps de vous écrire plus au long, & encore moins à M. le Pensionnaire. Néanmoins, depuis ma derniére Lettre, j'ai fait voir la ré­ponse de M. Fagel au S. Sunderland, selon l'ordre de Sa Majesté. Mais je vois que toute espérance est perduë de vôtre côté, & qu'on est aussi froid ici, qu'on est positif par de-là.

XIII. A Londres le 19. de Novembre.

PAr ma derniére Lettre du 8. de ce mois, je vous marquai que j'avois reçû la Lettre de Monsieur le Pensionnaire; quel étoit & quel est en­core le ressentiment extraordinaire que j'ai de sa condescendance & de la part qu'il a prise en cette affaire. J'ai eu depuis occasion de la montrer au Roi, & je lui ai lû distinctement dans la copie Angloise tout ce qui concernoit le sentiment de leurs Altesses, tou­chant les Loix Pénales & les Tests. Je lui ai fait un abregé du reste; & je n'ai pas oublié, sur tout, de lui parler du respect & de la déférence qu'on y voit pour la Personne de Sa Majesté & pour le Gouvernement. Mais je trouve, à mon grand regret, qu'on a trop tardé à faire réponse, que le Roi abandonne cette affaire, n'étant pas content de la distinction qu'on a faite, entre les Tests & les Loix Pénales; parce qu'il est persuadé que rien ne peut faire changer son Altesse, & qu'elle n'en veut plus entendre parler.

FIN.

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