LA DECLARATION DES Seigneurs & Communes ASSEMBLES EN PARLEMENT, Touchant les ESCRITS DES Commissaires d'ESCOSSE, INTITULES La Response des Commissaires du Royaume d'Escosse aúx deux Maisons du Parlement, sur les Nouvel­les Propositions du Paix, Et les quatre Ordon­nances, qui devoyent estre envoyées a Sa Majesté: COMME AUSSY, Touchant les Procedures desdicts Commissaires en I'Jsle de WIGHT, Mise en François & r'Imprimée pour-ce qu'elle contient plusieurs choses qui concernent l'estat present des Affaires.

A LONDRES Imprimé par THO: FORCET, 1648.

Ce Samedy 14/4: Mars 1648/1647.

Il est ordonne par les Seigneurs & Communes assembles en Parlement, Que cette Declaration soit promptement impri­mee & publiee.

H: Elsinge Cler. Parl. D. Com.

Erra.

PAge 1. lig. 3 lisés indicible. P. 4. l 9. lis avons eu. p. 8. l. 3. lis par Serment. It. l. 4. lis. leur. It. l. 30. lis. pretendte. p. 10. l. 6. lis. on peut. It. l. 27. lis. d'eux, p. 11. l. 29. lis. ce. p. 15, l, 13 lis. differentes 21. l. 18. lis. nous aurons. P. 23. 12. lis. abusé. p. 25. l. 15. lis. indicible. P. 26. l. 8 lis. en cette. It. l. 19. lisés matieres. P. 29. l. lis. arrivè. 29 l 28 lis. cette. P. 34 l. 22. lis. Nation. P. 36. l. 2. lis. appartenantes. It. l. 4. lis. le Clergé. p. 37. l 3 lis sorte. It. l. 20, lis. violence. lis. enseignant. P. 45. l. 31. lis. l'advosier. p. 49. l. 8. lis. iceile P. 65. l. 15. lis. plustost. P. 66. l. 7. lis. qu'il y ait. It. l. 24. l [...]s. son consentement. P. 66, l. 25 & 26. lis. decouvrent. P. 67. l. 22. lis. pour cela. It. l. derniere, lis. les bons Subjects. P. 68. l. 18. lis. de sa poste­rité. P. 69. l. 25. lis. precaution. p. 53. l. 6. lis. des privileges des Parlaments & de la liberté. P. 80. l. 5. lis. ny ne disposions.

LA DECLARATION DES SEIGNEURS ET COMMUNES ASSEMBLéS EN PARLEMENT, TOUCHANT LES ESCRITS DE COMMISSAIRES D'ESCOSSE.

NOus les Seigneurs et Communes du Par­lement d'Angleterre, Considerans serieuse­ment la grande et inducible grace, que Dieu a faict aux deux Royaumes d'An­gleterre et Escosse, de ruiner et leur soub­mettre entierement leurs Ennemis Com­muns; Et remarquans neantmoins la ma­lice indomptable de leurs Esprits, Et qu'estans a present desnués de tout pouvoir d'agir par force ouverte, Ils tas­chent par toutes sortes d'artifices, d'astuces et de subtili­tés de miner la puissance et troubler la Paix des deux Rovaumes; Comme d'un costé nous avons grand sujet d'eslever nos coeurs vers Dieu en actions de grace; Aussy avons nous d'autre part grande raison de reveiller nos penseés, et de nous tenir sur nos gardes, Les ennemis [Page 2] Communs de ces Royaumes ayans maintenant pour des­seing, en les divisant an dedans d'eux mesmes, et l'un con­tre l'autre, de les ruiner tous deux, Et soubs pretexte de satisfaire a tous Interests, d'en poursuivre un seul [asçavoir le leur propre,] qui est d'engloutir tous les autres.

Les Commissaires d'Escosse se sont rendus eux mesme de long temps, ou ont esté faicts par d'autres des instru­ments fort propres pour l'advancement de ce dessein de l'Ennemy Commun, Quand, oublians les fins pour les quelles ils estoyent venus, et le vray Interest de ceux qui les avoyent envoyés, Ils ont faict leur affaire Principale, de s'employer par leur Practicques et Escrits a desgouster les Peuples des deux Royaumes des Procedures du Parle­ment d'Angleterre; Et en mesme temps a les disposer a se joindre au Roy et a son Party sur des termes evidem­ment ruineux aux deux Royaumes, et a la fin pour laquelle ils se sont engagés a cette Guerre. Ce qui nous fait rap­peller en memoire un Passage de leurs Escrits du 28. Iuillet 1645. ou ils disent, Qu'ils avoyent raison, par ce qu'ils avoyent appris du passé, d'apprehender, que cer­taines Personnes ne demeureroyent point en repos, mais agi­royent tous jours sous main, et entreprendroyent de faire une Paix a leur poste et a leurs propres fins, au grand prejudice du Publicq, esloignans de plus en plus le coeur du Roy d'une Paix seure et bien establie, et retardans les intentions des deux Royaumes. Nous souhaitterions, que les apprehen­sions, qu'ils avoyent alors, fondées sur leur experience du passé, les eussent empesché de Practicquer eux mesmes la mesme chose; Car leurs Escrits semblent tendre fort a cela, sur tous ceux qu'ils ont depuis peu presentés aux deux Maisons du Parlement, et qu'ils ont incontinent aprés, [comme c'est leur coustume,] faict imprimer et publier, [Page 3] les intitulans, La Response des Commissaires du Roy­aume d'Escosse aux deux Maisons du Parlement, sur les nouvelles Propositions de Paix, et les quatre Elles s'appellent Bills en la langue Angloise et sig­nifient des Actes du Parle­ment, ausquels le Roy n'a­pas encore consenty. Ordonnances, qui doivent estre envoyées a sa Ma­jestè.

Touchant lesquels Escrits, Nous avons creu estre a propos de faire la presente Declaration pour desabuser les esprits des Peuples des deux Royaumes; qui autre­ment peuvent estre deceus et seduits soubs des faulses representations et aspersions jettées sur le Parlement d'Angleterre et leurs Procedures. Et nous voulons qu'on sçache, Que lors que nous parlons des Commissaires d Escosse, nous n'entendons pas en aucun lieu de cette Declaration le Royaume d'Escosse, Lequel nous nous asseurons, ne voudra pas advoüer ses Commissaires en ces Escrits, en leurs Transactions en l'Isle de Wight, ny en plusieurs autres de leurs Escrits et Procedures, quand il sera bien informé de leurs Actions, & des portements; Mais plustost que ledict Royaume d'Escosse sera tous­jours prest de nous faire droict, et a soymesme. Or nous procederons maintenant a respondre par le menu a leur Escrits.

Les Commissaires d'Escosse disent, Qu'ils ont faict tont leur possible pour l'establissement de la Religion, et d'une heureuse Paix; Et que nous n'avous pas voulu nous joindre avec eux, pour presenter encore au Roy les Propo­sitions qui luy ont esté premierement envoyées a Oxford, et sur lesquelles, on a aprés traitté a Uxbridge. Puis ils nous accusent d'avoir usé de long delays en les change­ant, Et d'avoir en fin faict les plus grands changement es choses, qui concernoyent l'estroicte Ʋnion des Royaumes; [Page 4] Et neantmoins, que, par un ardent desir de Paix, passans par dessus ce qui pourroit faire pour l'interest particulier du Royaume d' Escosse, Ils se sont joincts avec les Mai­sons, pour presenter des Propositions a Sa Majestè a Newcastel, Encores que, comme ils declarerent alors, ils eussent juste Sujet d'estre peu satisfaicts de plusieurs cho­ses contenues en ces Propositions là.

Or quand aux Propositions envoyées a Oxford, Nous avons en grande raison d'y faire quelques changemens en ce qui regarde le Royaume d' Angleterre, dequoy Nous ne sommes pas obligés de rendre compte aux Commissaires d' Escosse, non plus qu'ils ne nous l'ont rendu, et que nous ne l'avons pas attendu d'eux, des chan­gements qu'ils ont faicts, ou pouvoyent faire plus grands es choses qui concernent particulierement le Royaume d' Escosse. Et sur ce qu'ils nous reprochent nos longueurs, quoy qu'ils entreprennent de censurer nos actions, Ils n'ont toutesfois pas leurs seances parmy nous, pour estre tesmoings de nostre diligence, et pouvoir estre juges de nos delays; Bien est il vray qu'ils nous ont souvent esté en empeschement, en singerant en des choses, qui ne les concernoyent ancunement. Et pour ce qui est des Changemens, qu'ils disent avoir esté Prin­cipalement faicts en ce qui concerne l estroicte Ʋnion des Royaumes; Les principaux Changemens es Propositi­ons envoyées a Oxford, qui regardoyent les deux Roy­aumes, estoyent ceux cy; Dans les Propositions en­voyées a Oxford la Milice par mer et par terre, en tous les trois Royaumes d' Angleterre, Escosse et Ire­lande, estoit a la disposition des Commissaires des deux Royaumes d' Angleterre et d'Escosse, Et l'exercice de leurs pouvoirs dans les trois Royaumes y estoit confondu. [Page 5] Dans les Propositions en voyées a Newcastel, le pouvoir de la Milice, tant par mer, que par terre, demeuroit distinct aux Parlemens des deux Royaumes d'Angleterre & d'E­scosse, pour en estre disposè, & pour estre mis en execution selon qu'ils en ordonneroyent de temps en temps, Et ce toutes fois avec un pouvoir exprés de joindre les forces des deux Royaumes pour le bien commun, sur l'advis & reque­ste des deux Royaumes respectivement, & non autrement, estant aussy donné pouvoir a des Commissaires pour la conservation de la Paix des deux Royaumes, d'agn selon le pouvoir exprimé a ce regard es Articles du Grand Trai­cté, & non pas autrement.

Es Propositions en voyées a Oxford, on avoit desiré que la Guerre d'Irelande fust conduicte par l'advis commun des deux Royaumes; En celles qui furent envoyces a New­castel; il estoit dict, Que la Guerre d'Irlande se feroit par les deux Maisons du Parlement d'Angleterre. Es Proposi­tions, que l'on envoya a Oxford, il y en avoit une tou­chant l'Education & Mariage des Enfans du Roy, & des Enfans de ses Heretiers & Successeurs qu'on y pouvoiroit de l'Advis & Consentement des Parlemens des deux Royau­mes, ou es intervales de Parlemens par leurs Commissaires: Et une autre Proposition, Que toute conclusion de Paix, ou de Guerre avec les Princes, ou Estats Estrangers, se feroit par le mesme Advis. Il y avoir aussy une autre Pro­position pour passer un Acte d'Oubliance par les Parlemens des deux Royaumes respecticement: Comme aussy une quatrieme Proposition, Que les Armées seroyent de ban­dées en tel temps, & en telle maniere, qu'il en seroit con­venu par les Parlemens des deux Royaumes, ou par ceux qui seroyent authorisés d'eux pour cet effect.

Ces quatre dernieres Propositions estoyent obmises en [Page 6] celles qui furent envoycées a Newcastel; la derniere estant une dependance de la Milice, & les autres, des matieres, qui les deux Maisons avoyent trouvé bon de prendre en plus grande consideration: De sorte qu'il est tres apparent, que ces Changemens tendent Seulement a prevenir la Confu­sion, qui pourroit arriver du meslange des Droicts parti­culiers de chasque Royaume; Laquelle distinction entre Union & Confusion est le melleur, voire le seul moyen de prevenir une pire Division, & de preserver l'Union Fra­ternelle, que l'on entretient pour des fins communes, sans confondre les Droicts & Interest particuliers.

Quand a ces mots, Passans par dessus ce qui pourroit faire pour l'Interest particulier du Royaume d'Escosse: Nous ne les avons jamais prié de passer par dessus aucune chose de cette nature; Mais s'ils ont entendu, que joüir de quelque Interest dans le Royaume d' Angleterre soit un interest du Royaume d'Escosse, Ils ont cedé ce qu'ils nont jamais eu, et que nous ne leur accorderons jamais, & qu ils ne peuvent aussy demander sans rompre le Convenant.

Et touchant ce qu'ils disent, Qu'ils avoyent juste Sujet d'estre peu satisfaicts de plusieurs choses contenues es Propositions envoyées a Newcastel: Nous declarasmes en mesme temps, qu'ils avoyent grand Sujet d'y trouver leur satisfaction, Et nous n'avions pas moins de cause de croire, qu'ils approuvoyent d'autant plus nos raisons, qu'ils avoy­ent consenty a l'envoy dicelles. Nous n'avons peu encore jusques icy supposer, qu'ils ayent jamais voulu consentir a des choses, qu'ils ont estimé contraires a leur serment de Fidelité, & Convenant, Et nous ne l'aurions pas dict deux: Mais nous ne pouvons, que nous ne cemarquions a present, Que dans ces Escrits ils font quelques unes des choses, auf­quellos ils consentirent alors, estre maintenant contraires [Page 7] au Serment de Fidelité & au Convenant, comme il pa­roist clairement de leurs paroles, qui suivent cy aprés, ou ils disputent contre les Propositions touchant la Miltee & les Tiltres d'Honneur, au squelles choses ils ont cy de: aut consenty: Voicy leurs termes,

Que apres la Religion, ce en quoy nous sommes de jugement different sur les Propositions, c'est touchant l'Interest & le Pouvoir de la Couronne: Nous sommes oblligés par nostre Convenant, serment de Fidelité & Devoir de Subjects; non seulement de ne diminuer en aucune sorte, mais de maintenir le juste prouvoir & la grandeur du Roy: De sorté que la question est, En quoy consiste l'Authorité & le juste Pouvoir, de sa Majesté, Et nous affermons, & sperons qu'on ne le pour­ra nier, que le Pouvoir & l'Authorité du Roy consiste prin­cipalement, a faire & establir des Loix, & a defendre & proteger ses Subjects, ch [...]ses qui sent de l'essence & de l'estre de tous les Roys; Et l'administration de ce Pouvoir fait les principales parties & devoirs de leur Office & Fonction Roy­ale; Et le Sceptre, & l'Espée sont les Marques de ce Pou­voir, Quand a celuy de la Milice, nous desirons & consenti­rons volontiers, qu'il puisse estre estably en sorte, que ny le Roy luy mesme, [...]y aucum autre, ne puisse avoir moyen de troubler, ou enfraindre la Paix que l'on doibt faire: Et nous croyons, que dans son Message du Chasteau de Carisbrook, il a offert assés pour satisfaire a ce regard; Mais nous nous som­mes pas d'advis que le Roy, sa Posterite & la Couronne soyent pout jamais despoüillés de tout pouvoir & droit sur la Milice; Comment pourrent ils resister a leurs Ennemis & aux Enne­mes du Royaume, proteger leurs Subjects, ou entretenir a­mitie ou correspondence avec leurs Aliés? Tous Roys sont obliges par leur Office & parleur serment, qu'ils font a loue Couronnement, de maintenir les Loix & proteger [Page 8] leurs Subjects; Et pourtant ce seroit une chose estran­ge d'exclure de la Couronne pour jamais le pouvoir d'accomplir ce, a quoy les Roys sont obligés par le Serment, Et ce, a quoy les Subjects jurent obeissance par lour Serment de Fi­delité. Pour ce qui est de la dispensation des Tiltros d Hon­neur, nous desirons que le Roy, qui en est la source, ne soit pas privé d'une chose, qui en tous Aages, & en tous Roy­aumes a tousjours esté tenue & estimée une Fleur de la Couronne.

Ce sont la les propres termes des Commissaires d' E­scosse, Et les mesmes termes & Arguments, au moins au mesme effect, desquels le Roy s'est servi a mesme dis­seing dans ses Declarations au commencement de cette Guerre; comme particulierement en sa Declaration in­titulée, La Response de sa Majesté a un Liure im­primé, dict la Remonstrance, ou la Declaration des Seigneurs & Communes assemblés maintenant en Par­lement, du 26. de May 1642. Pour Response a une Declaration, faicte au nom de sa Majesté touchant l'affaire de Hull, ou il dit,

De plus se peut on imaginer, que le Roy soit obligé par Serment de passer des Loix [Et telle est l'Ordonnance de la Milice, qu'ils nous ont apportée,] qui luy ostassent le Pouvoir qui luy a esté confié, pour le mettre en d'autres mains, Et le despouillassent & privassent de tout pou­voir d'accomplir la principale chose parteé par soa Serment, qui est de les proteger, Si nous donnons nostre Pouvoir a d'autres, ou si on nous l'oste, Nous devenons incapable de proteger aucune Personne: Et quelle excuse poúrions nous pretendre devant Dieu, ou devant les Hommes, quand nos bons Subjects, desquels Dieu & les Loix nous ont donné [Page 9] la charge, feront deschirés & pillés, de dire, que nous en avons commis d'autres pour les Proteger, c'est a dire pour s'acquitter en nostre place de ce Devoir, qui reside essentiellement, & inseparablement en nostre propre Per­sonne.

Apres ils disent, Qu'ayant esté accordé entre les deux Royaumes, que les mesmes Propositions seroyent encore presenteés a Sa Majesté a son arriveé a Holdenby, Les deux Maisons l'ayant differé plusieurs mois, ils ont at­tendu leur temps auec Patience, Puis que soudainement Elles ordonnerent un jour peremptoire, auquel les Proposi­tions fussent presenteés a sa Majesté, & donnerent charge a leurs Commissaires, qu'en cas, qu'ils ne se trouvassent pas ce jour la precisément a Hampton Court, Ils presen­tassent eux seuls les Propositions au Roy. Ce qui est con­traire au Traicté faict entre les deux Royaumes.

Quand a ce, quils disent, quils ont attendu nostre temps avec patience, ils devoyent plustost avoir dict avec silence. Car entre la venue du Roy a Holdenby, & le temps qu'on luy presenta les Propositions a Hampton-Court, ils ne firent aucune instance pour l'envoy des Pro­positions au Roy, comme ils avoyent faict auparavant: Mais les deux Maisons, apres que le Roy fut venu a Hol­denby, presserent souvent les Commissaires d'Escosse de se joindre a Elles, pour envoyer les Propositions a sa Ma­jesté, a quoy ils apporterent du retardement, allegans pour raison, qu'ils attendoyent certaine personnes d'Escosse, avant la venüe desquelles, ils ne se pouvoyent joindre a­vec nous. Mesmes ou leur a oüy dire, ou du moins a un d'eux [comme nous en avons esté bien informés.] Qu'ils ne tenoyent pas estre a propos, que les Propositions fus­sent envoyées au Roy, que premierement l'Armée Com­mandée [Page 10] par le Chevalier T. Fairfax ne fust desbandée; Certes alors ils eussent peu amener le Roy a Londres, soit que le Parlement l'eust voulu, ou non, & forcer le Par­lement a traicter Personnellement avec luy, en tels termes & a telles conditions, qu'il eust pleu a sa Majesté & a eux. Out peut voir clairement par là, de qui, & d'ou est venu le retardement en ce temps là. Et touchant ce que les Proposi­tions furent envoyées aprés soudainement. Qui eust pensé qu'aucun temps eust peu estre trop soudain a des gens, qui font telle profession deleur constante diligence & promp­titude; Et qu'ils attendissent seulement le temps des Mai­sons du Parlement, sur tout lors qu'elles estoyent obligeés d'envoyer lesdictes Propositions sans y faire aucun changement? S'il y eust eu une telle clause dans le Traicté, [comme ils pretendent & comme il sera de­claré en son lieu] Qu'il y doibt avoir une Concur­rence de l'advice, & Consentement des deux Nations es choses, qui doivent servir de fondement a la Paix com­mune; On estoit neantmoins convenu de ces Propositions entre les deux Royaumes, & qu'elles seroyent envoyèes, seulement le propre jour qu'elles devoyent estre enuoyées n'estoit pas nommé determinement, Et l'estat de nos affaires en ce temps là ne pouvoit souffrir de delay, com­me aussy nous n'estions pas obligés d'attendre leur com­moditê en une telle circonstance. Et si presenter ou presser l'effect des Propositions desquelles les deux Roy­aumes estoyent d'accord, par l'un deux a part, estoit rompre le Traictè, Pourquoy les Commissaires d'Escosse l'ont ils rompu les premiers, faisans la mesme chose a Newcastel, avant que le Royaume d'Angleterre eust de­claré, qu'il voulust qu'on presentast encore les mesmes [Page 11] Propositions, beaucomp moins qu'on pressast le Roy de les accorder.

Aprés cela ils se prennent aux Maisons du Parlement, disans, Qu'ayans par leur Escrit du 5. Novembre, desiré quil se peust faire un Traicté Personnel avec le Roy icy a Londres; & ce aprés avoir receu les nouvelles Propositi­ons, qui devoyent estre presentées a sa Majesté, Ils insiste­rent par leur Escrit dn 17 Novembre, sur leur premiere demande d'un Traicté Personnel avec sa Majesté, Mais ne recevans aucune Response a l'un ny a l'autre de leurs Escrits; Et estans requis de donner une Response positive sur les nouvelles Propositions le 23. Novembre, ils resolu­rent de demander encore une fois Response a leurs premi­ers Escrits, & requirent aussy d'avoir une Conference a­vec un Committé des deux Maisons sur l'advantage, qui pourroit revenir d'un Traicté Personnel avec sa Ma­jesté, & sur les Changemens faicts es Propositions, afin, que suivant de Traicté du 29. Novembre 1643. [com­me ils disent, a quoy il sera aussy respondu en son lieu] on peust de l'advis & Consentement des deux Nations s'ac­corder promptement sur ses choses, qui doiventestre le fon­dement de la Paix commune. A toutes losquelles cho­ses les Maisons n'ont voulu donner aucune Response, & toutesfois, que ce ne leur estoit pas une petite satisfa­ction d'avoir tenté tous les moyens de faire un bon Accord, Et que le retardement de l'establissement de la Paix des Royaumes ne leur prouvoit estre imputé.

Nous disons, Que nous avions autant de sujet d'estre peu satisfaicts de se qu'ils ne nous donnoyent aucune Re­sponse sur les nouvelles Propositions [comme ils les ap­pellent] que nous leur avions envoyées, mais de ce qu'au lieu de le faire ils insistoyent tous jours sur leurs Es­crits, [Page 12] & a demander un Traicté: Comme ils disent l'avoir esté de nous, de ne leur avoir point rendu de Re­sponse sur la demande d'un Traicté, avant qu'ils nous eussent respondu sur lesdictes Propositions, que nous leur avions envoyées; Cette façon d'agir par Propositi­ons n'ayant jamais este desaprouvée au paravant d'aucun des Royaumes, mais bien celle de Traicter, contre la­quelle les Maisons du Parlement avoyent donné leurs suffrages; Et les deux Royaumes ayans conjoinctement declaré ne pouvoir entendre a un Traicté a Londres, [qui est, ce qu'ils demandoyent] avant que le Roy eust donné aucune Satisfaction, ny Seureté a ses Royaumes; Ce qui pouvoir servir de raison suffisante aux Maisons pour ne consentir point a aucune Conference avec Eux par Committés des deux Maisons sur ce sujet, & beaucoup moins sur les Changemens des Propositions, que nous avions faicts au regard de ce Royaume seulement; enco­res que les Commissaires d'Escosse ne leur-cussent pas auparavant donné cause suffisante de n'accorder que fort rarement telles Conferences, comme ils la leur don­nerent apres la Conference avec les Committés des deux Maisons en la chambre Peincte, ou il se traicta, comme on disposeroit de la Personne du Roy; A la­quelle Conference les Commissaires d'Escosse ayans en­gagé nos Committés de ne faire aucun Raport de se qui s'y estoit passé jusques a ce qu'ils eussent donné leur Response par escrit; avant que nos Committés eussent donné aucune Response aux Maisons, quelques uns d'eux donnerent ordre qu'on imprimast Trois mille Copies de la Harangue que leur Chancelier, avoit faicte en cette Conference, lesquelles, comme l'Imprimeur a confessé devoyent estre publiées le Jeudy 15. d'Octobre, 1646. [Page 13] Si on ne les eust envoyé querrir par Ordre de la Maison des Communes le Mercredy 14. du mesme mois; A­pres lequel temps, & non plustost, ils curent charge des Commissaires Escossois de ne les publier pas jusques a nouvel ordre. Lesquelles Harangues furent puis apres publiées & dictes avoir este imprimées a Edenbourg.

Quand a la Conclusion par la quelle ils finissent leur discours de la matiere du Faict, Que le retardement de l'establissement de la Paix des Royaumes ne leur peut pas estre imputé, faisans reflection du contraire sur les Mai­sons du Parlement.

Les Maisons du Parlement ont si sort advancé la Paix & l'Establissement des affaires en poursuivant la Guerre avec vigueur, qu'ils ont entierement supprimé les forces de l'Ennemy, & par ce moyen là ont mis fin a la Guerre, [comme les Commissaires d'Escosse le recognoissent souvent dans leurs Escrits], Et si cela ne se peut pas appeller une Paix, c'est toutesfois quelque chose que en approche fort, Et qui promettoit fort l'entier Establissement des Royaumes, si les Commis­saires Escossois n'eussent par leurs procedures en l'Isle de Wight, & par ces Escrits, jetté les Peuples dans des apprehensions de Nouveaux troubles; Et pourtant s'ils ont [comme ils disent,] cy devart contribué quel­que chose pour l'Establissement des affaires, Ils ont par ces dernieres Actions beaucoup plus travaillé pour faire retomber les Royaumes en de nouveau desordres, comme tout homme d'esprit le jugera sans doubte, & ces Roy­aumes [si Dieu ne le previent] en pourront sentir les tristes effects.

Apres leur Discours de la matiere du Faict les Com­missaires Escossois distinguent entro certaines choses, [Page 14] qui concernent en propre le Royaume d'Angleterre, ses Droicts, Loix, & Libertés, & autres mattiers, les­quelles, ou de leur propre nature sont communes aux Royaumes, ou par Convenant ou Traicté concernent les deux Royaumes, Et promettent qu'a l'application de cette Distinction, ils ne s'estendront pas au delà de leurs limites, les Conditions expresses de leur Alliance Solennelles & Convenant, le Devoir de leur Fidelité, ny des Traictés & Declarations faictes entre les Royaumes, qui sont de si fortes Obligations, que tous ceux, qui ont aucun sentiment d'Honneur & de Conscience doivent re­cognoistre qu'elles se doivent observer inviolablement.

Nous ne pouvons recevoir au nombre des Conditi­ons expresses du Convenant & du Traitté toutes celles que les Commissaires d'Escosse y mettent. Nous a­vons oüy parler de quelques uns, qui ont faict distincti­on entre les choses Spirituelles & les Temporelles, mais qui toutesfois in ordine ad Spiritualia, se sont appro­priés toutes choses quelconques: Les Commissaires Escossois de la mesme sorte se servent si dextrement du Convenant, du Traicté & du Serment de Fidelité, qu'ils ne laissent presque rien au Royaume d'Angleterre, qu'ils n'y pretendent quelque Interest pour le Royaume d'Escosse: Or nous maintenons que les choses qui peuvent estre estimées les plus communes aux deux Roy­aumes, ne sont pas pourtant tenués d'eux en commun, Et que leurs Interests en cela ne se doivent par exercer en commun, mais distinctement selon les divers Droicts & Coustumes de chasque Royaume respectivement. Et qu'on doibt tendre de mesme, selon les divers rangs & voccations de chascun, & non autrement, aux fins les plus Communes a tous deux, comme il est plus am­plement [Page 15] declaré en nostre Responce aux Escrits des Commissaires d'Escosse du 20: & leur Lettre du 24. d'Octobre 1646. Sur la consideration, comme on dis­poseroit de la Personne du Roy.

Ayans posé & affermy ce fondement de Droict & Justice entre les deux Royaume, nous passons au reste de leur Discours, ou la Logique de leur Methode nous semble un peu estrange, de ce qu'ils entrent premiere­ment en consideration de la Forme que de la Matiere de nostre Adresse au Roy; Veu qu'en toute Raison la Matiere doibt preceder la Forme, & que de la differente nature d'icelle, la Forme de nostre Adresse peut tomber soubs des differences considerations, certaines choses estans de telle nature, qu'elles ne peuvent pas tomber sous un Traicté, & d'autres telles, qu'on en peut Trai­cter. Mais les Commissaires d'Escosse tendent tous­jours constamment a leurs fins, lesquelles n'estans au­tres, que de plaire au Roy, La premiere chose qu'ils ont en leurs pensées & en leur Discours est celle qu'il de­mande avant toute autre, asçavoir; Un Traicté Person­nel a Londres, esperans comme le Roy fait, que s'ils peuvent premierement gaigner ce poinct ils reduiront par ce moyen làles Propositions a tels Termes, qu'il leur plaica, qui est a des Termes qui soyent plausibles au Roy; Toutesfois puis que leurs Principes les ont porté a se ser­vir de cet ordre là nous les suivrons en leur Methode, quoy que nous le le fassions pas en leurs Principes.

Les Commissaires d'Escosse, disent, que c'est leur Iuge­ment & leur Opinion, Que le moyen le plus esgal, le plus honnorable, & le plus juste d'obtenir une Paix asseurée, c'est par un Traicté Personnel avec le Roy, Et qua cette fin Sa Majesté soit priée de venir a Londres en tout Hon­neur, [Page 16] Literte & Scureté. Sur quoy iis offrent de don­ner plusieurs Raisons. Mais il faut premierement re­marquer, que comme l'affaire est maintenant proposee, quoy qu'ils n'en fassent mention dans leur Position, tou­tesfois il est supposé, Que ce Traicté se devoit faire sur Toutes les Propositions; Car celles qui sont les plus es­sentielles pour leur seureté, ayant esté presentées au Roy par les Maisons en quatre Ordonnances, s'il y eust donné son consentement, Elles vouloyent bien ad­mettre un Traicté sur le reste, Et pas une des Raisons des Commissaires d'Escosse ne conclud a un Traicté sur le tout; non plus qu'elles ne concluent pas qu'il se fasse necessairement a Londres, Et aucune d'icelles ne couclud pas plus contre l'envoy des Propositions, & pour un Traicté, a present, que lors que les Proposition fu­rent envoyées a Newcastel, ou quand on fut a pres tombé d'accord entre les deux Royaumes, qu'elles seroyent en­voyées au Roy a Holdenby.

Mais maintenant nous examinerons plus particuliere­ment leurs Raisons particulieres.

A la premiere: Sur ce qu'ils disent, Que l'envoy des Propositions sans Traicter a souvent e­sté essayé sans succés, Et que les Nouvelles Pro­positions sont moins a l'advantage de la Couronne, que les precedantes, Et pourtant que nous n'avons pas raison d'attendre plus de satisfaction par ce moyen là, que nous n'en avons eu apparavant.

Nous leur demandons, Quelle raison avons nous d'attendre plus de satisfaction d'un Traicté, que nous n'en avons receu auparavant en cela a Ʋxbridge, ou [Page 17] au Traicté Personel d'Oxford, si nous ne sommes re­solus au prealable d'abandonner par un traicté tout ce pourquoy nous avons combattu & de nous laisser oster par un traicté, ce qu'on ne nous a peu faire perdre par la force de Armes: Ou du moins, que pouvons nous at­tendre d'un Traicté, sinon que soubs pretexte de satis­faire a tòus Interests, un Interest soit opposé a l'autre pour nous diviser, Et que par ce moyen là, [n'ayans auparavant posé aucun fondement de Seureté] Le Roy puisse establir son propre Interest par dessus tous les autres. Si le succés & l'advantage de la Couron­ne selon l'opinion du Roy doibt estre la reigle de nos Resolutions, Et si là dessus lés moyens & les conditions de nostre Paix nous doivent estre prescrites, ce sera un aussy puissant Sujet aprés [& peut estre cela devoit estre le premier pas en suitte] de nous faire aussy bien departir de la matiere, comme de la forme de nos Propositions, Le Roy ayant si souvent & si peremptoi­rement declaré sa Repugnance aux poincts les plus es­sentiels d'icelles, & les reputant si prejudiciables a sa Couronne & a sa Dignité. Si nous ne pouvons obtenir la paix que sur ces termes asçavoir la Volonté du Roy & l'advantage de la Couronne au jugement du Roy; En ce cas là nous n'avions pas besoing de faire aucune Guerre, Ce qui auroit esté une resolution d'aurant plus Chrestienne, & auroit prevenu l'effusion de beau­coup de sang, duquel, si nous allons sur tels Principes, que ceux lá, nous attirons necessairement tout le crime sur nous mesmes; Et de plus, s'il y avoit aucune chose en ces Propositions que le Roy & son Party puissent concevoir estre moins a l'Advantage de la Couronne, [Page 18] Il faut qu'elle se trouve dans le reste desdictes Proposi­tions, & non pas dans les quatre Ordonnances, Car elles estoyent les mesmes qu'auparavant [si on en ex­cepte seulement la Loy Declaratoire touchantAdjourner le Parlement sig­fie en la langue Angloise le re­mottre a un au­sre temps ou a un autre lieu. l'Ad­journement du Parlement] Tellement, que ces Pro­positions la'estans soubmises a un Traicté, il eust esté plus seant, que cela fust venu du Roy, ou de ses Commis­saires, de l'avoir allegué en traictant, que de la part des Commissaires d'Escosse, qui s'en servent comme d'un Ar­gument pour un Traicté.

A la seconde Raison, ou ils argumentent ainsy, Que l'es loygnement du Roy de son Parlement est recognu des Maisons en diverses Declarations estre la principale cause de la Guerre, des Mal­heurs, & Calamités des Royaumes, Et que par consequent la presence de sa Majesté avec le Par­lement doibt estre le meilleur, si-non le seul remede pour dissiper nos troubles.

Nous disons. Que les Commissaires Escossois, se mespren­nent, s'ils pensent que la presence du Roy avec le Parle­ment infere necessairement sa presence a Londres, ce que Luy & eux desirent si sort, a fin qu'ils puissent avoir l'oc­casion de Cajoler les Bourgeois. Si sa presence avec le Parlement estoit necessaire, il n'est toutesfois pas neces­saire que le Parlement soit a Londres, Et ils ne se mes­prennent pas moins es Declarations du Parlement, s'ils croyent, que ce soit l'absence Locale du Roy de son Par­lement, qui y est dicte estre la principale cause de la Guerre, des Malheurs & Calamités des Royaumes au­trement, qu'au regard de son essoignement d'eux quand a [Page 19] ses Affections, & de son opposition a leurs Conseils, Et de ses efforts pour les destruire, Certes sa Presence avec son Parlement avec des affections & Intentions contraires a celles la, y eust peu pour la mesme rai­son estre le meilleur remede pour dissiper nos troubles; Mais son tetour a son Parlement avec les mesmes Af­fections & Intentions, c'est a dire, de miner & ruiner le pouvoir de son Parlement & de renouveller la Guerre contre Eux, peut servir de raison suffisante pour l'en te­nir esloigné, comme auparavant son absence du Parle­ment a dessein de le ruiner & commencer la Guerre contre Eux donnoit alors sujet de desirer sa Presence. Tels Arguments tirés des Contraires Consequences des Contraires sont fort fallacieux par tout, ou les Con­traires ne sont pas semblables en toutes leurs Circon­stances au regard de leurs Consequences: Ce seroit mal Argumenter, de dire qu'a cause, que c'estoit pour nostre bien que l'Armée Escossoise est venue en Angleterre quand nous les y avons appellés & avions besoin d'Eux, qu'ils en sont sorty a nostre domage quand nous les en avons prié & n'avions plus besoin d'eux. Tels Sophismes que ceux cy sont plus convenables dans les Escholes, que dans un Senat.

A leur troisieme Raison, Que sans un Trai­té, ou bailler des Raisons pour justifier le suject qu'on a, de trouver expedient de faire presenter des Propositions au Roy, on les peut estimer des Jmpo­sitions.

Nous disons que les Committés des Estats d'Escosse & le Chancelier de ce Royaume lá donnerent a Newca­stel en leur nom des Raisons en faveur des Propositions. [Page 20] Et qu'ont ils obtenu par là, ou quelles Raisons ont ils trouvées de puis, qu'ils jugent plus fortes, que celles, qui furent pressées alors par leur Chancelier, en la Harangue qu'il fit au Roy a Newcastel; en laquelle entre autres choses il dit, Les Amis de vostre Majesté & les Com­missaires d'Escosse [apres tous leurs debats & contestati­ons] ont esté contraincts de consentir a l'envoy de ces Pro­positions là, ou auroyent attiré la haine d'un chasun sur eux pour avoir empesché la Paix, & qu'on n'envoyast aucu­nes Propositions. Et a present, Sire, si Ʋostre Majesté [ce quia Dieu ne plaise] refuse d'accorder ces Propositions, Vous perdrés tous vos Amis, la Ʋille de Londres & tou­tes les Provinces, Et toute l'Angleterre s'unira entiere­ment contre vous, Et [quand toutes esperances de recon­ciliation seront perdues,] il est a craindre qu'ils ne fas­sent vostre procés & vous deposent, & establissent une autre forme de Gouvernement; Ils nous presseront de liurer Vo­stre Majesté en leurs mains de leur rendre les Garnisons du Nord, & de retirer nostre Armée d'Angleterre; Et si Vostre Maiesté refuse les Pro­positions, les deux Royaumes seront contraincts [pour leur seureté com­mune] destablir la Religion & la Paix sans Vous;

Ce qui [a nostre indicible, regret] sera la ruine de Vostre Majestè & de vostre Posterité: Et si vostre Ma­jesté rejette nostre fidele Conseil [de nous, qui ne de­sirons rien plus au Monde que l'affermissement du Throsne de Vostre Majesté] & perd l'Angletetre par son opiniastré, Nous ne vous permettrons pas de venir ruiner l'Escosse. [Page 21] Quelle Raison apres toute autre pouvons nous avoir plus forte pout nous, que le jugement des deux Maisons du Parlement, estans la Representation de tout le Royaume? Ou quoy? si le Roy ne se veut contenter de toutes les Raisons qu'elles luy peuvent donner. Les Propositions, [si on y insiste,] ne seront elles pas tous-jours des Im­positions? Voire mesmes si toures les Forces ne sont des­bandées toutes ses Garnisons & Sa Flotte, [comme il les appelle,] mises en ses mains, & si l'on ne met encore les Armes es mains de ceux qu'il tient pour ses Amis, & s'ils ne sont admis au Parlement & aux Charges de consequence aussy bien que les autres, le Roy n'e­stimera-il pas toutes Propositions pour Impositions? Et si la voye de la Raison & de la Persuasion est le seul moyen esgal, honorable & juste pour obtenir une Paix bien establie (comme ils parlent) il n'y a point de doubte que toutes nos Propositions jusques icy n'ayent esté des Impositions & uous aurons tenu jusques a present un fort Mauvais chemin, a quoy nous devions avoir pensé, avant que de nous engager & les Royaumes a de si grandes De­spenses, & a l'effusion de tant de Sang, qui auront esté employès non seulement inutilement, mais aussy sort in­justement, si nous n'avons d'autres moyen de nous en ju­stifier que par la Persuasion, & si toutes chose deman­dèes, ou obtenues par d'autres voyes ne sont que des Im­positions. Qui ne voit pas que ces Principes ne nous rendent pas seulement coulpables de tout le Sang, qui a esté respandu en cette Guerre, mais arrachent les fon­dements de toute esperance de jamais faire avec le Roy une Paix, qui soit juste & seure, veu que nous ne la pouvons obtenir justement, qu'a ses Termes, qu'aucun homme de sens ne pourra croire devoir estre autres, que [Page 22] cèux qui tendent apparemment a la destruction des Per­sonnes qui se sont engagés en cette Guerre & a nous priver des fins pour lesquelles les deux Royaumes l'ont entreprise.

A leur quatrieme & sixieme Raisons, Que le Roy peut avoir quelques justes Demandes a Pro­poser pour la Couronne & pour Luy mesme, Et que toutes choses contenues es Propositiones ne peuvent pas estre de telle importance, que si elles sont refu­sées cela doive empescher la Paix.

Nous disons que les choses les plus essentielles a no­stre Seureté estans accordées parle Roy en consentant aux quatre Ordonnances qui luy ont esté envoyées a cette fin, Nous n'avons pas refusé de Traicter sur le reste, & par ce moyen de prendre en consideration les choses, dont on eut peu dispenser dans les Propositions, comme aussy les Demandes du Roy. Mais il ny avoit point d'­apparence que selon la Raison, ny par le Convenant elles deussent aller devant, mais plustost suivre l'establisse­ment de nostre Religion & de nos Libertés.

Quand a leur cinquieme Raison par laquelle ils concluent, Qu'un Traicté Personnel est le meil­leur moyen de faire renaistre une Confiance mutuelle entre le Roy & son Parlement.

Nous respondons que la Confiance sans une Asseurance suffisante est tous-jours dangereuse & se termine ordinai­rement en une plus grande defiance, s'il n'arrive plu­stost que le party qui se confie trop soit supplanté & en [Page 23] suitte englouty dans un desespoir. Les Asseurances que le Roy pouvoit prendre & attendre du Parlement estans re­eles, & toutes celles qu'il pourroit accorder aux deux Mai­sons par dessus celles qu'elles peuvent prendre d'elles mes­mes, n'estans gueres plus que verbales, sinon en imagina­tion, Elles ont raison de demander des paroles aussy effe­ctives que belles; Et d'amener le Roy a Londres pour y Traicter Personnellement avec son Parlement, avant que les Principaux poincts, dont ils sont en question & diffe­rent soyent accordés & asseurés, cela ne pourroit servir a autre chose, qu'a fomenter & accroistre cette folle & trop confidente humeur d'un Peuple seduict & abuse, qui le transporre desja par trop, auparavant qu'il ait fondé sa Seureté, dequoy il pourroit cy apres & sa Posterité avoir tout loisir de se repentir & lamenter, quand il seroit trop tard pour y remedier.

Quand a l'Objection qu'ils remarquent estre commune, & advouent avoir esté autresfois, la leur propre aussy bien que celle du Parlement, Quo la presence du Roy peut engendrer de la Division, & estre cause de la conti­nuation de nos troubles, Et que lors que le Roy a desiré de venir d'Oxford, a Londres avec Liberté & Seureté, on ne l'a pas trouvé a propos, Et que les Maisons & les Com­missaires d'Escosse l'ont refusé.

Quoy qu'ils s'efforcent d'eluder cette Odjection par la difference des Temps & de l'estat des Affaires, ils ne veulent pourtant pas accorder la mesme liberté aux Mai­sons du Parlement, pour Respondre a ce qu'ils alleguent en la Clause qui suit immediatement, tirée de leur De­claration du 11 Septembre 1642, encores qu'en ce lieu lá la difference des Temps & la condition des Affaires soit tres reele & manifeste, Et qu'au contraire ce ne soit [Page 24] icy qu'une pure evasion, comme il est clairement monstré dans nostre susdicte Response aux Escrits des Commis­saires d'Escosse du 20 & a leur Lettre du 24 Octobre 1646, ou il s'agit de disposer de la Personne du Roy Et auquel lieu, quoy que nous ayons pleinement re­spondu a cette evasion de laquelle ils se servent, [qui est la mesme dont ils avoyent usé auparavant,] & a leur Argument aussy tyré de nostre mesme Declaration du 11. Septembre 1642, toutesfois ils ne remarguent ny l'un ny l'autre; Mais puis qu'ils sont tant de cas de leur Response & de leur Argument, nous n'avous pas moins de raison de faire estat de la Replicque & de la Respon­se qui y a esté faicte, laquelle estant suffisante, & clai­re sur le Point dont il s'agit, nous nous contenterons de la raporter icy en ces mots.

Et sur ce que vos Seigneuries trouvent de la diffe­rence aux Temps aus-quels les deux Royaumes envoyérent au Roy leur Response a ses Letters du 26, & 29, De­cembre dernier par les quelles il desiroit de venir icy, pour ce qu'il avoit alors des Garnisons, & des Forces en Campaigne, qui n'estoyent pas reduittes soubs nostre pou­voir, Nous prions vos Seigneuries de se ressouvenir, Qu'­encores que ces choses d'avoir des Garnisons & des For­ces fussent mentionnées en la Lettre, neantmoins le suiet principal sur lequel on insistoit estoit exprimé en ces mots, Nous jugeons Que jusques a ce que vous ayes donné satisfaction & Asseu­rance a vos deux Royaumes Vostre Majesté ne peut pas convenablement [Page 25] venir icy & que nous n'y Pouvons pas consentir.

Ce qui apparoist davantage en une autre Lettre en­voyée de la part du Parlement, & de vos Segneuries au mois de Mars dernier pour Response a une Lettre du Roy du vingt troisieme du mesme mois, ou les mesmes mots de SATISFACTION & ASSEVRANCE sont encore expressement repetés, Et le Roy n'a rien faict depuis ce temps là qui ait en la moindre sorte donné satisfaction, ou Asseurance a ce Royaume. Mais toutes­fois vos Segneuries sçavent bien Que le Roy quand il a envoyé sa derniere Lettre n'avoit ny Forces en Campagne, ni Garnisons, qui ne fussent blocquées, Et il a autant de Forces a present que vous faictes ces demandes pour luy, qu'il avoit quand a vostre indecible regret [comme vous dites en vos Escrits,] il fit lors la mesme Demande pour luy mesme en son Refus de consentir aux Propositions, qui luy estoyent envoyées de la part des deux Royaumes. Vos Seigneuries alleguent nostre Response au Message de sae Majesté de l' 11. Septembre, 1642. A quoy nous n'avons pas besoing de rien adjouster. Il y a une tres grande diffe­rence entre ce qui se doibt faire pour estouffer en sa nais­sance une Guerre que l'Ennemy Commun avoit commen­cée en esloignant le Roy de nous, Et ce qui se doibt faire apres; quand elle est terminée pour affeurer la Paix.

Nous ne pouvons aussy que nous ne remarquions, Qu'encores que non seulement l'Assemblée de l'Eglise d'Escosse en une Declaration envoyée au Roy, l'accuse d'estre coulpable de l'effusion du sang de plusieurs milliers de ses meilleurs Subjects: Mais aussy ces mesmes Com­missaires joincts aux Maisons du Parlement en leur [Page 26] Response du 18. Ianvier aux Lettres du Roy du 26, & 29 Decembre, 1646. entre autres choses font celle cy leur premiere & principale raison, de ce qu'ils ne pou­voyent consentir a la venue du Roy a Londres & a un Traicté Personnel, qu'il demandoit, Jusques a ce qu'il eust au prealable donné satisfaction, & Asseurance aux deux Royaumes, a cause que tant de sang innocent de ses bons Subjects avoit esté respandu eu cette Guerre par son Commandement & en vertu de ses Commissions, qui sont leurs propres termes, Toutesfois a present avant qu'il ait faict aucune Satisfaction, tant pour l'effusion de ce sang, que sur les autres choses, pour lesquelles tant de sang a esté respandu, Ils demandent instamment qu'il soit invité de venir a Londres avec Honneur, Liberté & Seureté pour Traicter là, si nous obtiendrons toutes ou quelqu'unes de ces choses, pour le recouvrement des­quelles nous avous combattu, & qui ont cousté tant de Sang.

Apres la maniere & la forme de nostre Adresse, & Application au Roy, suivans la Methode des Com­missaires d'Escosse nous passerons a la matiere, la­quelle ils divisent en trois Chefs: a sçavoir la Religi­on, L'interest de la Courone, Et l'Ʋnion des deux Roy­aumes, & ce qui les concerne conjointement: Qui est une mauvaise Division, si le dernier membre n'est pas di­stingué des deux premiers, Et si il l'est, ou leur Divisi­on au commencement de leur Escrit entre les choses, qui concernent les Royaumes en commun, & en particulier a esté fort mal faicte, ou ils n'ont pas tenu promesse de ne s'estendre pas au delà de leurs limites'; Pourquoy ne laissent ils pas le soing de la Religion, entant qu'elle con­cerne ce Royaume a part & distinctement, a la con­duitte [Page 27] des Maisons du Parlement; Et pourquoy ne lais­sent ils pas au Roy ou a ses Commissaires CET Inte­rest de la Conronne, qui n'est pour le bien de l'un ny de l'autre Royaume, mais tend a leur Ruine, & a les ren­dre Esclaves? Mais puis qu'il nous les faut suivre en leurs digressions, nous commencerons comme ils font, par les Plaintes qu'ils font de nous sur les choses qui concernent la Religion.

Sur la Premiére, Que la Religion qui doibt tenir la Premiere place, estant [comme ils disent] le Primum quaerite, & l'Unum necessarium, est mis au dernier rang des Nouvelles Propositions.

Nous leur disons que le Precieux Evangile & la Foy en Iesus Christ est en effect cette Perle & ce Primum quaerite & l'Ʋnum necessarium, duquel l'Escriture parle, & pour lequel elle demande de droict la premiere place & la plus honnorable, dans les pensées, paroles & reso­lutions de tous bons Chrestiens; Mais il ne s'ensuit pas de là, que ces Conseils Evangeliques se doivent ap­pliquer a toutes les choses que les Commissaires d'Es­cosse appelleront Religion, Et ce qu'ils appellent icy Re­ligion, d'ou ils prennent sujet de se scandalizer si fort, de ce qu'ils la trouvent placée entre les dernieres des Nouvelles Propositions, ce n'est rien autre chose [com­me il peut apparoir du rapport, qu'elle à a cette Proposi­tion là] que l'establissement du Presbytere, faict par authorité de la Loy, Et tant s'en faut que ce soit le Primum quaerité & l'Ʋnum necessarium, duquel il est parlé en l'Escriture que nous n'avons encore peu trou­ver qu'il soit faict necessaire par aucun Droict Divin. La Religion elle mesme prise en sa vraye signification, quoy qu'elle soit la premiere en nostre Intention, peut [Page 28] neantmoins estre la derniere en l'Execution, estant pre­mierement necessaire d'affermir le fondement de nostre Seureté, a fin que par ce moyen nous puissions en suitte parvenir a une fin plus esloignée & plus noble, que nous preferons a la Seureré mesme. Ainsi le Maistre dun Navire, s'il y remarque quelque fente & ouverture, quitte­ra tout autre soing & s'appliquera avant toute autre affaire a la boucher, Encores qu'il y ait dans son Vaisseau des Personnes & Marchandises beaucoup plus precieuses & de bien plus grande valeur que sondict Vaisseau, la repara­tion duquel est la premiere chose, qui sé doibt faire & la plus necessaire, voire est absoluement requise pour la conservation de ce qui est dedans, quoy que [comme nous avous dict] ce soyent des choses beaucop plus precieuses & plus considerables, que le Navire mesme. C'est là lordre que nous avous suivy en envoyant au Roy ces quatre Ordonnances, & desirant de luy qu'elles fus­sent passées & accordées avant toutes autres choses. pour puis apres venir a un Traicté, tant sur les malieres de Religion, que les autres: Mais les Commissaires d'Es­cosse, comme s'ils avoient plus d'esgard aux formalités & a l'ordre des choses, qu'aux choses mesmes, semblent plustost approuver le Message du Roy de son Chasteau de Carisbrook, a cause qu'il y a donné le premier lieu a ce qu'ils appellent Religion, quoy que la premiere, chose par ou il a commencé foit un Refus peremptoire de ce qu'ils y estiment de plus Religieux [a sçavoir] l'A­bolition des Archevesques, Evesques, &c. que ce que le Parlement a faicten demandant la mesme abolition, pour ne luy avoir pas donné le premier lieu dans leurs Escrits, ce qui s'est veritablement faict fortuitement & fans aucun dessein; Car s'estant rencontré en cette Pro­position [Page 29] là plus de difficulté que dans les autres, & y estant requis plus de temps pour en Debattre & con­sulter, il est arrive qu'on a esté plus long temps a la des­pescher que les autres, Et ainsi elle a pour cette rai­son eu son ordre selon le temps qu'elle a esté finie. Et pourtant cette Reproche de l'avoir mal placée est plustost une Chicanerie qu'ancun juste sujet qu'on ait de s'imaginer qu'il y ait eu en cela aucun erreur ou faute de ceux, qui ont eu charge de revoir les Propositions, beaucoup moins de penser que les Maisons du Parla­ment se soyent refroidies de leur premier zele.

Pour Respondre a la Plainte qu'il font en suitte, qu' on a obmis l' Alliance Solennelle & le Convenant dans les dernieres Propositions, Comme ill a esté necessaire cy de­vant demonstrer ce que les Commissaires d'Escesse enten­doient par la Religion, Aussy est il maintenant a propos de remarquer en premier lieu ce qu'ils entendent, quand ilt disent, qu'on a obmis l'Alliance Solennelle & le Cō ­venant; ce qui estant bien remarqué on descouvrira clai­rement par tout leur Fallace prise du Convenant, par la­quelle les esprits de plusieurs, qui ont des bonnes intenti­ons & sont zelés pour l'observation du Convenant, qu'ils ont juré, peuvent estre deceus & abusés, comme si les deux Maisons avoyent desseing de renouncer a leur Con­venant & de faulser leur foy si solennellement jurée a Dieu & aux Hommes, choses qu'elles detestent, & des­quelles la seule pensée leur est en abomination. Que donques ce qui est entendu icy par cetté obmission du Convenant cest d'avoir obmis cette Proposition par la­quelle il estoit dicit, Que le Roy jureroit luy mesme le Convenant, & consentiroit a un Acte de Parlement pour contraindre tous les Subjects des Trois Royaumes de le ju­rer [Page 30] dans les deux Royaumes soubs telles peines qu'il seroit convenu d'un commun advis desdicts deux Royaumes. Tel­lement que, par l'obmission du Convenant, on n'entend pas l'obmission des choses, qui y son contenues, ausquel­les on a pourveu dans les Propositions, mais scule­ment l'obmission de cette Proposition susmentionnée touchant le Convenant, ou la conjonction d'un Royaume avec l'autre pour resouldre quelles peines seront impo­sées sur l'autre Royaume, tend a la confusion de leurs Jurisdictions particulieres en leur pouvoir Legislat if re­spectivement. Nous avons aussy a present moms de rai­son de commander soubs aucunes peines, qu'il soit juré de toutes personnes avant qu'on l'ait esclaircy de tant d'estranges interpretations, qu'on luy a donnée depuis peu, Et personne n'en a donné des plus estranges que les Au­theurs de ces Escrits, au regard de l'interest de la Cau­se du Roy & pour confondre les interests des Roy­aumes respectivement, par lequel moyen ils ont jetté des pierres d'achoppement devant plusieurs Personnes, qui avoyent de saines intentions & qui sont & ont tous-jours esté fort fideles en cette Cause de la Religion & de la Liberté: De sorté que toute la Rethorique dont on s'est servy en cela pour abuser les esprits des Peuples bi­en affectionnés & pour fomenter les mauvaises opinions qu'on leur a données des actions du Parlement eut esté beaucoup mieux employée ailleurs; Car accordant [com­me ils disent] que le Convenant est le vo [...] le plus solen­nel qu'aucune Creature sur la Terre puisse faire a Dieu an Ciel & le plus grand lien entre les Hommes en ce Monde, qui est ce qui en offre un seul poinct en sacrifice, ou l'en sevelit dans les cendres d'Oubliance, [a fin que nous nous servious de leurs expressions] sinon ceux qui croyent ne pouvoir de­meurer [Page 31] dans les termes de leur Eidelité & Loyanté fans sacrifier a la volonté & au bon plaisir du Roy tout ce pourquoy ils ont jusques icy combattu voire ce qu'ils font le principal suject pour lequol ils ont combattu a sçavoir [LE CONVENANT] & ce quils pre­nent si fort a coeur & qu'ils trouvent si estrange qu'il ait esté obmis dans les Propositions; Et touresfois si le Roy l'obmet en ses octroys, ce n'est alors [comme ils l'appellent] que ne condescendere point a tous nos. Desirs a cause dequoy il ne faut pas refuser au Roy les siens, mais il doibt nonobstant estre receu en tout Honneur, Secreté & Lëberté, & n'y doibt pas estre con­strainct par Armes, encores qu'on ait jugé cy devant que c'estoit un sujet, suffisant de prondre les Armes, & de combattre contre luy; Enigme estrange, si ce qui s'est fait & juré auparauant, & a esté seelé de sang ne doibt pas esine maintenant de la sorte couvert soubs les Cendres d'Ou­bliance, Et lors qu'il sera aussy requis avec instance qu'un Acte d'Oubliance [appellé le lien de Paix] soit sans aucune precaution ou Limitation passé dans les deux Royaumes par lequel les Delinquents seront remis en mes­me estat & Condition que ceux qui ont esté engages contre eux en cette Cause [ce que nous devrons aussy croire estre faict en vertu du quatrieme Article du Con­venant, qui portè expressement, que tous les Delin­quens seront punis] Et ce a l'exemple du Comte de Tra­quaire, qui a esté cy devant mis pas les Commissai­res d'Escosse tout le premier en la liste des Delinquens de cette Nation là, qu'ils requeroyent estre exceptés de tout pardon, mais qui non obstant cela a esté dernie­rement employé, comme un instrument special a Ne­gocier avec le Roy dans l'Isle de Wight; D'ou nous [Page 32] pouvons aisement prevoir a quelle fin nous aurons vain cu nos Ennemis, qui est afin, que les premiers & les plus dangereux d'entre eux soyent establis sur nous com­me nos Maistres, & pour estre les Conservateurs de no­stre Religion & de nos Libertés, quoy qu'ils ayent faict tous leurs plus grands efforts pour ruiner l'une & l'au­tre. Est-ce là le moyen d'accomplir nostre Convenant, Et d'obtenir par la [comme ils disent] la Preservation & Reformation de la Religion. le vray Honneur, & Bon­heur du Roy, la Paix & Seureté des Trois Royaumes & la defence & protection des Loix & de la Liberté pub­lique de ces Royaumes? Est-ce là le moyen d'executer ce que les deux Royaumes ont aresté contre les Delin­quens en leur Declaration du 8. Ianvier, 1643?

Et quand a cette Clause du Convenant quottée au large par les Autheurs de ces Escrits, a sçavoir, Qu'ils ne souffrirent jamais qu'ils soyent directement, ou indirecte­ment separés ny destournés par aucune Combination, Per­suasion, ou terreur que-ce soit de cette heureuse Ʋnion & Conjonction, pour faire aucune Defection vers le party contraire, ou s'abandonner a une detestable Indifference ou Neutralité en cette Cause, qui concerne si fort le Gloire de Dieu, le bien des Royaumes, & l'honneur du Roy, Mait qu'au contraire ils y persisteront toute leur vie avec zelo & constance contre toute opposition & l'advanceront selon leur pouvoir contra tous obstacles & empeschements quel­conques, Et qu'ils feront tout cela comme en la presence de Dieu, Personne n'est plus obligé a y penser sericu­sement, que ceux là mesme qui citent cette Clause, Et s'ils veulent comparer ces protestations avec leurs propres Actions & Escrits, Ils n'ont pas besoing de demander a d'autres qu'a leurs propres Consciences si le Conve­nant [Page 33] est desja hors de date, non seulement pour ceux, qui l'ont juré mais mesmes pour ceux là qui l'ont formé & projecté.

Quelle Cause plaident ils par tout en ces Escrits, & plusieurs autres de cy devant, sinon celle du Roy & de son Party? Qui sont ceux qu'on peut avec plus de sujet soubçonner de FAIRE DEFECTION VERS LE PARTI CONTRAIRE? Seront ce ceux, qui ont faict les Nouvelles Propositions, [comme ils les appellent] ou ceux, qui s'y opposent, a cause qu'elles sont moins a l'advantage de la Cou­ronne, que les premieres, comme s'ils estoyent les Commissaires du Roy & non pas du Royaume d'Es­cosse? Ou est-ce qu'ils remettent une seule fois en me­moire, ou font la moindre mention dans leurs Escrits de la punition, des Delinquents du Party du Roy, quoy qu'ils demandent si instamment un Acte d'Oubliance en leur faveur? Nous n'avons pas besoing d'aller plus loing pour trouver une Instance, qu'en la Clause qui suit immediatement en leurs Escrits, ou ils disent, que ceux qui ont reveu les Propositions en ayant rejettè le Conve­nant par tout ailleurs, il leur est heureusement eschappé en la septieme qualification de la quatorzieme Propositi­on, ou [disent ils] il est faict un Hameçon pour prendre quelques personnes soubs l'apparence & la Notion de De­linquents. Tesmoignage, Que les Delinquents sont a pre­sent tellement en faveur parmy eux, qu'encores qu'il leur fasche fort, que ceux qui ne furent jamais De­linquents, mais ont hereusement hazardé leurs vies & espandu leur sang pour la Cause Commune ne puissent passer pour tels seulement pour ne jurer pas le Conve­nant [sur le sujet qu'ils leur ont peut estre donné par [Page 34] leurs estranges glosses & interpretations d'en faire Scra­pule] neantmoins ils taschent d'ailleurs d'accuser & flaistrir d'obliquité les procedures du Parlement, a cause qu'il oblige ceux qui de tout temps ont esté Delinquents, Et dont le crime] quoy qu'ils l'attenuent par ces mots de Notion de Delinquents] n'est pas moins que Haulte Trahison, a jurer le Convenant, comme une condition de Grace qu'il leur depart, ce qu'il estoit libre aux Mai­sons de faire, ou non, & sur telles conditions qu'il leur plairoit. Et c'est une chose fort estrange que le Conve­nant, que chascun sçcait avoir esté directement formé & destiné contre ce Party la, soit estimé un HAMEÇON a leur esgard, au lieu que veritablement les Autheurs de ces Escrits le voudroyent bien faire servir de CROC & de HAMEÇON pour y prendre plusieurs Personnes d'honneur, contre lesquels on n'avoit jamais eu intenti­on de sen servir. On a en effect faict tous efforts pour les ACCROCHER par le moyen du Convenant & plusieurs autres Artifices & de les Tirer soubs la Notion de Delinquents, de tous emplois en l'Eglize au Gouvernement de l'Estat & en l'Armée & d'Attirer en leurs places une autre Notion pour estré un des Estats de ce Royaume & avoir une voix Negative en toutes les choses qui concernent son Gouvernement & sa conservation.

Et pour la response que l'on dit estre faicte par quel­ques uns, Que le Convenant est compris en la Confirmation des Traités, Que ceux qui ont faict cette Response fassent la Replique. Les Maisons du Parlement n'auroyent ja­mais trouvé bien seant d'introduire le Convenant impli­citement, ou de costé, s'ils eussent creu a propos d'a­voir inseré cette Proposition entre les autres. Et pour [Page 35] ce qui est remarqué a la traverse touchant le Traictê on y respondra en son lieu, afin d'eviter les Redires.

Quand a cette Objection De la repugnance du Roy au Convenant, de sorte qu'en desirer la confirmation soit em­pescher la Paix.

Certe Objection n'estant imputée par eux a aucun au­tre, il y a tres grande apparence, que c'est une production de leurs propres pensées, veu qu'ils semblent par tout en ces Escrits prendre plustost la reigle de leurs desirs de ce qui peut plaire au Roy, que de ce qui peut faire pour la conservation des Royaumes. Mais ils n'auront pas be­soing de se travailler beaucoup pour prouver que les Maisons du Parlement ne s'accordent pas avec eux, en ce qu'ils ont pour principal but & visée de satisfaire au Roy, Car elles considerent plustost ce qu'il est a propos de demander, & necessaire d'obtenir pour le Royaume, que ce que le Roy pourroit plus volontiers octroyer, Et sur ce qu'ils s'estonnent que les Maisons soyent si libera­les es choses qui appartiennent a Dieu, & si chiches [Il leur eust esté plus seant de s'exprimer en termes plus civils parlans des Maisons du Parlement] en ce qui les regar­de es affaires civiles, dequoy on peut beaucoup mieux dispenser.

Qu'est-ce que ces Commissaires appellent les choses qui appartiennent a Dieu? Sont-ce ces noms ALLI­ANCE SOLENNELLE ET CONƲENANT, ou les choses contenües en l'Alliance Solennelle & au Convenant? Si cela est; Pourquoy plustost une chose que l'autre? Pourquoy les Privileges & l'Authorité des Par­lements [qu'on a recognu cy devant d'un commun con­sentement estre les plus fermes colomnes & defenses de la Religion,] Et pourquoy aussy les Droicts & Libertés [Page 36] du Royaume qui y sont compris, ne sont ils estimés des choses appartenances a Dieu, aussy bien que le Gouver­nement d'Eglise en telle & en telle forme. Ancienne­ment la Clergé appelloit ses Temporalités & ses Posses­sions le Patrimoine de Christ, & les debats qui estoient entre luy & l'Estat la Cause de Dieu, & matiere de Re­ligion, quoy qu'en effect ce ne fust seulement qu'une con­testation de pouvoir & de Seigneurie, ce qu'estant bien examiné on trouvera qu'il en est de mesme de plusieurs questions qui passent aujourd'huy soubs le nom & l'ap­parence de Religion.

Pour Respouse a la force de l'Objection [comme ils di­sent] Ils alleguent que le Convenant aeyant pour fin la pre­servation & Reformation de la Religion, le vray honneur & bon heur du Roy & de sa Posterité, Et la Paix & la conservation des Royaumes, Encores que le Roy le refu­sast, toutes-fois ils sont obligés de faire leur devoir. Qui est un bon Principe s'il estoit bien affermy & bien suivy, S'ils en peuvent tirer, que c'est un devoir de le deman­der, & ne croyent pas apres avoir satisfaict a leur devoir de l'avoir demandé quoy que le Royaume n'en soit pas plus prest de l'obtenir, ou de joüir du fruict d'iceluy. Mais certes la force & la prise de l'Argument consiste en cecy. Le Convenant estant en fort grande estime dans les deux Royaumes; on croit qu'il est expedient de leur complaire en cela: D'autre costé le Roy ny veut consentir en aucune sorte, Et on ne veut pas qu'on luy desplaise. Comment Souldra-on cette diffi­culté? Pour le faire, on a trouvé cet expedient, qu'il faut en effect s'accommoder avec le Roy, Et quand a ceux, qui ont le Convenant en si grande estime, il leur faut aussy plaire, ou [pour dire vray] les tromper [Page 37] en faisant semblant de s'efforcer d obtenir par des conti­nuelles instances, ce que l'on sçait ne leur devoir jamais estre octroyé, sur tout le demandant en telle sorte, qu'on fasse auparavant entendre au Roy & publier par escrit, a tout le Monde, qu'il est a son choix de l'accor­der, ou non, Et que cela n'empeschera point, qu'il ne jouisse de sa liberté de sa puissance, sa grandeur, son Re­venu & tout ce qui luy plaira de plus.

Ils disent que le Coeur du Roy est en la main de Dieu, Et que quand il sera convaincu que nos intentions dans le Convenant, ont esté & sont pieuses & loyales, ils espe­rent qu'il sera porté a y donner satisfaction.

Cet Argument tire du Conseil secret & du pouvoir Tout-puissant de Dieu, est plustost un sujet de prier Dieu pour le Roy, que de luy faire une Proposition de consentir au Convenant. Et les Commissaires d'Es­cosse ne se servoyent pas de cet Argument un peu aupa­ravant pour continuer a agir par Propositions, plustost que par un Traicté lequel ils avoyent trouvé inutile & sans succés. Et quand aux moyens qu'ils proposent de convaincre le Roy de la justice du Convenant, ce seroit une bien froide consolation aux pauvres Peuples des deux Royaumes, s'il leur fallo tattendre l'establissement de la Paix jusques a ce qu'on peust faire une telle Con­viction par ce moyen la, Et si l'establissement de la Paix n'en depend pas, a quoy servira de se tant haster de l'en­voyer parmy les Propositions de Paix? Mais qui ne voit que les Commissaires d'Escosse [quoy quils preten­dent souhaitter la Paix] prennent toutesfois le droict chemin de confirmer le Roy en la repugnance qu'il a contre les choses qui sont absolvement necessaires pour l'establir & l'asseurer? Car au lieu de refuser aux Mai­sons [Page 36] [...] [Page 37] [...] [Page 38] du Parlement leur consentement sur leur dernier Message vers le Roy en l'Isle de Wight, [ce qu'ils n'ont eu aucune raison de faire] s'ils eussent concourru avec Elles en cela, nous eussions peu avoir de la une meilleure Response, que nous n'avous eu & les Royaumes eussent peu estre en meilleur train d'establir les affairés, qu'ils ne semblent estre a present, que les Commissaires d'Escosse se sont divisés d'avec les Maisons du Parlement.

Finallement, encores qu'ils veuillent forcer toutes sor­tes de Personnes dans les trois Royaumes de jurer le Convenant, ils prennent neantmoins grand soing qu'on n'use d'aucune Compulsion envers le Roy pour l'y faire consentir.

Ils nous disent apres qu'ils se promettoyent asseurement quand leur armée retourna en Escosse sans laisser aucunes forces en ce Royaume, que la nostre seroit, incontinent a­pres desbandée, Et qu'a present que la guerre est finie les Subjects n'en doivent point estre chargés.

Nous nous estonnons qu'ils ne soyent pas plustost touchés du sentiment de leur propre incommodité de leurs forces qui sont encores sur pied en Escosse, [dequoy nous n'entreprenons pas de nous mesler,] mais nous rap­porterons aussy cette matiere en son lieu, de peur que nous attachans trop estroictement a leur Methode nous ne nous engagions a plusieurs Repetitions inutiles.

Ils nous disent de plus, Que si l'Escosse eust apprehendé que la moindre injure, ou violence se fust commise contre la Personne Royale de Sa Majesté, ou contre son Gouverne­ment Monarchique, voire s'ils n'eussent esté asseurés du contraire par les Maisons, certainement, toutes les menaces & allechemens du monde ne leur eussent jamais persuadé de se de ssaisir de la Personne du Roy, jusques a ce que toutes [Page 39] les Armées eusient esté desbandéet, & la Paix des Royau­mes establie, Et que ç'a esté leur confiance fraternelle sur les Maisons [qui sont leurs compaignons en Subjection] & l'asseurance qu'elles leur avoyent donnée qui leur a faict remette le Roy en leurs mains. Puis apres ils continu­ent en nous ensignant de faire nostre devoir envers le Roy, & de nous acquitter de nostre foy envers Eux.

Nous supposions que le Royaume d'Escosse eust esté assés satisfaict touchant nostre droict de disposer de la Personne du Roy, & que la dessus Elle eust esté laissée a la disposition des Maisons du Parlement, Et non pas que, comme sur une supposition, que nous peussions abuser de nos droicts, & que l'Armée peust contre nostre gré abuser, d'eux & de nous, le Royaume d'Escosse eust peu pretendre avoir juste sujet de disposet de nos droicts a son plaisir: Et quand aux Asseurances particulieres dont les Commissaires d'Escosse font men­tion, ils n'en ont eu aucunes des Maisons du Parle­ment, qui n'ont jamais jugé estre a propos de capituler de leurs propres droicts.

Ce dont les Commissaires d'Escosse se plaignent en suitte en matiere de Religion est, qu'on a obmis les Or­donnances touchant la convocation & continuation d l'As­semblée des Ministres, & pour la Reformation de la Religion dans l' Angleterre & l' Irelande sui­vant le Convenant & l'establissement d'un Ʋnion & Ʋniformité en la Religion entre les Eglises de Dieu es deux Royaumes selon le Convenant, & qu'on vouloit esta­blir au lieu de toutes ces choses seulement une pure ombre de Gouvernement Presbyterial, une forme exterieure de Discipline sans vie ny pouvoir & une liberté entiere pour toutes sortes de service de Dieu, Et au lieu d'Ʋniformi­té [Page 40] au Convenant a laquelle ou s'est toit obligé par serment, une vaste deformité ou multiformité d'Heresies & Sectes au danger de ruiner la Religion dans les deux Royau­mes.

A quoy nous disons, qu'on avoit suffisamment pour­veu dans les Propositions sur ce que l'Assemblée des Mi­nistres avoit faict, ou devoit faire par l'Authorité & commandement du Parlement, comme aussy tous autres, soit Committés, ou Commissaires, qui avoyent faict aucune chose par la mesme authorité du Parlement, Mais il n'estoit pas necessaire de demander une Loy perpetuelle pour la continuation de l'Assemblée des Mi­nistres a present, qu'ils ont presques achevé l'oeuvre pour lequel ils avoient esté assemblés, sinon qu'ils eussent esté convoqués pour continuer leur, Assemblée a per­petuité, ce qui certainement n'a point esté faict a cette fin; Et ceux d'ent'reux qui accause de cet employ sont esloignés de leurs Troupeaux, desirent de re­tourner vers eux pour les instruire & fortifier contre les Erreurs, que le malin pendant leur absence a rasché de se­mer parmy eux. Quand aux deux autres Propositions, elles sont toutes deux disjonctives, cest a dire, ce dequoy les Maisons sont convenues, ou conviendront en ces ma­tieres, Et pour la premiere partie Elles ont demandé la Confirmation de ces Ordonnances sur les choses des­quelles elles sont desja convenu, Et touchant les autres, Elles n'ont pas encore trouvé a propos de le faire non estans pas encore d'accord entre elles mesmes. Les Com­missaires d'Escosse se plaignent en quelques uns de leurs premiers Escrits de l'envoy d'une Proposition si Genera­le, laquelle sans aucune limitation comprend tout ce, dont les Maisons & les Royaumes conviendront entre [Page 41] eux. Et a fin que le Roy peust mieux prendre ses me­sures sur ce qu'il doibt considerer & octroyer de ce qui luy seroit proposé. Ils disent, Quils est tres necessaire de proceder distinctement, & avec certitude non seulement es Propositions, [que l'en rend les plus particulieres que faire se peut] mais aussy & specialement es matieres de Religion, & que c'est la façon de faire qu'on avoit approu­vie & de laquelle on avoit usé au Traicté d'Uxbridge, ou fut seulement presenté ce qui avoit esté preparé & digeré dans ce Temps là pour l'establissement de la Religion, Et en leurs Escrits du 6. d'Auril, 1646. ils disent, quils ne pouvoyent trouver aucun moyen de satisfaire a leur ju­gemēnt, sur ce qu'on envoyoit au Roy une Proposition gene­rale de Religion.

Quand a cette Proposition demandée des Maisons au lieu de toutes ces choses qu'ils appellent seulement une ombre de Gouvernement Presbyterial, & une forme exteri­eure de Discipline sans vie ny pouvoir.

Nous leur àccordons qu'une forme exterieure de Di­scipline sans vie ny pouvoir de pieté ne vaut pas beau­coup; Mais sans doubte ce n'est pas là la vie & le pou­voir, dont il est icy faict mention, mais le pouvoir des peines & censures tant Ecclesiastiques [comme ils les nomment] que Civiles, les premierres desquelles sont demandées par quelque uns, comme estans du droict de Christ pour estre affectées au Presbytere sans aucune dependance ou limitation du Magistrat; Et pour les der­dernieres l'execution en est bien permise au Magistrat ou plustost requise de luy pour seconder les premieres aveuglément & comme par devoir, Mais nous somnes, par la grace de Dieu, tellement sorty de l'obscu­té de ces principes de la Papauté & des Prelats que [Page 42] nous ne les serons plus revivre soubs auenne image ny forme, que ce soit.

Quand a la liberté qu'on dit estre accordée a toutes sortes de Service de Dieu.

Si par cette liberté de toutes sortes de service de Di­eu on entend une liberté, qui ouvre la porte a l'Atheisme & a toutes sortes de Religions & libertinage, & a une vaste deformité & multiformité d'Heresies & de Sectes, au danger de ruiner la Religion des deux Royaumes.

Nous nions que nous ayons jamais accordé, ny ac­cordions jamais aucune telle Toleration, Et nous som­mes fort aises que cet Argument est a present reduict a des termes plus particuliers, afin que joignans le cordeau a la reigle,☞ sent voulu a­gir candidi­ment & in­genuement en cette ma­tiere, ils eus- la verité & la faulseté, la candeur & la tromperie de cette Assertion puisse estre claire­ment descouverte. Et si les Commissaires d'Escosse eus­sent adjousté les particularités de cette Proposition avec toutes les precautions & limitations necessaires sur ce sujet. S'ils l'avoyent faict, le monde eust peu juger si les consequences & inferences, qu'ils en tirent ont aucune apparence de verité ou de raison, Mais nous supplerons ce qu'ils ont obmis.

Venons maintenant aux Objections & Plaintes par­ticulieres qu'ils font contre la Proposition, qui suit.

Que le Roy soit requis de donner son consentement a un Acte, ou tels Actes du Parlement, qui luy seront presen­tés pour l'establissement du Gouvernement Presbyterial & du Directoirs en Angleterre & Irelande suivant les Ordonnances, qui en ont esté passées dans les Maisons de­puis la tenue de ce Parlement, & qui luy sont envoyées ae present icy joinctes, lequel Acte, ou Actes doivent demeu­ [...]er en leur force & vigneur jusques a la fin de la Pro­chaine [Page 43] Session du Parlement apres la sin de la presente Session.

Que personne, qui que ce soit, ne sera subject a aucune recherche ou peine, pour ne se conformer pas a cette for­me de Gouvernement, & service Divin, portée paer ces Ordonnances, Et que toutes personnes qui ne se conforme­ront pas a cette forme de Gouvernement & service Divin, auront la liberté de s' Assembler pour servir Dieu & vac­quer a l'exercice de leurs Devoirs de Pieté & Ordennan­ces en toutes places propres & convenables, a condition tou­tes-fois, qu'ils ne fassent rien qui puisse troubler la Paix du Royaume.

Que toures Dismes & autre entretien appartenans a aucune Eglise ou Chapelle qui appartiennent a present aux Ministres de telles Eglizes ou Chapelles, seront employés a l'usage & profit des Ministres, qui se conformerent au Gouvernement estably par les susdictes. Ordonnances, & de nul autre, si ce n'est du consentement de celuy qui en est a present en Possession.

Que rien de ce qui est de cette Provision ne s'estendra a aucune Tolleration de la Religion Papiste, ny ne pourra servir pour exempter aucun Papiste Refusant des peines, qui luy sont imposées pour l'exercise d'icelle.

Que cette Indulgence ne s'estendra pas jusques a tolerer qu'on imprime, publie, ou presche aucune chose contraire aux Principes de la Religion Chrestienne, comme ils sont contenus au 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. Articles de l' Eglise d'Angleterre, selon le vray sens & intention diceux, & selon qu'ils ont esté explicqués & defendus par l'Assemblée des Ministres te­nue a present a Westminster, uy aucune chose contraire a ces poincts de Foy, pour l'ignorance desquels, on doibt estre [Page 44] retranché du Sacrement de la Cene du Seigneur, comme ils sont contenus es Reigles & Directions passeés, es deux Maisons pour cet effect le 20. d'Octobre 1645.

Qu'il soit aussy pourveu que cette Indulgence ne s'esten­dra point a exempter aucune personne, ou personnes d'aucu­ne peine imposée par la Loy, ou qui leur pourra estre imposée pour s'absenter le Dimanche de l'oüye de la Parole de Dieu, sinon qui'ls puissent donner quelque excuse recevable de leur absence. ou qu'ils ayent esté oüir ailleurs la predication & exposition de la Parole, pourveu que cette predication & exposition ne se soit faicte par aucun des Ministres seque­strés & non restablis.

Que cette Indulgence ne se pourra estendre jusques a tole­rer l'usage du Liure des Prieres Communes en aucun lieu quelconque.

Qu'on donner a liberté a tous Ministres de l'Euangile, encores qu'ils ne se puissent conformer en toutes choses au Gouvernement present, n'estans pas sequestrés, ny sequestra­bles de prescher toute Lecture, ou Lectures en toute Eglize & Chapelle, ou les Habitans du lieu le desireront, pourveu que ce ne soit pas aux heures, que le Ministre de cette Pa­roisse là presche ordinairement luy mesme. Et recevront les appoinctements & l'entretien, qui sont ou seront affectés a cela.

Quand a la premiere Objection qui semble vouloir im­puter a absurdité aux Maisons du Parlement de desirer u­ne Loy pour l'establissement du Gouvernement Presbyterial, & toutesfois requerir dans le mesme Acte, que personne ne soit obligé d'obeir a cette Loy, que ceux qui le voudront faire: Il est bien vray, que comme ils representent cette Proposition, elle peut sembler un peu absurde, Mais ils en corrompent l'ordre & le sens. Cette Proposition ne de­mande pas de dispensation pour aucune personne de deso­beir [Page 45] a la Loy, Mais la Loy accorde une dispensation de n'estre pas Subject au Gouvernement Presbyterial a tou­tes personnes, qui ne s'y soubmettent pas volontiers; Mais par tout, ou la Loy requiert obeissance, il n'est pas libre a qui que ce soit d'y desobeir,

Comme pour exemple. L'exercice de certe forme la de Gouvernement estant approuvé & authorizé par là Loy, il ne sera pas libre a aucune personne de molester, ny troubler ceux qui en font profession, ny s'y opposer en aucune sorte. De plus si cette Loy n'eust esté faicte, per­sonne n'eust peu estre constraint de laisser ceux qui sui­vent cette forme de Presbytere avoir l'usage de leurs E­glizes & Chapelles & payer-leurs Dismes a leurs Mini­stres, & les autres devoirs ausquels ils peuvent estre obli­gés par cette Loy, & ausquels il n'est pas a leur volonté d'obeir ou desobeir, De mesmes si on passoit un Acte de Parlement pour authorizer une Contribution volontai­re pour l'Irelande, ou pour quelque autre fin par tout le Royaume, Cet Acte se pourroit il appeller Absurde, a cause que personne ne seroit contrainct de donner, s'il ne luy plaisoit? Si on faisoit aussy une Loy pour la fon­dation de quelque Eschole, College ou Vniversité avec l'octroy de certains Gages, Salaires & Privileges, cette Loy là seroit elle absurde, a cause que personne ne seroit forcé d'envoier son fils s'il ne vouloit, a cette Eschole, College, ou Vniversité?

Ce qui a desja esté dict fournit de Response suffisante a la seconde Objection, Que quoy qu'on pretende touchant le Gouvernément Presbyterial, toutesfois ce qu'on desire en cela ne revient pas a d'avantage, qu'a une Toleration d'iceluy? N'appellés vous l'advover & le maintenir qu'une simple Toleration? Luy assigner l'entretien ordinaire & [Page 46] les lieux publics pour y en faire l'exercice n'en est-ce qu'une Toleration?

A la troisieme, sur ce qu'ils disent, que cet establisse­ment [qu'ils appellent avec mespris une simple Tole­ration du Gouvernement Presbyterial] est limité en plusi­eurs fàçons, comme premierement quand au temps, ne devant durer que jusques a la fin de la prochaine Session du Parle­ment, qui peut estre sera dans six mois.

Nous disons, que toute semblable Loy, qui introduit une nouvelle forme de Gouvernement [comme cestuy là est une chose si nouvelle a ce Royaume qu'il n'a ja­mais rien esprouvé de telle nature] n'est ordinairement faicte que Tentative & pour servir d'essay jusques aux prochaines Sessions de Parlement, comme ceux qui sont versés dans les coustumes & procedures des Parlements le sçavent bien. Et les Commissaires d'Escosse ont moins de raison de se formalizer de ce qui se practique en ce re­gard, pource qu'ils se plaignent que cette Loy là est fort defectueuse, en l'Estat qu'elle est a present, & pourtant qu'elle n'est pas encore assés parfaicte pour estre rendue perpetuelle. Quand a leur autre Plainte, Que les Mini­stres & Anciens ont charge par Ordonnance du Parlement de retrancher de la communion du Sacrement ces Personnes là seulement, que les Maisons ont jugé le meriter & point d'autres, encores qu'ils le fassent contre leur consciences, Et qu'ils sont limités en leurs Assemblées par plusieurs restri­ctions & qu'on ne leur permet pas l'usage & l'exercice de toutes les Ordonnances portées par la parole de Dieu, de sorte qu'on leur refuse cette liberté de conscience qu'on donne a d'autres.

Il y en a en effect, qui desirent avoir un pouvoir In­dependant & non limité, qui ne derivast son commen­cement, [Page 47] ny n'eust ses limites du Magistrat, ce que nous ne pouvons pas accorder, & nous n'avons cognoissance d'au­cune Ordonnance portée par la parole de Dieu, de laquel­le nous ayons refusé le libre exercice a aucune personne. Et pour cette particularité touchant le Sacrement. Les Magistrats n'ont ils pas leurs conscience, aussy bien que les Ministres & Anciens? Pensent ils qu'il soit hors de raison, que les Ministres & Anciens ayent seulement la pu­issance deretrancher du Sacrement ceux la & non autres, lesquels les Maisons du Parlement croyent le meriter, en cores qu'ils fassent conscience de le faire; Et s'imaginent ils qu'il soit raisonnable qu'on leur donne l'authorite d'en retrancher ceux qu'ils croi [...]ont en estre indignes, quoy que ce soit contre la conscience du Magistrat? Et en effect quel homme de conscience peut donner par une foy implicite une authorité arbitraire a certaines Per­sonnes de retrancher du Sacrement ceux qu'ils voudront, sans leur donner quelques reigles en cela?

Veulent ils requerir la protection & authorité du Ma­gistrat, & ne voudront ils pas aussy recevoir ses ordres & sa direction? Veulent ils qu'il censure & condamne, ou d'autres par son authorité [ce qui revient a la mesme cho­se] & ne luy voudront ils pas accorder d'en cognoistre & juger? Veulent ils requerir sa main pour frapper, & ne luy accorderont ils pas des yeux pour voir?

Mais sur ce qu'ils disent, Qu'on leur refuse la liberté qu'on donne a d'autres. Les autres n'ont pas la protecti­on, l'authorité, ny l'entretien du Magistrat pour ce qu'ils font, comme ils l'ont, & pourtant ce n'est pas merveille, qu'ils soyent aussy obligés de recevoir leurs ordres & Reiglemeuts du mesme Magistrat, quoy que les autres ne le soyent pas. S'ils se veulent mettre en la condition des autres, ils pourront joüir de la libertó qu'ils leur envient. [Page 48] Mais pour dire la verité, il y a des gens qui nefont point de conscience d'appeller les autres Sectaires & de les re­puter tels, seulement a cause qu'ils ne se conforment pas au jugement du Magistrat en ce qui est du Gouverne­ment de l'Eglise, & neantmoins voudroyent avoir eux mesme la liberté de s'esloigner autant & plus d'un autre costé du sentiment du Magistrat, & avoir cependant sa protection & son authorité, commo s'ils luy estoyent entierement uniformes en opinion. Ils ne se veulent pas exclure eux mesmes de l'entretien du Magistrat, & ne­antmoins le veulent exclu [...]e du pouvoir de les Gonver­ner. Ils veulent interesser le Magistrat en leurs Affaires & Actions, & veulent toutesfois faire sans luy ce qu'il leur plait. Et sur ce qu'ils disent Que tous les Sectaires de ce temps [comme il leur plait de les appeller] joü [...]ssent d u­ne Toleration non limitée pour la durée du temps, la matiere de leur service Divin, & l'exercice de toutes Ordonnances.

La Proposition convainc d'elle mesme cette Assertion de calomnie. Car la durée de l'Indulgence n'est pas pour plus, long temps, que pendant l'establissement du Pres­bytere, n'estant inserée dans le mesme Acte, que pour y servir d'une precaution, & devant aussy commencer & finir avec luy, dont il se plaignent aux paroles preceden­tes, qu'il est limité a un temps si court, de sorte qu'ils se contredisent en cela. Et de mesme quand a la matiere de leur service Divin, & l'exercice de leurs Ordonnan­ces elles sont restrainctes par plusieurs precautions & limitations contre le Papisme, & contre toute autre chose qui peut estre contraire aux Principes de la Reli­gion, ou du Gouvernement, comme il apparoistra des particularités, car c'est là que la verité se cognoist plus clairement par l'espreuve.

Premierement ils font instance sur les Anabaptistes, lequel nom a veritablement attiré sur soy beaucoup de Haine acause des opinions & practiques extravagantes de quelques uns, ainsy appellés en Allemagne, tendans a troubler le Gouvernement & la Paix de tous les E­stats; Lesquelles opinions & practiques nous abhor­rous & detestons & pourtant nous avons pourveu contre elles par une precaution expresse en la Proposition, [a sçavoir] Que tien ne se fasse qui puisse troubler la Paix du Royaume. Mais quand a léur opinion contré le Baptesme des Enfans, C'est seulement un Different sur une Circonstance de temps en l'administration d'une Ordonnance, En quoy les Doctes ont differé en leurs opinions & en leur practique es premiers siecles aussy bien qu'a present: Et encores que nous souhaitterions fort qu'un chascun peust estre satisfaict, & se joindre a nous en nostre jugement & practique en ce poinct: toutes-fois nous avons creu, qu'il est plus a propos de convaincre les hommes en cecy par la parole de Dieu a­vec douceur & par raison, que de les forcer par violenc de desmordre de cette opinion là.

La seconde sorte quils nomment sont les Antinomi­ens, Lesquels, si on ne dispute pas des mots [comme c'est l'opinion de quelques uns] & si par les Antino miens on entend ceux, qui nient tout usage de la Loy Morale depuis Christ, on y a pourven expressement en l'Article septieme de l'Eglize d'Angleterre, auquel on se raporte en la Proposition: Ce sont icy les mots de l'Ar­ticle, Encores que la Loy baillée de Dieu par Moyse en ce qui regarde les Ceremonies & Coustumes n'oblige pas les Chr estiens, ny les Commandements civils donnés par Moyse, tels que ceux qui estoyent particulierement ap­propriés [Page 50] a la Republicque des Iuifs, ne portent accune ne­cessité de les recevoir en aucune Republique, toutes-fois au­cun Chrestien, qui qu'il soit, n'est exempt de l'obeissance des Commandemens de la Loy Morale. Far, la Loy Mo­rale nous entendons tous les dix Commandemens pris en toute leur estendue. Par lequel Article on a aussy pour­veu contre les Libertins entre lesquels & les Antinomi­ens il n'estoit pas besoing [selon nostre jugement] de faire aucune distinction, non plus qu'entre les Brownistes & Separatistes, mais on accumule a dessein & par ma­xime quantité de noms sans besoing, pour s'en servir comme d'autant d'Espouventaux pour faire peur au pau­vre Peuple.

Quand aux Arminions, qui suyvent aprés en leur rang, on a aussy pourveu contre leurs Erreurs au neuf­vieme & dixieme Article de l'Eglize d'Angleterre en ces mots, Encores qu'il n'y ait point de condemnation en ceux qui sont Regenerés & qui croyent, Toutesfois l' A­postre confesse que la Concupiscence & Convoitise est veri­tablement & proprement peché. Et apres au dixieme Ar­ticle, La condition de l'homme apres la cheute d'Adam est telle qu'il ne se peut pas convertir, ny se disposer de luy mesme par ses propres forces naturelles & bonnes oeu­vres a la foy & a l'invocation de Dieu, Et pourtant nous n'avons aucun pouvoir de faire des bonnes oeuvres plai­santes & acceptables a Dieu sans sa Grace par Christ, nous prevenante a ce que nous puissions avoir la volonte bonne & operante si effectivement en nous qu'elle determine, nostre volonté a ce qui est bon, Et & cooperante aussy avec nous quand nous anons cette volonté au bien.

Apres viennent les Familistes par lequel nom nous ne sçavons, qui ils entendent, s'ils veulent dire Ceux, qui [Page 51] tiennent qu'il y a une perfection en cette vie & un estat exempt de tout peché, on a pourven contre eux en ter­mes exprés, en l'Article quinzienne de l'Eglize d'Angle­terre, qui sont, Christ quand a la verité de nostre natu­re a esté faict semblable a nous en toutes choses, hormis le pa­ché, duquel il a esté entierement exempt, tant en sa chair, qu'en son, Esprit. Il est ven [...] pour estre l'Agneau sans macule, lequel par le sacrifice de soy mesme, une fois faict, devoit oster les pechés du Monde, Et peché [comme Sr. Iean dit,] ne s'est point trouvi en luy. Mais tout le reste de nous, quoy que baptizés & regenerés toutesfois nous pechons en beaucoup de choses, Et fi nous disons, que nous n'avons point de peché nous nous seduisons nous mesmes, & verité n'est point en nous.

Et pour ce qui est des Erastiens, quand les Commis­saires d'Escosse nous diront, qui sont ceux qu'ils enten­dent par ce nom là, & quelles sont leurs opinions, nous sçaurons ce que nous y devrons respondre.

Pour les Brownistes, Separatistes, & Independent, nous avons fort peu oüy parler des Brownistes & Separati­stes que l'on appelle proprement ainsy, depuis qu'on a mis a bas les Prelats & la Liturgie, qui en avoyent esté l'occasion, encores qu'ils s'escartent trop vers lautre extreme. Et pour ceux qu'ils appellent Independens qui tiennent qu'une Assemblée particuliere n'est pas par aucune ordonnance de Dieu dependante quand a l'au­thorité & pouvoir coercif d'un Synode Provincial, ny Assemblée Nationale, ou Oecumenique, se trouvans plu­sieurs Personnes religieuses & doctes, qui ont donné des preuves de leur integrité & fidelité envers l'Estat qui sont de cette opinion, nous ne voyons point de raison pour quoy on ne leur puisse accorder quelque indulgence en cela.

Quand aux Seekers, ou Chercheurs, s'ils entendent ceux qui nient l'usage de toutes Ordonnances de la Parole & des Sacremens; on a aussy pourveu contre eux, particu­lierement dans les reigles & directions touchant la sus­pension de la Cene du Seigneur en cas dignorance, [a quoy la Proposition se rapporte] en ces mots, Que Christ & ses benefices sont appliqués seulement par Foy, Que la Foy est le don de Dieu, & que nous ne l'avons pas de nous mesmes, mais qu'elle s'engendre en nous par la Parole & l'Esprit de Dieu. Que les Sacremens sont seaux de l' Alliance de Grace au sang de Christ, Que les Sacremens du Nouveau Testa­ment sont le Baptisme & la Cene du Seigneur, &c.

Et pour les Shakers, ou Trembleurs, nous ne sçavons pas, qui ils entendent par là, ny ce qu'ils sont.

Quand a la cinquieme Plainte qu ils font, Que la Tole­ration, qu'on veut accorder est d'une telle estendue & la­titude, quelle peut admettre plusieurs vilains & grossiers Erreurs, qui ont este condamnés & rejettés de l'Eglize au temps passé, & se pourront par là renouveller en Angleterre: Elle est si Generale qu'elle ne reçoit qu'une Response generale, Et quand ils nous diront quels son ces vtlains & grossiers Erreurs, qui ont esté condamnés & rejettés de l'Eglize au temps passé, Nous nous faisons forts, qu'il ap­paroistra, que cette Indulgence n'est pas d'une telle esten­due & latitude, que de les admettre, comme nous avons des-ja clairément consuté leurs Assersions sur les choses qu'ils y ont particularizé.

Pour la Plainte qu'ils font en sixeme lieu, Que cette Toleration n'est pas seulement accordée aux Personnes parti­culieres des Sectaires [comme ils les appellent] & a leurs families, mais aussy qu'on leurdonne pleine liberté d'establir leur profession en tous lieux, qu ils trouveront propres & [Page 53] convenables. Nous disons que si nous croyons que la li­bertté que nous accordons fust illicite, nous ne la donne­rions pas a une famille, ny mesmes a une seule person­ne, mais la tenans licite, nous ne la pouvons pas plus re­fuser a plusieurs famalles, qu'a une seule personne.

A leur septieme Plainte, sur ce qu'ils disent, Qu'encores qu'il semble, qu'ily ait une provision contre les Anti-Trinitaires, Arriens & Anti-Scripturistes; toutesfois on ne les a assubjectis a aucune peine, Et quoy qu'on leust faict, ils ont neantmoins la liberté de disputer en leur particulier, qu'il n'y a point de Dieu & que Christ est un imposteur. Nous disons que ce n'a point esté le but, ny le sujet de cette Proposition, de declarer quelles peines meritent par la Loy desja en vigueur ceux, qui commettent une telle offense, ou quelle autre punition en oultre on a a leur imposer. Mais ce que nous avons a present a faire voir, c'est que cette Proposition ne donne aucune occasi­on de faire cette Plainte, & qu'elle est en effect tres mal­fondée, car tant s'en faut qu'elle establisse une telle Tole­ration, qu'au contraire elle pourvoit expressement contre icelle, a scavoir aux 1. 2. 5. & 6. Articles de l'Eglize d'Angleterre; Et quand a ce qu ils disent, qu'on peut en particulier publier ce qu'on veut, on y peut en telle sorte raisonner sur les poincts les plus haults de la foy pour plus grande confirmation de la verité, ou pour se fortifier contre les temptations, que cela puisse estre permis, Mais si aucun entreprenoit de le faire de la façon que les Com­missaires d'Escosse expriment, en blafphemant a plaisir & seduisant les autres a ses opinions, Encores que cela n'ar­rivast qu'a deux ou trois, voire mesmes qu'a un seul, il doibt passer pour une publication de leurs blasphemes & [Page 54] heresies, contre quoy ces Articles pourvoyent expresse­ment.

Quand a la huictieme & derniere de leurs Plaintes, Que tous profanes & meschans ont parcette Toleration la liberté de faire, ce qu'il leur plaist, pour ce qu'ils ne sont pas obligés de i'assubjectir a aucune Discipline, ou Gouverne­ment; Et ainsy aucuns des devoirs de la premiere, ny de la Seconde Table de la Loy de Dieu ne seront observés, mais toutes sortes d'impietés & oeuvres de tenebres se multiplie­ront. Nous avons desja donné ordre & pourvoirons en­core, que la Discipline Ecclesiastique ne soit defectueuse en aucune chose, qui puisse servir a restraindre le liberti­nage & la prophanation; Mais les Commissaires d'E­scosse croyent ils, qu'il n'y ait point d'autre Gouvernement que celuy qu'ils appellent le Gouvernement de l'Eglize? Ou voudroyent ils assubjectir toute Iurisdiction civile soubs le Gouvernement de l'Eglize? Les consciences doivent estre amolies & preparées par l'efficace de la pre­dication de la Parole avant qu'elles puissent estré capables de la Discipline Ecclesiastique Et jusques a ce que cette preparation soit faicte il n'y a point d'autre moyen de les retenir & refrener des vices & de l'impieté, que par le pouvoir du Magistrat Armé de Loix salutaires pour cet effect, & par la puissance de la predication de la Parole, ce que nous desirons ardemment, & nous efforçons d'ad­vancer par tout le Royaume. Et sur ce qu'ils disent, que ceux qui ont en haine le pur service de Dieu en l'Eglise, feront par tout ailleurs des Assemblées illicites & dange­reuses soubs pretextes de faire profession d'Exercices & or­donnances de pieté. Nous ne sçavons que trop bien, l'ay­ans appris par une deplorable experience, que ceux qui [Page 55] ont eu en haine la pureté & la puissance de la Religion en ceux qui en font vrayement profession, ont supprimé plusieurs Saincts & divins exercices & puny plusieurs bons Chrestiens soubs le nom de Conventicules: Mais les Maisons du Parlement [ausquelles il appartient de droict de juger de leurs propres Loix] eussent bien sceu faire distinction entre des Exercices, ou Ordonnances de Pieté & des Assemblées illicites & prophanes, encores qu'elles neussent pas [comme elles ont faict] pourveu par leurs limitations contenues en cette Proposition, a l'encontre de toutes choses, qui, ou par leur impieté en­vers Dieu, ou pour troubler la Paix publique eussent a­vec sujet rendu une Assemblée meschante & illicite soubs quelque apparence de Profession, ou autre pretexte que ce fust. Nous pourrions apporter plusieurs autres justi­fications de ce que nous avons faict en cette Proposition, Mais nous esperons que ce quia desja esté dict suffira pour donner satisfaction a toute personne indifferente & non partiale, qui com parera lesparticularités de cette Proposition avec les Assertions des Commissaires d'E­scosse pour recognoistre combien ces faulses aspersions, qu'ils veulent jetter sur nous a cet esgard, sont sans cause, ny fondement.

Nous venons maintenant aux Passages de nos Decla­rations allegués par les Commissaires d'Escosse, Car pour ce qu'ils citent de la Remonstrance des Estats du Royaume du 15 Decembre 1642. ou les Maisons decla­rent Qu'elles n'entendent par de laisser le service Divin au jugement & a la fantaisie de chascun, Et qu'elles n'ont au­cun dessein, ny volonté d'abandonner les reines d'or de la Discipline & du Gouvernement de l'Eglize, ny de permet­tre a des Personnes ou Congregations particulieres de choi­sir [Page 56] une telle formo de service Divin qu'il leur plaira, pour en faire profession, Et qu'elles tiennent qu'il est necessaire qu'il y ait par tout le Royaume une Conformité a l'ordre que la Loy enjoinct, SELON LA PAROLE DE DIEV. Ce sont certes choses bien differentes d'abandonner sans Loy un chascun a son propre jugement & a sa fantaisie en ce qui est du service Divin, Et d'accorder par la Loy aux prieres de quelques uns la liberté de faire des choses, qui ne sont pas illicites de leur nature, quoy qu'elles soy­ent differentes de celles, qu'on a creu a propos d'establir par tout le Royaume. Il y a bien de la difference entre commander une conformité a une Loy, qui est des ja faicte, Selon la Parole de Dieu & sur des claires eviden­ces, & faire un Loy qui exige de toutes Personnes une conformité en toutes, choses quoy qu'elle ne soit fondée sur aucune evidence manifeste de l'Escriture, et qui n'a que la prudence pour fondement, en quoy le Magistrat a au­tant de pouvoir de dispenser & de remettre que d'enjoyn­dre & de commander. Il y a bien de la difference entre ce le que Magistrat trouve bon de declarer estre necessaire, voire mesme de maintenir & d'y encourager par recom­pense & autres moyens, & entre ce qu'il trouve bon de commander si expressement, qu'on y soit constrainct & & forcé, sur tout s'il arrive que plusieurs Personnes soy­ent de contraire opinion & sentiment. Finalement il faut remarquer que comme il y a des reines d'or de Dis­cipline & de Gouvernement, aussy y a-il une Mediocrité d'or. Il y a de la difference entre requerir une Conformi­té a toutes les parties Substantielles du service de Dieu, pour laquelle on a pourveu en cette Proposition [comme il a esté dict] & entre obliger soubs des peines a une ex­acte Conformité a toutes les Circonstances dudict ser­vice, [Page 57] Et de cette nature seulement sont les choses esquel­les les Maisons ont donné liberté; Et sy elles ne l'eussent faict elles eussent manifestement contredict a leurs diver­ses et constantes Declaratiōs, dans lesquelles elles ont pro­mis d'avois le soing & esgard necessaire des Consciences tendres, qui est une des moindres graces & faveurs qu'el­les ont merité d'elles, pour s'estre monstré si affectionnées & si fideles envers elles en la Cause Commune conob­stant toutes differences de jugement & d'opinion.

La clause qu'ils alleguent en suitte de nos Declarations est tirée de nostre Response aux Seigneurs du Conscil Secret de sa Majesté en Escosse, & a l'Assemblée Ecclesi­astique de ce Royaume la en l'an 1642. ou le but de leur discours est de prouver que les Maisons du Parlement ont declaré, Qu elles esperoyent [avec l'assistance de Dieu] de re­former en telle sorte les ab us de l'Eglize d'Angleterre, qu'el­les en iejetteroyent tout ce qui port eroit a offencer Dieu, ou qui donneroit IVSTE sujet de mescontentement a toutes les Eglizes voisines, Et s'accorderoyent jusques là avec nos Freres d'Escosse & les autres Eglizes Reformées en toutes les parties SƲBSTAN CIELLES de la Doctrine du Service divin & de la Discipline, que nous puissions & eux aussy joüir des advantages & commodités desquels ils font mention en cette leur Response: Et que pour obtenir l'effect de cette Declaration, il y a plus de quatre ans que les peines & le travail de plusieurs personnes Doctes & pieux Ministres ordon [...]és pour cela ont esté employés a former un Directoire du Service Divin, [qui avoit esté il y a leng temps approuvé & receu es deux Royaumes,] une Con­fession de Foy, une Forme de Gouvernement & de Catechi­ser, lesquels ont tous esté presentés aux deux Maisons & qu'ony avoit faict quelque progrés pour l'establ [...]ssement d'i­ceux [Page 58] jusques a ce que depuis peu on en a quitté tout le soing. Nous n'avons pas [comme ils disent] plus quitte le soing de ces choses là, que cy devant, mais on y a continué comme auparavant avec autant de diligence, que l'exi­gence & la condition des affaires la peu permettre: Et l'on delibere encore a present sur la Confession de Foy; Elle est de grande estendue & de grand poids & requiere une serieuse deliberation.

Et quand nous considerons ce que quelques Ministres qui font profession du Presbytere ont escrit en leur livre intitulé Smectymnus dedié au Parlement l'an 1621. de la Liturgie, qui estoit lors establie par authorité de la Loy, Qu elle n'avoit jamais esté establie pour estre si ponctuelle­ment observée, & commandée si estroictement & avec tant do rigueur, que tous ceux qui en feroyent scrupule, ou d'aucu­ne chose qui y est contenue en fussent rejettés; Nous avons raison de bien considerer tout ce que nous seelons du seau d'authorité: Car si cette Vniformité au Directoire, Gouvernement de l'Eglize, Confession de Foy, & Cate­chisme leur devoit produire une si rigoreuse Conformi­té, il seroit mal aisé de prevoir tous les malheurs & in­couveniens qu'elle pourroit enfanter; quoy que nous puis­sions aisement concevoir par ce que nous avons ressen­ty en mesmes choses, qu'ils ne scroyent pas petits.

A prés cela ils alleguent l'Ordonnance du Icusne or­donné le 10. Mars dernier pour recourer a Dieu afin d'a­voir sa direction & son assistance pour prevenir & suppri­mer la naissance des Erreurs, Heresies, & Blasphemes, qui se multiplioyent, surquoy Nous disons que par les paroles de l'Ordonnance ces Erreurs là, ces Heresies & Blasphemes sont declarés estre ceux, qui tendent a la subversion de la Foy, & le mespris du Ministere & des Ordonnances de Ie­sus [Page 59] Christ; Mais le Parlement n'en a permis, ny n'en veut tolerer aucuns de cette nature là: Encores que ce ne soit pas chose si estrange, que les Commissaires Escossois la voudroyent faire, de se servir des armes du Icusne & des Prieres contre ces choses là, contre lesquelles c'est une voye moins Chrestienne d'user de force & violence. Et sur ce qu'ils demandent par desdain & par mocquerie, Si ce sont là les expediens & moyens dont les Maisons du Parlement se sont advisées pour supprimer les Erreurs les Heresies & Blasphesmes, de desirer qu'on en confirme la To­leration par authorité de la Loy. Que les Maisons du Par­lement desirent une Toleration des Blasphemes, Heresi­es ou d'aucun Errêur condamné, [nous entendons con­damné entre les hommes religieux et doctes] il appert qu'il en est aut rement de ce qui a desja esté dict. Et nous pourrions icy repousser & rejetter contre eux toutes leur aigres & ameres paroles & injures, mais nous nous en abstenons, comme nous avons tousjours jugé a propos de le faire en plusieurs autres endroicts de leurs Escrits.

Sur ce qu'ils continuent a demander si on accordera cette Toleration a tous ceux qui par leur pernicieuses do­ctrines & actions entreprennent d'effencer & outrager la Personne du Roy & son Authorité, les Droicts & Privi­leges du Parlement, & violent haultement chasque Arti­cle de l'Alliance Solemnelle & du Convenant; Nous disons qu'on ne demande aucune Toleration pour tous ceux là, ny pour aucun d'eux. Mais qui est-ce qui mine le plus la seureté de la Personne du Roy & son Authorité, que ceux qui empeschent une heureuse reconciliation entre luy & son Peuple, en s'opposant sans sujet aux Maisons du Parlement sur un petit nombre de choses necessaires, qu'elles ont demandées pour servir d'acheminement a un [Page 60] Traicté sur tout le reste; Et qui appuyent le Roy en ses conseils & resolutions li apparemment destructives a Luy mesme, a son Authorité & a sa Posterité; Qui est-ce qui a si haultement enva hy & violé les Privileges du Parlement, tant au regard de ses Membres en particu­lier, [comme ont saict Cheissy, Bayly, Bucanan & au­tres,] que des Maisons mesmes, comme les Commissai­res d'Escosse par leur Escrits & practiques, ne s'ingerans pas seulement dans le pouvoir legislatif de ce Royaume, mais aussy entreprenans jusques a luy donner la Loy. De sorte qu'il ny a pas un Article de l'Alliance Solemnelle & du Convenant, qui n'ait este violé par eux soubs couleur d'en observer un, qu'ils ont mal interpreté & mal ap­pliqué.

Ils pou suivent, & disent que s'opposer au Convenant & a la Reformation de la Religion, mettre division entre le Roy & son Peuple, ou faire une Faction parmy l [...] Peuple au contraire de cette Alliance & Convenant, estoyent cy de­vant les marques par lesquelles on a scernoit nos Ennemis. Et que tous ceux, qui maintiennent & font ces choses, quoy qu'ils sattribu assent le nom de Saincts, doivent estre neant­moins tenus pour Incendiares, Ennemis Malins, & perni­cieux Instruments. Ce que nous ne disons pas moins qu'eux, Mais a qui conviennent ces marques plus proprement & plus a plein, qu'a ceux qui soubs le nom du Convenant s'opposent en effect au Convenant? Et qui est ce qui met si visiblement la division entre le Roy & son Peuple, que les Commissaire, d'Es osse l'ont faict par leurs procedures en l'lsle de wight, & en impri­mant & publiant tels Escrits, que ceux cy, pour faire une faction parmy le Peuple contre l'Alliance Solennelle & le Convenant? Et qui peut estre si aveuglé, qu'il ne voye [Page 61] quelle estroite affinité il y a entre leurs derniers Escrits & demandes, & celles de ces derniets Traistres Conspi­rateurs dans la Ville de Londres, Et cette bande tumul­tueuse, qui a forcé les portes du Parlement le 26 Iuillet dernier; & a la derniere Response du Roy, avec laquelle leurs Esctits s'accordent beaucoup mieux, qu'avec leurs premiers Principes & Propositions. Dequoy nous avons un Exemple & une Preuve suffisante en leur Escrit du 1. d'Aoust 1647. pendant l'absence des Orateurs du Parle­ment, & de divers Membres des deux Maisons, causée par ce Tumulte & cette violence faicte au Parlement le sus­dict 26 Iuiller, sur la fin duquel Escrit selon le desir de ces Conspirateurs & cette bande tumultueuse susmentionnée, leurs Advant-coureurs, Ils pressent que le Roy puisse estre invité de venir a Londres, en ces Paroles. Et afin que les Parlements des deux Royaumes se puissent librement & sans constraincte appliequer a Sa Majesté. Nous desirons ardemment que les Honnorables Maisons invitent Sa Ma­jesté de venir a Londres & declarent qu'elle sera icy en Seu­jesté Honneur & Liberté, sans quoy nous ne voyons aucun autre moyen probable pour le present d'obtenir une Paix seu­re & bien establie.

Quand a la Protestation des Commissaires d'Escosse contre nostro Toleration [ainsy l'appellent ils] si nous y persistons, Nous ne pouvons que nous ne declarions que ces paroles là font la plus grande usurpation verbale sur nos Droicts indubitables, & sonnent la plus haute a­larme pour porter a nue rupture entre les deux Royaume [ce qui Dieu ne veuille permettre,] qui se puisse faire, Et nous avons tous-jours dict & protesté, disons & prote­stons, que ny les Commissaires d'Escosse, ny aucun Roy­aume, ou Estat que ce soit, n'a rien a pretendre pour con­sentir [Page 62] ou contredire, attester, ou protester sur aucune chose que nous trouverons bon d'establir pour le Gouverne­ment de l'Eglize, ou de l'Estat de ce Royaume.

Et icy les Commissaires d'Escosse eussent peu taire leur estonnement & l'esmotion de leurs entrailles jusques a ce qu'ils eussent veu jetter par violence dans les Prisons, & forcer les pauvres Members de Christ d'abandonner leurs biens & leurs Pays a l'occasion de cette rigoureuse Conformité, Et jusques a ce qu'ils voyent [si Dieu ne le previent] les fruicts amers & les deplorables consequen­ces de leurs dernieres procedures en l'Isle de Wight par la continuation & renouvellement des Calamités des rrois Royaumes. Et a present comme les Commissaires d'Es­cosse disent qu'ils nous conjurent, nous conjurons aussy nos Freres d'Escosse par l'Alliance Solennelle & le Con­venant, & par toutes les Promesses, Professions & De­clarations en vertu desquelles nous avons esté induicts de nous servir de la Conjonction & Assistance de leur Roy­aume en cette Cause, qu'ils ne souffrent pas que leur Commissaires se servent de cette Conjonction a aucun autre usage, & ne l'employent a d'autres fins qu'a celles, ausquelles elle avoit esté destinée, Et qu'ils nous veuillent permettre de juger sur la terre du Reiglement de nos Af­faires, tant de l'Eglize, que de l'Estat en ce Royaume se­lon nos Droicts indubitables & fondamentaux, comme nous ne craindrons point d'en rendre compte au grand Iour du Iugement [auquel les Commissaires d'Escosse nous citent,] ayans esté plus soigneux de mettre Christ en pleine liberté, que desireux de le rendre captif; Et estant plus a propos selon nostre jugement de laisser agir Dieu contre plusieurs Erreurs [qui ne sont pas evidemment condamnés] que d'abuser de l'authorité de Dieu pour sup­primer [Page 63] une Verité. Et nous nous asseurons que tou­tes Personnes non preoccupées & partiales, qui au­ront pesé avec equité nos raisons sur l'Indulgence que nous desirons accorder, jugeront que l'Assertion des Commissaires d'Escosse, en la nommant une Toleration impie, est une calomnie sans charité, Et que l'impieté se trouve seulement en leurs imaginations, & en leurs ap­prehensions peu Chrestiennes, Et qu'ils ont jetté des faus­ses Aspersions sur nos legitimes & necessaires Resoluti­ons en cela, d'ou si aucune Rupture [telle que celle dont ils parlent, laquelle Dieu veuille empescher] arrivoit en­tre les deux Royaumes, qui sont unis par tant de liens & Rapports. Tout le Monde jugera sans doubte que les Commissaires d'Escosse auront esté les principaux Au­theurs & Promoteurs de ce malheur.

Les Commissaires d'Escosse passent a leurs Arguments pour la defense de la Couroune & des Interests du Roy.

Et disent, que nous sommes obligés par nostre Convenant Serment de Fidelité & devoir de Subjects de ne diminuer en aucune sorte, ains plustost maintenir & appuyer le juste pouvoir & la grandeur du Roy. Or nous leur demandons si le Roy n'est pas aussy obligé par son serment a son Couronnement, & pat le devoir de son Office de ne dimi­nuer rien des justes Priviledges des Parlemens, ny des Li­bertés des Subjects. S'il ne la pas faict, pourquoy se sont ils joincts a nous pour combattre contre luy? S'il l'a faict, Comment celuy qui romp sa haye se peut il plaindre qu'on empiette sur sa Terre, comme s'il eust peu faire l'ouverture d'un costé sans la faire de tous les deux? Et pour leur discours touchant la Monarchie en general, & la practique de tous les Royames, s'ils nous veulent dire sincerement ce qui se practique en cela en leur propre [Page 64] Royaume, uous ne doubtons pas, qu'ils ne nous fournis­sent de response a leurs propres Arguments. On sçait as­sés ce qui a esté & qui est encores practiqué én Escosse, comme aussy icy en Angleterre au regard du Pouvoir Legislatif & de l'administtation de la Milice sans & con­tre le consentement du Roy, Et que le Royaume d'Escos­se s'est engagé avec nous sur ces Principes là a cette Guer­re, mesme que quelques uns de ces Commissaires ont esté des plus actifs pour engager là dessus les Royaumes a cette Guerre Commune, aux Serments & Convenants, qui se­royent imposés sur les deux Royaumes, aux taxes & im­positions pour y lever de l'argent, a rejetter le Livre des Prieres Publicques & establir en sa place le Directoire, & a plusieurs autres choses, esquelles le plus grand usage du Pouvoir Legislatif consiste: Et toutes fois a present [sans faire reserve d'aucun Cas] ils Declarent que si nous prac­tiquons les mesmes choses, Tout le Monde ne doibt pas faire de nous un jugement plus favourable, que si nous arra­chions l'Espée & le Seeptre des mains du Roy: Que sa Concurrence pour l'establissement des Loix est de l'essence & de l'estre de tous les Roys, Et que luy oster sa voix Nega­tive, est contrevenir a la Practique ordinaire de ce Roy­aume & de tous les Autres. Quand a ces façons de parler desquelles ils tirent leurs Argumens, a cause que les Loix sont quelques fois appellées les Loix du Roy: Et que les Actes de Parlement commencent quelques-fois par ces mots Concessimus ou statuit Rex, ou semblables: Ils ne peuvēt pas plus conclure de là la necessité du Cōsentement du Roy, que celle de son Consentement a tous les Ar­rests & Sentences données es Cours Inferieures, que l'on appelle aussy Arrests & Sentences du Roy; Et qui com­mencent par ce mots, Carolus Dei Gratia, &c. D'ou il [Page 65] s'ensuivroit par leur Argument, qu'aucune Loy, ny Iusti­ce ne peut estre faicte & administrée dans le Royaume, que suivant la volonté & le plaisir du Roy. Et a leur au­tre Argument. Que quelquesfois le refus que le Roy fait de consentir a une Loy peut estre pour le bien de la Religion & du Royaume, Et qu'estant Roy sur diverses Nations il les peut empescher de se faire tort les unes aux autres & proteger ses Subjects des injures qu'ils se pouroyent faire entre eux mesmes.

Nous respondons qu'une telle chose peut arriver quel­quefois, mais que les cas rares sont des mauvais Princi­pes & Maximes es affaires & Constitutions Politiques. Il y a bien plus d'apparence qu'un Roy se peut plu stost mesprendre que le grand Conseil de son Royaume, Et il est bien plus croyable qu'un Roy se puisse plastost porter a empescher ce qui est pour le bien de tout le Roy­aume, que tout le Royaume Representé en Parle­ment ne voulust demander ce qui feroit pour son propre domàge. Il est beaucoup plus vray semblable, que le Roy se voulust servir d'un de ses Royaumes pour opprimer l'autre, & opposer une partie de ses Subjects a l'aute pour se rendre absolu sur eux tous, que d'empescher qu'un Royaume ne fasse tort a l'autre, ou que les Subjects d'un Royaume ne se fa [...]ent tort a eux mesmes; Les exemples du dernier sont rares, s'il s'en trouve aucuns, Mais ceux de la premiere sorte sont encores tous frais & tous sai­gnans, Et certes le Royaume d'Escosse ne peut oublier, quoy que ses Commissaires le fissent, quels efforts on a faicts les années dernieres pour-engager tantost l'un tan­tost l'autre, de ces Royaumes l'un contre l'autre, & pour diviser les Subjects des deux Royaumes entre eux mesmes [Page 66] afin que tous ensemble ils peussent estre reduists a la Condition de vrays Esclaves.

Quand a ce qu ils alleguent de nostre Declaration tou­chant la voix Negative du Roy, qu'ils tiennent estre con­traire a ce que nous avons Declare en la Preface des der­nieres Propositions; S ils comparent encore l'un avec l'autre, ils ne trouveront pas, qu'il ait une telle Diffe­rence entre ces choses la. La seule Difference qu'on y peut remarquer est, qui cy devant nous avions Declare, que c'estoit le Devoir du Roy de passer les Loix pre­sentées par les deux Maisons, qui seroyent pour le bien du Royaume, Et qu'une telle supposition ne se pouvoit pas faire, quelles en voulussent presenter aucuues, que celles qui seroyent raisonnables & justes: Et en cette Preface nous Declarons que c'est le Devoir du Roy de passer les Loix, que les deux Maisons du Parlement jugeront bon­nes & utiles pour le Royaume, en supposant que celles la sont bonnes, qu elles jugent estre telles; Et qui reut supposer que ces Loix la ne fussent bonnes pour le Roy­aume, lesquelles le Parlement juge ostre pour son bien, quoy que le Roy suivant son jugement particulier en ju­geast antrement. Mais quand les Commissaires d'Escosse disent, Qu'on ne peut pas oster au Roy le pouvoir de faire pes Loix, Et le requerit de donner son [...]sentement a tou­tes les Loix que les Maisons trouveront bonnes. Ils decouv­ren bien fort la contrarie e de leur D [...]scours, car decla­rer que c'est le Devoir du Roy de passer telles Loix, cela ne nie pas, mais affirme plustost, qu'il en a le pouvoir, qui ne luy a jrmais esté resusé quand on y a procedé en la forme ordinaire. Mais toutes fois quand il ne pent pas, ou ne veut pas faire son Devoir, & par là le Royaume se [Page 67] trouve en Danger Les maisons du Parlement y doivent suppléer, & les Subjects sont obligés d'y obeir; ce que le Royaume d'Escosse aussy bien que nous, a constamment declare & practiqué & s'est engage là dessus avec nous en cette Guerre. [...] Voire mesmes les Commissaires d'Escosse l'ont receu & approuvé cy devant, comme dans leur Escrit contenants des raisons touchant la Milice, ou parmy leurs raisons concluantes a ce que le Roy doibt avoir part a la Milice avec les deux Mai­sons ils usent auparavant de cette Preface, Qu ils ne par­lent pas des cas extraordinaires & Dangers du Royaume, quand les remedes ordinaires sont refusés comme au temps & au cas de cette Guerre, en quel cas le Parlement doibt pourvoir a la Seureté du Royaume.

Quand a la Milice, encores que ce soit le fondement de nostre Seureté & de celle de nostre Posterité, Et que ce soit le sujet principal & immediate de nostre querelle pour par ce moyen preserver la Religion & les justes Droicts & Libertés du Peuple, Et que les Commissaires d'Escosse se soyent souvent accordés là d'essus avec nous, Et que le Royaume d'Escosse ait combattu conjoincte­ment avec nous per cela mesme & sur ces principes. Tou­tesfois ils s'opposent a ce que nous n'en joüissions de l'ef­fect comme si c'estoit chose contraire au Convenant & au serment de Fidelité.

Ils entreprennent de juger de nostre Seureté & Decla­rent, Qu'ils croyent que ce que le Roy offre en son Mes­sage du Chasteau de Carisbrooke donne assés de satisfa­ction, Et toutes fois ils ne nous permettent pas puis apres d'en joüir en repos, mais ils veulent que tout aussy toft nous mettions bas toutes nos Armes, afin que tout incon­tinent apres, nous nous exposions, Er tout le bons Sub­jects [Page 68] du Royaume, qui ont adheré a cette Cause a nostre ruine & tuerie manifeste. Avons nous combattu tout ce temps cy contre le Roy, pour obtenir la Milice, afin de la remettre al'arbitrage des Commissaites d'Escosse? Et qui ne voit comme ils [...]? Ils disent a present que c'est une chose contraire a leur jugement & au Serment de Fidelité de despeüiller la Couronne, le Roy & sa Posterité du Droict & Pouvoir de la Milice, & con­firment leur opinion par les mesmes Argumens & presque les mesmes paroles desquelles le Roy a usé au commen­cement de cette Guerre dans ses Declarations; Et neant­moins ils sçcavent bien que les deux Royaumes estoyent demeurés d'accord des Propositions qui ont esté envoyées a Oxford sur lesquelles on a aprés traicté a Ʋxbridge, dans lesquelles le Roy & sa Posterité sont entierement despoüillés de ce pouvoir pour en revestir les Cōmissaires des deux Royaumes. N'estoit-ce pas un Droict du Roy- & de a Posterité, ny une rupture du Serment de Fideli­té quand les Commissaires des deux Royaumes en de­voyent estre revestus; Et I'est-ce a present que la Milice d'Angleterre doibt estre mise a la disposition des deux Maisons du Parlement? Ils sçavent bien aussv qu'estant accordé que la Milice seroit administrée distinctement & separement par chascun des Royaumes, ils y consenti­rent es mesmes termes qu'a present, quand les Proposi­tions furent envoyées a Newcastel; Et qu'ils dirent a­pres, Que ce leur estoit un desplaisir indicible, que le Roy ue les voulust point accorder. Le Chancelier d'E­scosse ne pressa-il pas le Roy de la sorte & avec des telles raisons que nous avons rapportées cy devant en la Ha­rangue qu'il luy fit a Newcastel pour l'obliger a passer les Propositions, qui luy furent envoyées là, Et la Milice [Page 69] n'en estoit elle pas une? Ces mesmes Commissaires n'of­frent ils pas en leur Response aux Resolutions des Mai­sons du 24 Septembre touchant ce qu'on feroit de la Per­sonne du Roy, Que si les Maisons vouloyent encore une fois envoyer leurs Commissaires a Sa Majesté au Nom des deux Royaumes avec pouvoir d'entendre ses Demandes, & pour tascher a luy satisfaire sur ses Doubtes & Scrupu­les [sans faire mention d'aucun pouvoir de changer au­cune chose] elles leur devoit aussy donuer pouvoir de luy faire entendre QVE SI SA MAIESTÉ NE DON NOIT SATISFACTION SVR LES PROPOSITIONS, [Desquelles la Milice estoit une & une des Principales] Les deux Royaumes sans s'appliquer d'avantage a Elle Deli­beroyont & resouldroyent ensemble depreudre un au­tre chemin pour pourvoir a leur Asseurance & Seu­reté.

Pour ce defendre ils ont recours a leurs expressions & debats de parole & a leurs Escrits par lesquels, ils ont tes­moigné n'estre pas bien satisfaicts sur plusieurs particulari­tés continues en ces Propositions là, Et parlent d'une pre­caution qu'ils ont apportée en donnant leur consentement sur la Milice, que ce seroit sans prejudice du droict & de l'Interest de la Couronne

Y avoit il une telle Precation dans les Propositions? Les Maisons du Parlement ont elles consenty a aucune de ces expressions la de parole ou autrement desquelles ils parlent? Ne s'accorderent ils pas finalement avec les Maisons que les Propositions seroyent envoyées en ces termes qu'elles le furent? N'accorderent ils pas en leurs Escrits concernans la Milice, desquels nous avons parle [Page 70] cy devant, tous autant au regard de la Milice que nous de­mandions maintenant? Comment peuvent les Commis­saires d'Escosse en une chose si claire, que celle cy preten­dre se pouvoir cacher soubs des feuilles de leurs expressi­ons verballes, & de leur discours de choses, desquelles eux mesmes s'estoyent despartis? Et encores que nous teni­ons qu'il est hors de saison de renouveller la dispute de la Milice, de laquelle, on a si long temps & si malheureu­semént debattu en Lettres noires & rouges, Dieu en a­yant jugé luy mesme en nous donnant gain de cause: Toutes-fois nous representerons a la considerarion de tous vrais Anglois, que quelque satisfaction qu'ils ayent de leur Grande Chartre, de leurs Cours de Iustice, & de leur Haute Cour de Parlement, Et de ce que leurs vies, liberté, & leurs biens, & fortunes ne sont pas a la dispo­sition & volonté d'un seul homme, & que le Roy ne peut faire aucunes Loix, ny lever ancun argent sur eux sans leur consentement es Parlements, Et que tous ceux qui com­mettront quelque offence contre leurs Loix & Libertés doivent estre amenés & punis en Iustice en une Cour, ou en l'autre, ou du moins en la Haute Cour de Parlement; Tout cecy, quelque specieux qu'il soit, ne sert de Rien si la Milice par mer & par terre est en la disposition d'un seul homme, ils sont de vrais Esclaves, & en une condition d'autant plus miserable que s'imaginans joüir de leur Li­berté, cette opinion la leur tourne en piege. Combien ri­dicules sont ces Loix là qui peuvent estre violées par la forcé, Et ne se peuvent pas defendre par la force? Quelle ridicule authorité sera celle des Cours de Justice, & de la Haute Cour du Parlement elle mesme, si elle n'est ac­compagnée du pouvoir de l'Espée, quand on sy opposera par le mesme pouvoir quand on l'affrontera & on luy re­sistera, [Page 71] ses commandemens seront mesprisé; & ses Mes­sagers repoussés a coups de pied par les rues, & ses Ar­rests & jugemens tournes en mocquerie, Sans doubte ces Peuples n'ont qu'une liberté imaginaire, desquels la liber­té n'a point d'autres murailles que de Papier & de Par­chemin pour la defendre. Et quand a cette imagination de partager le pouvoir de l'Espée entre le Roy & le Roy­aume sans excepter en cas de danger, quest-ce autre chose, que de donner pouvoir au Roy, encores que ce ne soit pas de le faire luy mesme, du moins de tenir ses Peuples saisis pendant que par un secret commandement, qu'il aura donné, on leur pourra couper la gorge, s'il peut soubs main faire un party dans le Royaume, ou y appel­ler l'Estranger [comme le Roy Iean fit,] pour l'aider a a opprimer ses Subjects & a les despoüiller de tous leurs droicts & libertés, (Et comme aussy ce Roy-cy a eu des­sein de faire, par des forces Allemandes) les empeschant soubs des beaux & specieux pretextes de faire aucuns preparatifs pour y resister jusques a ce qu'il soit trop tard pour y pourvoir. Si c'est a bonne intention de n'entre­prendre point sur les vrais Droicts des Peuples que nul Loy ne se puisse faire, ny aucune levée d'argent pour en­tretenir la Milice sans leur consentement en Parlement, cela ne peut pas en effect donner moyen au Roy de faire TOUT SEUL aucun bien au Royaume, mais le peut bien rendre capable de luy faire du mal TOUT SEUL.

Les Commissaires d'Escosse nous avoyent promis au commercement de leur Escrit, Qu'ils ne s'estendroyent pas au delà de leurs liusites, ny des conditions expresses du Convenant & du Traicté, Mais en quel endroict dans leurs limites se trouve le reiglement & disposition de no­stre Armée icy en Angleterre? Par quelle condition du [Page 72] Convenant, ou du Traicté, [ou chascun est obligé d'agir Seulement on sa propre place & vocation,] sont ils autho­risés pour nous dire quand nous desbanderons nostre Armée, & quelles & combien de Forces nous retien­drons sur pied icy en Angleterre? Ils disent que nous ne devons pas garder nos Forces sur pied pour rendre le Roy Esclave; Mais quand nous aurons desbandé nos Forces, qui nous asseurera, que le Roy & son Party ne leveront pas eux mesmes des Forces pour surcharger le Royaume & le rendre Esclave? Ils disent que quand leur Armée est retournée en Escosse, ont s'attendoit avec confiance que les Maisons debanderoyent promptement la leur. Peut e­stre s'attendoit on que cette Armée qui est soubs le com­mandement du Chevalier T. Fairfax seroit desbandée, mais on ne s'attendoit pas moins, & on s'estoit resolu que bien prés d'autant de Forces composées de Personnes qui fussent a leur approbation seroyent entretenues sur pied, ce qui n'auroit en rien soulagé le Royaume Nous voulons croire, que ceux qui sont semblant d'estre si fort sensibles des souffrancés de ce Royaume pour les Forces qu'on y entretient, n'ont pas dessein par leurs sinistres rapports d'y ammener encore une autre Armée d'Escosse pour le surcharger & luy faire porter double charge plu­stost que de le soulager. S'ils ne nous creent de nouveaux troubles nous en serons plus capables de diminuer nostre charge & de desbander un tel nombre de nos Forces, que nostre Seureté nous pourra permettre, & ce sans qu'il soit besoin de faire aucune Proposition au Roy surce sujet, comme nous les avons levées sans luyen faire aucune. Et toutesfois en nostre derniere Ordonnance pour la Milice, on avoit expressement pourveu au pouvoir de desbander [Page 73] toutes Forces, aussy bien que de les lever, quand les Mai­sons du Parlement trouveroyent bon & seur de le faire, mais non pas a la volonté des Commissaires d'Escosse, Ils disent, Que les Armées avoyent esté levées pour la de­fense de la Religion, de la Personne & Authorité du Roy, les Privileges des Parlements & la liberté des Subjects; Et lors qu'elles ne sont plus utiles a ces fins & que les Maisons peuvent consulter librement & agir en seureté sans aucune hostilité, & opposition de l'Ennemy, il est bien temps de les desbander afin que les Loix du Royaume puis­sent reprendre leur place. Icy nous ne pouvons que nous ne remarquions, Que, [comme ils font ordinairement,] quand ils parlent de la defense de la Personne & de l'Au­thorité du Roy ils obmettent cette Clause du Conve­nant, EN LA PRESERVATION DE LA VRAYE RELIGION, ET DE LA LIBERTE DES ROYAVMES. A laquel­le de ces autre fins là est on des-ja parvenu? Ils disent que la Religion ne fut jamais en plus grand danger; Et Nous disons, que les privileges des Parlemens & la liber­té des Subjects, comme aussy la Religion Protestante n'ont jamais esté en plus grand danger qu'ils sont. Et quand a ce que le Parlement consulte librement & agit en seureté, afin que nous le puissions tous-jours faire il est necessaire [comme il l'a tous jours esté des ruis cette Guerre] de tenir des Forces sur pied, Car si elles estoy­ent desbandées comme ils le desirent si instamment, nous ne consulterions pas long temps librement, & n'agirions pas long temps en seureté. Mais au contraire tantost par une semblable populace tumultueuse, que celle qui força le Parlement le 26 Iuillet dernier, & par ces Traistres Conspirateurs, & ceux, qui vouloyent dernierement su­sciter [Page 74] une nouvelle Guerre dans la ville de Londres d'un costé: tantost d'un autre par ceux, qui sont appellés Le­velers ou Esgalleurs [qui vouloyent subvertir le Gou­venement present & introduire un Anarchie & confusi­on,] les Loix du Royaume seroyent foulées aux pieds, Et aucune Court de Iustice n'auroit son cours libre. Mais nous esperons qu'aucun de la Nation Angloise ne croi­ra que les Commissaires d'Escosse ayent des plus tendres ressentiments que le Parlement d'Angleterre pour le repos, & pour la liberté du Peuple d'Angleterre, lesquelles nous [qui y avons nostre part] tiendrons autant & plus che­res que nos propres vies, & l'avons tousjours faict durant cette longue & sanglante Guerre. Et nous nous promet­tons aussy que tout homme de jugement considerera, qu'il vaut beaucoup mieux faire un peu de despense & en­durer quelque incommodité pour un temps pour asseurer & achever l'ouvrage commencé, qu'eu nous hastans trop de nous descharger attirer encore sur nous des nouveaux troubles & dangers, & des plus grandes charges que nous n'avons souffert auparavant. Le sage Prince d'Orange le Comte Gulliaume de Nassau se plaignoit ordinairement d'une chose semblable au commencement de la Guerre des Pays Bas, qu'aussy tost qu'il avoit eu quelque succés, Et qu'on se croyoit delivré de l'Ennemy en quelque Pro­vince, les Peuples faisoyent tous-jours grande instance pour estre deschargés de ses Soldats, se disans estre as­sés forts d'eux mesmes pour garder leurs villes & Provin­ces; Et que par cette trop grande securité ils se trouvoy­ent souvent exposés aux machinations & practiques de leurs Ennemis, a plusieurs sanglantes supprises, & a des cruels Massacres & Tueries.

Quand a la dispensation des Tiltres d'Honneur, nous [Page 75] nous estonnons que cette fleur de la Couronne, [com­me ils l'appellent,] leur-soit devenue si belle & d'une si bonne odeur depuis l'envoy des derniers Propositions, ou elle estoit & a quoy ils avoyent donné leur consente­ment; Et nous ne nous eston [...]ons pas moins, qu'aucun de ceux qui se sont engagés avec le Parlement en cette Cau­se puisse estre si fort alteré & si hasté deboire de cette fontaine d'honneur [ainsy appellent ils le Roy] que de ne pouvoir attendre qu'elle soit esclaircie & repurgée de la bourbe qui l'a troublée. Nous ne cognoissons encore personne de nostre Nation du costé du Parlement qui en ait gousté. Mais s'il no sagissoit que de l'honneur en cela & si nostre seureté n'en devoit pas dependre il seroit plus tolerable, quoy que ce fust nous atracher l'oeil droict pour marque d'infamie perpetuelle, mais il y a bien plus de danger, car par là nos Ennemis seront faicts nos Iuges & nous donneront la Loy; Par ce moyen la le Roy peut faire de la Maison des Seigneurs, ce qu'il voudra, quand il luy plaira; en la remplissant de ses Amis comme il les appelle. Et pourtant nous prious les Commissaires d'Escosse de se contenir dans leuts limites, Et de se mesler aussy peu de nos honneurs & charges d'Estat, que nous ferons des leurs.

Et quand au changement de la Premiere Proposition touchant la confirmation des Traictés, ou ils disent, Qu'au lieu d'une confirmation d'iceux nous demandons seule­ment une approbation de les avoir faicts. Ce que nous de­mandons est suffisant, Et les choses contenues en ces Traictes làn'estans pour la plus grande partie que pour un temps, comme touchant la levée, le reiglement & le payement de l'Armée Escossoise & semblable, elles ne [Page 76] sont pas des matieres propres & convenables, pour en fai­re une Loy constante & durable.

Et sur ce qu'ils disent, Que generalement par toutes les dernieres Propositions on a obmis tous les termes, qui font mention de l'interest commun, Et que nous avons changé la coustume qu'on avoit cy devant de joindre toutes les Propo­sitions en un corps, Et aussy que pour separer les interests des Royaumes les Propositions, qui concernent l'Angleterre sont faites a part.

Nous respondons que les Interests d'Angleterre, comme aussy le Convenant nous ont convié a en user de la sorte n'estant faict dans le Convenant aucune mention de l'in­terest commun, mais fort souvent de nos diverses places & vocations, ce qui se voit manifestement en nostre respon­se mentionnée plusieurs fois cy dessus, a leurs Escrits du 20 & a leur Lettre du 24. Octobre 1646. Et quand nous avons veu que les Commissaires d'Escosse vouloyent con­fondre les Interests & droicts particuliers & respectifs des Royaumes, Et qu'ils vouloyent prendre interest dans le Gouvernement, afin qu'ils se peussent insinuer & leur A­mis dans les profits & advantages de ce Royaume, Et quand nous avons recognu que toutes ces usurpations sur nos proprietés estoyent causées de ce que nous nous estions donné la main les uns aux autres par une amiable confiance, Et que cela se pourroit demander avec le temps comme un droict, [ce qu'on faict desja a present,] nous avons creu qu il estoit a propos de changer de train de bonne beure, Et que le meilleur moyen de prevenir tous differents c'estoit de garder entre nous & eux une distan­ce raisonnable. Et quoy qu'auparavant nous cussions en­voyé nos Propositions a Newcastel on cette façon de faire [Page 77] nostre application conjoinctement, nous envoyasmes toutesfois une Declaration aux Commissaires d'Escosse pour prevenir toutes telles demandes de leur part de la­quelle ayans eu communication, ils n'y firent jamais au­cune response, cette Declaration fuit en ces mots.

Les Seigneurs & Communs Assemblés au Parlement d'Angleterre, au nom & de la part des Royaumes d'Angle­terre, & d'Irlande, Et les Commissaires du Parlement dEscosse au nom & de la part du Royaume d'Escosse, a­yans trouvé a propos d'envoyer au Roy les humbles Demandes & Propositions pour une paix seure & bien establie, dont les Parlements des deux Royaumes sont convenu respectivement, Les Seigneurs & Communes du Parlement d'Angleterre Declarent, Que ce n'est pas leur Intention, qu'aucune telle Construction se puisse faire sur icelles, comme si l'un des Roy­aumes avoit quelque interest es matieres des Propositions de l'autre, ou au pouvoir Legislatif de l'autre touchant au­cune de ces Propositions, mais qu'il demeure distinct en chas­cun Royaume respectivement. En que nonobstant toutes Pro­cedures faites en cōmun sur lesdictes d'Propositious, chasque Royaume a pouvoir de soy mesme de continuer, rappeller, ou changer toute Loy, qui sera faicte sur ces mesmes Propositi­ons pour le Bien & Gouvernement d'un chascun des Roy­aumes respectivement: Et il est aussy par là Declaré Que les deux Maisons sont entierement resolües de matutenir & preserver inviolablement l' Alliance solennelle & le Conve­nant, & les Traicte's faicts entre les Royaumes d'Angle­terre & d'Escosse.

Pour cette Clause que est alleguée du 8 Article du Traicté il y sera respondu en son lieu, Encores que cela & les passages qu'ils quottent de nostre Declaration aux Seigneurs les Estats Generaux des Provinces Unies des [Page 78] Pays-Bas, estans allegués par eux a mesme fin en leurs Escrits touchant ce qu'on feroit de la Personne du Roy, nous y avons pleinement satisfaict en nostre Response susmentionnée ausdicts Escrits, a quoy nous nous rapor­terons. Mais quand a la Conclusion par laquelle ils fi­nissent leur Discours, Qu'ayans auparavant Declaré que nous ne pouvions recevoir la mediation des Ambassadeurs des Provinces Ʋnies pour la Paix sans le consentement du Royaume d'Escosse, Ils sont extremement marris, que les Maisons du Parlement n'ayent pas seulement permis, mais aussy approuvé, que l'Armée se m'eslast de l'establissement de la Paix du Royaume, & qu'elles ayent aussy authorisé des Commissaires pour traicter avec ladicte Armée sur les Propositions de Paix, Ce qui [disent ils] se seroit mieax accordé au Traicté & a la profession & procedure du Passé, si on en fust convenu de l'advis & consentement des deux Royaumes: Et en passant ils posent que la raison de cela est, Que ces Propositions s'accordent en beaucoup de choses avec celles que l' Armée a Proposées particularierement es mati­eres de Religion.

Sur quoy nous disons qu'ils se fussent bien passés de re­chercher la raison d'une telles chose jusques a ce qu'on leur eust accordé la matiere du Faict. Quiconque com­parera ces Propositions avec les choses que l'Armée a Proposées & avec les Propositions precedentes envoyées a Newcastel, il trouvera qu'elles s'accordent davantage en­tre elles, voire mesmes es matieres de Religion, qu'avec ce que l'Armée a Proposé.

Mais quand au sujet principal de leur plainte, Ils se sont fort trompés, ou voudroyent que le monde le fust, en disant Que les Maisons du Parlement ont authorizé des Commissaires pour Traicter avec l'Armée sur les Pro­positions [Page 79] de Paix, ou que l'Armée a faict l'office de Me­diatrice entre le Roy & le Parlement pour la Paix de la sorte que les Ambassadeurs des Provinces Unies l'eussent voulu faire, Le Parlement envoya seulement un Com­mitté dans l'Armée, pour en entendre les Demandes, comme de Gens qui s'addressoyent au Parlement seule­ment en la façon que tous Subjects le peuvent faire, sur des matieres qui les concernoyent comme Soldats, ou Subjects du Royaume, desquelles ils ont tous-jours remis le jugement au Parlement. Quand aux Officiers de l'Ar­mée du Chevalier T. Fairfax, qui ont entrepris sans e­stre authorisés des Maisons de presenter des Articles au Roy pour l'establissement de la Paix, nous n'en cognois­sons aucuns.

Et pour le Conseil qu'ils nous donnerent, lors que nous formasmes cette Armée, de faire Choix de ces Of­ficiers là seulement, qui estoyent de leur opinion, & qu'ils appelloyent personnes zelées pour la Reformation & l'u­niformité de la Religion, & de rejetter de l Armée tous ceux qui feroyent Scrupule du Convenant, comme ils l'a voyent Paraphrasé & Glossé, ce qui, a ce qu'ils pensent, auroit prevenu une infinité d'Inconvenients & de maux, Nous ne sommes point de leur advis en cela, & ne nous repentons point du Choix que nous fismes alors. Mais si nous eussions suivy le Conseil de ces Commissaires, nous eussions peu [afin de nous servir de leur propres termes] faire de la Guerre un Mestier, & une Profession.

Et a present que les Commissaires d'Escosse ont a­chevé de parler de leur Interest commun, nous pouvions bien attendre qu'ils donneroyent quelque lieu a ce mem­bre de leur Distinction, qui se rapporte aux choses qui concernent en propre le Royaume d'Angleterre. Mais [Page 80] selon leur opinion il ne faut pas que nous Ordonnions de la Milice, ou du Gouvernement de la ville de Londres, ny determinions la proportion ne la recompense pour la Cour de la Guarde Noble des Enfans Mineurs, ou des Terres des Forrests, ny de disposions des Terres des Doyens & Chapitres, que de leur advis et consen­tement. Le Royaume d'Angleterre gaignera beau­coup d'estre hors de la Tutelle du Roy s'il faut qu'il ten [...]re en celle des Commissaires d'Escosse. Dans peu de temps nous ne Gouvernerons pas nos propres Biens, ny nos Familles, nous n'achepterons ny ne vendrons rien sans avoir l advis & consentement des Commissai­res d'Escosse. La premiere chose qu'ils nous diront en suitte, ce ne sera pas seulement, ce que nous baillerons au Roy pour son Revenu, mais ce qu'il nous donnera & a Eux; Et qu'elles Charges possedera la Nation Angloise, Et qu'elles seront celles des Escossois; Et nous ne nous pouvons pas asseurer qu'ils se veuillent contenter du [...]iers des Charges de ce Royaume, comme ils l'ont cy devant proposé en quelques uns de leurs Escrits en ces mots. Sur des semblables causes & raisons, nous prions les Ho [...]norables Maisons de se joindre a nous pour faire une Demande a Sa Majesté Que dans toutes les Charges de Confiance & Offices a l'entour du Roy de la Reyne, le Prince & le reste de Sa Lignée Royalle, l' Esgalle moitié, ou du moins la troisieme partie puisse estre de la Nation Escossoisse. Et pourquoy n'ont ils pas use de la mesme Precaution pour l'entretien du Ministere, quand les Terres des Evesques de­voyent estre vendues pour payer leur Armée? Qui ne voit pas quils se messent hors de leurs places & vocations, du Gouvernement de la ville de Londres, du Revenu du Roy & de l'entretien des Ministres icy en Angleterre, [Page 81] pour-gaigner ces trois partis, Celuy du Roy, la ville de Londres & les Ministres, & par ce moyen esmouvoir des Factions parmy le Peuple, ce qui est entierement con­traire a leur Alliance Solennelle & au Convenant.

Ayans respondu au Grand Escrit des Commissaires d'Escosse qui concernoit nos dernieres Propositions, Nous respondrons brievement a l'autre de leurs Escrits, qui est touchant les quatre Ordonnances que nous avons envoyées au Roy en l'Isle de Wight pour y avoir son con­sentement, Et les Instructions données au Committé des deux Maisons, qui a eu ordre de les porter.

Les Commissaires d'Escosse disent en cet Escrit, Qu ils ne peuvent pas s'accorder a cette façon de faire, de demander le consentement de Sa Majesté a ces quatre Or­donnances avant aucun Traicté avec Sa Majesté sur les autres Propositions, ayans conceu'en leurs jugemens, que ce n'est ny pour le bien de la Religion, ny du Roy, ny des Royaumes.

Nous avons des-ja respondu pleinement & clairement a tout ce qui concerne la Religion. Et quand a ce qu'ils disent, Que les Maisons du Parlement sont en moins de danger a present qu'elles n'estoyent cy devant, eu esgard a leur Seureté, a cause qu'elles ont une puissante Armée & que le Rey n'en a point, Et qu'elles sont en un plus grand danger au regard de la Religion, veu que des hommes Armés de­mandens une Toleration de toutes sortes de Religions, ex­cepté le Papisme. Et qu'on ne peut attendre aucun bien d'un Traicté sur la Religion, Et qu'il n'y a aucune esperance de la pouvoir establir felon le Convenant, quand on aurrae confirmé par l'authorité de la Loy la continuation d'une Ar­mée composée de telles Personnes.

Par ce discours il semble qu'ils veulent donner la pre­ference [Page 82] a une Proposition pour desbander cette Armée avant celle de la Religion, Et neantmoins il ne sera pas permis aux Maisons du Parlement de donner le premier lieu a une Proposition sur laquelle ils estiment que leur Seureté est fondée avant celle de la Religion, encores que ce soit en leurs jugements pour tendre a la preservation de la Religion, elle mesme. Or, [comme nous avons dict auparavant] l'Ordonnance de la Milice ne conclud pas a tenir cette Armée sur pied, ny aucune autre plus long temps que les Maisons du Parlement ne le trouveront a propos; Mais qui ne voit pas que cet Argument icy conclud aussy fortement a l'encontre d'un Traicté sur toutes les Propositions, [qui est, ce qu'ils desirent,] tant que l'Armée sera sur pied. Et encores que la Religion fust mise au premier rang, qu'en seroyent ils plus advan­cés pour cela suivant leurs Principes, si l'Armée n'est des­bandée? Et s'il est vray, comme ils disent, que des hom­mes Armés demandent une plus ample Toleration en la Religion qu'il n'est convenable, Est ce en leur jugement le moyen de preserver la Religion de danger, de monter en un tel temps la corde trop hault a l'autre extremité en pressant une Conformité trop estroicte en toutes choses? Mais nous aurons bien tost l'occasion de par­ler plus amplement de l'Armée & de ses Principes.

Aprés cela leur Assertion estoit, Que ce n'est point pour le bien du Roy, Mais leur preuve conclud seulement que cela n'est point agreable a la volonté du Roy; De sorte que les Royaumes se seront fort mespris jusques i­cy, si ce qui est veritablement pour le bien du Roy, & ce qui luy est agreable sont des termes convertibles, & la mesme chose, Il faut qu'il se fasse une plus grande con­version en luy avant que nous puissons accorder cela. Et [Page 83] quand a ce qu'ils pensent que les Maisons du Parlement requierrent une trop excessive confiance de la part du Roy, quand elles luy demandent, qu il accorde ces Ordōnances, qui sont d'une telle importance, sans luy donner recipro­quement aucune assurance de satisfaction en quoy que ce soit, ce qui est accompagné de leur costé d'une si grande defiance qu'ils ne veulent pas consentir qu'il vienne a Londres sur aucuns termes pour y Traicter.

Nous disons que le Roy ayant resisté jusques a l'extre­miré & estant reduict a la condition en laquelle il est; Les Maisons l'ayans si souvent recherché d'accommode­ment, Et apres tout cela luy faifant un tel offre, que leur ayant accordé ce peu de choses necessaires, [desquelles elles ne peuvent se despartir sur aucuns termes, ny par au­cun Traicté,] elles traicteront sur le reste, le Roy a de là un plus grand & plus solide sujet d'asseurance de leur part, qu'aucune chose qu'il peust faire pour le Parlement ne leur en peut donner de la sienne. Car que leur peut il accorder que ce qu'elles ont des-ja? Et encores que le Roy leur eust accordé toutes les Loix & asseurances de parole qu'elles pourroyent demander, toutes-fois con­siderans le peu de fruict qu'elles en ont receüilly, & comme elles ont esté traictées cy devant sur la Requeste de Droict, & en suitte de sa promesse faicte seulement un jour devant qu'il vint pour prendre par force & vio­lence dans la Maison des Communes les cinq Membres du Parlement, quoy qu'il leur eust donné sa parole en ces mots, Et nous vous engageons Solennellement la parole d'un Roy que nous avons, & aurons tous-jours autant de seing de vous asseurer, & un chascun de vous, contre toute violence, que de nostre propre preservation & de celle de nos Enfans: Et se rossouvenant aussy comme leurs Freres [Page 84] d'Escosse ont esté traictes apres la paix faicte a Barwick, Et qu'il a plusieurs fois manqué de foy en ses promesses données en des semblables occasions, elles croyent avoir presenté un beaucoup plus grand sujet d'asseurance au Roy par l'offre qu'elles luy ont faict en l'Isle de Wight, qu'il ne leur en auroit donné s il l'eust accepté. Et nous ne pouvons que nous ne remarquions icy combien les Commissaires d'Escosse se sont trouvé trompés en l'espe­rance qu'ils avoyent conceüe de la bonne inclination du Roy a consentir a cette Proposition, qui concerne l'Ire­lande, & au reste des autres Propositions, de laquelle le Marquis d'Argyle, comme celuy qui avoir charge de porter la parole de leur part s'estoit faict fort en une Ha­rangue, qu'il fit en une Conference d'un Committé des deux Maisons le 25 Iuin 1646. sur le sujet de la Copie d'une lettre du Roy au Comte d'Ormond, par la quelle il luy ostoit le pouvoir de se mesler davantage de farre au­cun Traicté avec les Rebelles d'Irelande, Et laquelle Co­pie de Lettre fust delivrée par le Marquis d'Argyle en­cette Conference au nom des Commissaires d'Escosse a­vec ces paroles, Et je presente aussy a vos Seigneuries la Co­pie de la Lettre de Sa Majesté au Comte d'Ormond, luy offant tout pouvoir de se mesler davantage de faire aucun Traicté avec les Rebelles en Irlande, l'espere que d'est un tesmoignage que Sa Majesté veut condescendre en suitte a l'establissement de la Proposition, qui concerne l'Irelande, & du reste des autris Propositions, qui luy doivent a present estre envojóes. Nous ferons voir icy la Copie de cette Lettre & ce qui s'en est en suivy.

CHARLES ROY,

TRes-Feal, &c. Ayant long temps avec beau­coup de desplaisir regarde la deplorable con­dition en luquelle' nostre Royaume d'Jrelande, a esté de puis plusieurs années ex ca par la meschante & desesperée Rebellion, qui s'y est faicte, & les sanglants effects, qui s'en sont ensutvis; Nous nous serions entieremnet applicqués a y remedier si le dif­ferent d'entre Nous & nos Subjects icy ne nous en avoit diverty & empesché, Et n'ayans peu [pour ce regard] les reduire par force, Nous avons esté con­trainct pour la conservation presente de nos Subjects Protestants là, de vous donner pouvoir & authorité de Traicter avec eux, sur tels pieux, honnorables & seurs sondements que le bien de ce nostre Roy­aume requeroit alors; Mais pour plusieurs raisons trop longues a deduire en une Lettre, nous avons creu estre a propos de vous commander de ne passer pas plus avant a un Traicté avec les Rebelles, & de ne Nous engager a aucunes conditions avec eux aprés avoir veu la presente: Et ayant cy devant trouvé des preuves si reeles de vostre prompte obeissance à nos Commandemens, Nous ne doubterons point de vo­stre seing en cecy, qui concerne si fort nostre service & le bien de nos Subjects Protestans en Jrelande.

Nonobstant cette Lettre le Seigneur George Digby alla a Dublin au mesme temps, Et declara au Comte d'Ormond, & au Conseil là assemblé que quoy que cette Lettre là [qu'il disoit avoir esté forgée & procurée en cachette] leur defendist de continuer le Traicté avec les Rebelles, Il avoit neantmoins en ses Instructions, qu'ils y devoyent poursuivre & tascher de faire la Paix avec eux Et qu'encores que ses instructions ne fussent pas couchées par escrit, Il esperoit toutes fois qu'aucun homme d'hon­neur ne refuseroit de luy donner Creance, estant cognu pour Secretaire du Roy & personne employee ordinaire­ment pour signifier la volonté de sa Majesté. Surquoy s'estant esmeu quelque doubte & dispute dans le Conseil le Seigneur Dillon [qui en estoit, mais s'est depuis jet­té dans le party des Rebelles] desira que cela fust remis aux suffrages, Et que quiconques y donneroit sa voix negative, il fust declaré Traistre au Roy. Mais le matin suivant le Comte d'Ormond dit, qu'il estoit satisfaict tou­chant le bon plaisir du Roy là dessus, Et que sans le re­mettre aux suffrages il poursuivroit luy mesme a conclure la Paix avec les Rebelles, Et le fit ainsy.

Par là [la principale condition de cette paix du costé du Roy, estant, qu'il auroit l'assistance de 10000 Rebel­les Irelandois, qui luy devoyent estre envoyés en ce Roy­aume] les deux Royaumes peuvent juger quels foibles fondement de confiance ils peuvent avoir des Lettres & Messages du Roy, sur lesquelles choses les Commissaires d'Escosse croyent qu'il est raisonnable que nous bastissions nostre Seureté, et pour nous servir de leurs propres termes Quo le Roy dans son Message du Chasteau de Carisbrook nous a offert assés de satisfaction. Deplus, quelle lasche­té & deshonneur auroit-ce esté aux Maisons du Parle­ment [Page 87] estans en la condition en laquelle elles sont, de trai­cter soubs le Gibet, ou comme Traistres, leur cause n'e­stant pas justifiée, ny les Declarations que le Roy a pu­bliés contre elles revocquées. Et qu'elle folie eust-ce esté, estans en possession de l'Espée selon leur Droict de ne l'asseurer pas contre ses pretentions au contraire, entre leurs mains & celles de leur Posterité, avant de traicter sur aucune chose, afin, que, ny elles, ny leur Posterité ne puissent cy aprés estre reduicts a cette occasiō là a recō ­mēcer un jeu si sanglāt qu'a esté le leur depuis cette Guer­re? Et il faut tousjours remarquer que quand les Commis­saires d'Escosse par lent de l'ostre que le Roy fait du pou­voir de la Milice en son Message du Chasteau de Caris­brooke pour le temps de son Reigne, c'est a condition, qu'on recognoistra tousjours cy apres qu'elle appartient a sa Posterité; ce qui ne s'est jamais faict par aucun de nos Ancestres, comme aussy a condition, que nous accorde­rons toutes autres choses & un Traicté personnel a Lon­dres pour cet effect, de la consequence & danger duquel nous avons cy devant parlé.

En dernier lieu ils disent, Quo ce n'est pas icy a leur ju­gement le moyen de procurer le bien ny la conservation des Royaumes, qu'une Armée, qui a de tels Principes, que celle cy a, touchant la Religion & au regard de l'establissement du Gouvernement & de la Paix des Royaumes, & laquelle sans aucune authorité du Parlement, qui ait paru, s'est ac­creue au double de ce que le Parlement avoit ordonné, Et qui dans ses deruitres Remonstrances a confessé que ses far­ces surnumeraires estoyent bien 20000 hommes, qu'une telle Armée soit establie a perpetuité quand il n'y a aucunes, Forces, qui s'opposent au Parlement, Et que les Subjects soyent contraincts par une Loy faicte pour cet ef­fect, [Page 88] de se submettre pour jamais au pouvoir des Gent de Guerre & de payer les fommes qui leur seront imposées pour leur intretien.

Nous disons que l'Ordonnance pour la Milice [com­me il a esté dict] n'establit pas cette Armée, ny aucune autre pour plus long temps que les Maisons du Parle­mentne le trouveront necessaité pour la conservation du Royaume, Et que cette Assertion, que l'Armée s'est ac­creue au double sans aucune authorité du Parlement, qui ait paru, nous est aussy incognue. Et nous ne croyons pas que les Commissaires d'Escosse ayent aucun aut [...]eur de cette Information là, qui soit digne de foy, ce qui se trouve par le tesmoignage des Premieres Officiers de l'Armée, qui en sçavent mieux la verité qu'aucun autre, e­stre une faulse aspersion contre l'Armée; Et les 20000 surnumeraires, dont ils parlent, sont des forces des Pro­vinces & Garnisons qui ont esté levées par l'authorité du Parlement, & n'estoyent pas cy devant de cette Armée là, mais ont esté depuis par ordre du Parlement mises soubs le mesme commandement, afin qu'elles suffent soubs quelque discipline jusques a ce qu'elles fussent des­bandées. Quand aux Principes de l'Armée nous ne sça­vons pas ce qu'ils appellent de tels Principes. Mais il est certain que des tels Principes que ceux que nous trouvons es Escrits des Commissaires d'Escosse, qui abandonnent la Cause pour laquelle nous avons combattu, Et tous ceux qui ont hazarde toutes choses pour icelle, au bon plai­sir du Roy & de son party ne sont pas des bons Principes, ny au regard de la Religion, ny de l'establissement du Gou­vernement & de la Paix des Royaumes. D'autre part s'il va aucuns principes dangereux au regard de la Religion & de l'Estat en quelques uns de l'Armée, comme dans [Page 81] un tel corps il y a ordinairement quelques humeurs ex­travagantes, on les impute injustement a toute l'Armée, de laquelle la partie la plus digne & qui a la direction & le Gouvernement a tousjours cu des tres grand scings de purger & supprimer telles humeurs malignes, & s'est aus­sy jusques icy monstrée a toute occasion fort constante & fidele aux vrais Interests des deux Royaumes & de la Cause a laquelle elle s'est engagée, & de tous autres qui s'y sont engagés. Et dans le temps des plus grands trou­bles de nos Freres d'Escosse, quand ils estoyent au plus bas du reflus, & leur armée defaicte par Montrosse a Kalsith, Les Commandeurs & Officiers de cetre Armée, a la­quelle ils imputent de si mauvais principes, tesmoigne­rent leur tendre sympathie de leurs souffrances & leur vraye cordialité envers eux, de quoy les Commissaires d'Escosse, [que nous souhaitterions n'estre pas emportés d'envie] leur ont faict une ingratte recognoissance pour tant d'affection & de tendreur qu'ils tesmoignerent & exprimerent alors envers leur Nation en cette lettre addressée a leur Armée, laquelle nous avons transcrite, comme il sensuit.

Ce qui soit agreable a Vostre Excel­lence, Et au reste de nos honnorables Amis, & Freres Bien-aimés.

CE n'a pas esté sans beaucoup de desplaisir, quo nous avons receu la triste nouvelle de l'estat de vos affaires en Escosse, & jusques ou il a pleu a Dieu pour ses meilleures & secretes fins de souffrir que l'Ennemy prevalust là, Et nous [parlans sans [Page 90] seintise] ne sommes pas moins sensibles as vos, maux, que vous l'avés esté & l'estes des nostres, & que nous le sommes des nostres propres; & plus nous avons de sujet de sympa­thiser avec vous, plus nos entrailles s'esmeuvent au de­dans de nous envers vous, a cause que tout ce que vous souf­frés apresent en vostre propre Royaume, est principalement causé, de ce que vous nous avés assistés dans les nostres, contre le pouvoir qui s'estoit eslevé contre le Seigneur luy mesme & contre ses Oincts; Et pourtant nous ne pouvons oublier les souffrances que vostre affection a attiré survous, mais avons trouvé bon a present voire parmy nos plus grandes affaires de vous faire sçavoir que quand celles de ce Royeume nous le pourrent permettre [si le Parlement approuve que nous vous donnions secours & si vous l'acceptés,] nous serens tous­jours fort portés a vous assister & servir fidelement en vostre Royaume, [s'il en est besoing] & a nous engager nous mes­mes a ruiner vos Ennemis & a vous restablir en Paix: Ce­pendant nous tascherons de vous aider par nos Prieres & de l [...]icter avec Dieu pour obtenir une benediction de luy sur les deux Nations, entre lesquelles outre plusieurs fortes relations & engagemens nous esperons que l'unité de l'esprit sera le plus seur lien de paix, Ce que nous vous prious de croi­re nonobstant toutes suggestions de Ialousie au contraire vous asseurans, que vous trouverés tous jours que c'est d'une inte­grité de coeur que procede ce sentiment que nous avons de ves souffrances & l'entiere resolution que nous avons prise de suivre toute vocation de Dion pour vostre secours, comme il est convenable

A Vos Amis Chrestiens & Serviteurs au Seigneur,
  • [Page 91]THOMAS FAIRFAX.
  • OLIVER CROMWEL.
  • HENRY JRETON.
  • Edward Montague.
  • Richard Fortescue.
  • Hardresse Waller.
  • James Gray.
  • Robert Hamond.
  • Thomas Pride.
  • Robert Pye.
  • Thomas Rainsborough.
  • Thomas Sheffield.
  • Charles Fleetwood.
  • Ralph Welden.
  • Thomas Hammon.
  • Richard Ingoldsby.
  • John Pickering.
  • William Herbert.
  • John Raymond.
  • Leonard Watson.
  • Arthur Eveling.
  • Richard Deane.
  • Thomas Jackson.
  • John Desborough.
  • Christopher Bethel.

Touchant la pretention des Commissaires d'Escosse d'avoir Interest en la matiere de nos Propositions de Paix & de nos Ordonnances en vertu du huictieme Article du Traicté, ou il est pourveu Que nulle Cessation d'armes, ny Pacification, eu accord quelquonque pour la Paix ne se fera par l'un des Royaumes, ny par les Armées d'un des Royaumes, D'ou ils concluent que toutes Propositions de Paix & toutes Ordennances contenans aucunes des deman­des pour la Paix, & le contentement du Roy sur icelles sont des Accords de Paix & pourtant que c'est violer le Traicté de les offrer au Roy sans l'advis & Consentement du Roy­aume d' Escosse, Et qu'ils out desiré de voir ces quatro Or­donnances, d'autant plustost, que du Tiltre de l'Ordonnance pour la Milice, ils recognoissent qu'elle s'estend jusques a [Page 92] establir & entretenir des Forces en la Ville de Barwick ce qui est contraire au Grand Traicté d'entre les deux Roy­aumes: A quoy les Maisons ont donné leur Response, Que par le Privilege, Droict & Coustume du Royaume & Par­lement d'Angleterre les Ordonnances passées. aux deux Maisons pour estre presentées au Roy & y avoir son con­sentement Royal, ne se doivent communiquer a aucun autre qui qu'il soit, tant au regard de la matiere que la forme, avant que sa response y soit donnée, Et qu'il n'y a rien en aucun Article du Traicté d'entre les Royaumes, qui soit au contraire: Et qu'ils repartirent que les Or­donnances presentés a Sa Majesté a Oxford l'an 1644. leur avoyent esté communiquées avant qu'on les envoyast au Roy.

Sur la derniere partie nous disons, que c'est se mesprendre grossierement en matiere de Faict, Car ces Ordonnances qui leur furent monstrées avoyent esté pretensées au Roy a Oxford & refusées de luy devant l'année 1644. devant le Traicté sur le Convenant, & devant la venue de l'Ar­mée d'Escosse en Angleterre.

Quand a leur plainte touchant Barwick les Habitans de cette Ville là pouvoyent estre exercés aux armes quoy qu'il n'y deut avoir aucune Garnison establie. Et dans les Propositions envoyées a Newcastel, le pouvoir de la Milice dans Barwick aussy bien qu'es autres places e­stoit expressement remis a la disposition des Maisons du Parlement, a quoy les Commissaires d'Escosse s'estoyent accordés, & toutesfois cela estoit sans prejudice du Traicté, car on entendoit qu'il y avoit son raport, Et ainly de mesme es Ordonnances, qui establissoyent le pouvoir seulement au regard du Roy & du Parlement, en sorte toutesfois qu'il ne s'exerceroit que suivant la [Page 93] Condition portée au Traicté, contre lequel s'il se fust faict ou attempté aucune chose, il eust esté asses temps de s'en plaindre: Car il ne s'ensuit en aucune sorte, qu'en vertu d'un Traicté faict entre deux Estats, un Estat estranger doive avoir cognoissance ou donner son consentement sur des Loix d'une autre Nation, soubs pretexte d'empescher que rien ne s'y passe qui soit con­traire au Traicté, ce qui, quand il appert estre de Faict, il est alors temps pour l'Estat, qui y est interes­sé de s'en plaindre.

Mais quand au principal poinct dont il est question, Si le Royaume d'Escosse a Interest en la matiere de nos Propositions & des Ordonnances qui contiennent nos desirs & demandes pour asseurer la Paix, en ver­tu du huictieme Article du Traicté cy devant al­legué.

Premietement la Declaration des deux Maisons du vingtneufieme. Iuin 1646. Susmentionnée est expresse­ment contraire a cette Pretention la, laquelle ayant e­sté communiquée aux Commissaires d'Escosse, & eux n'y ayant rien repliqué les Maisons ont eu grand sujet de là de croire que leur droict ne leur estoit point contesté.

En second lieu personne ne peut lire cet Article sans partialité, quil ne confesse, qu'il ne pouvoit estre plus long temps en force, que pendant que la Guerre duroit, & que les Armées des deux costés estoyent employées, & qu'il ne prenne fin avec la guerre, Et qu'a present il ny a plus d'Ennemy sur pied, ce que les Commis­saires d'Escosse ont souvent recognu dans leurs Es­crits. Et pour dire vray quelle Paix peut on faire ou il ny a point de guerre? Et avec qui la feroit on, quand il n'y a plus d'Ennemy? Un Article de cette nature là en [Page 94] toute Guerre entreprise en commun par des Princes ou Estats Alliés contre un Ennemy Commun a lieu quand la guette se finit par un Traicté & non pas quand les Ennemis sont entierement ruinés & soubmis; le vray & clair sens & intention de cet Article fondés sur l'e­quité estans, que l'un des Alliés ne puisse asseurer sa paix par un Traicté avec l'Ennemy en laissant l'autre dans le danger, mais il n'engage pas l'un des Estate dans les fins & interests particuliers de l'autro & ne rend pas l'un Iuge de l'autre en ces choses là; Comme si la France par son Association avec la Hollande pre­tendoit le droict d'ordonner jusques ou les Hollan­dois doivent porter les bornes de leur Liberté avec le Roy d'Espagne, ou qu'elle Religion ils establiront dans leurs Prouinces.

Ayans respondu a toutes les objections & plaintes que les Commissaires d'Escosse ont faictes sur nos der­nieres Propositions, & sur la forme & maniere de no­stre application au Roy en nostre dernier Message en l'Isle de Wight. Et les choses contenues en ces quatre Ordonnances estans les mesmes, ausquelles les Commis­saires d'Escosse ont souvent consenty auparavant, [si on en excepte seulement la Loy Declaratoire touchant l'Adjournement du Parlement, en laquelle ils ne peu­vent pretendre aucune apparence d'Interest,] Et tout le reste [S'il y eust eu aucun juste sujet d'y contredire,] e­stant soubmis a un Traicté, Nous ne nous pouvons ima­giner quelle cause les Commissaires d'Escosse peuvent avoir eu de s'exprimer en des tels rermes, qu'ils font dans leurs Escrits, & d'user des procedures desquelles ils ont use eu l'Ille de Wight, au danger de causer une rupture & division entre les deux Nations, Ce qui, comme nous [Page 95] esperons, sera prevenu par la prudence & sagesse de nos Freres d'Escosse & par les soings, que nous y apporte­rons moyennant la benediction de Dieu sur eux & sur Nous. La Cause n'est elle pas la mesme qu'elle estoit cy devant au regard du Roy & de son Party? Le Roy & son Party ne sont ils pas portés des mesmes passions contre cette Cause qu'ils ont tous-jours esté cy devant? En quoy nous sommes nous esloignés de nos Principes? En quoy ont ils quitté les leurs, que les affections, & le language des Commissaires d'Escosse soyent si fort chan­gés a leur regard & au nostre? L'Union Fraternelle des deux Royaumes n'est elle pas aussy utile & reces­saire a present, qu'elle a jamais esté? La division entre eux ne leur est elle pas maintenant aussy dangereuse & destructive que jamais? N'est ce pas icy le seul moyen qui reste a la faction des Papistes & Prelats, qui sont dans les Pays Estranges, apres que nous nous scrons coupé la Chevelure en laquelle gist nostre Force, de re­fourner sur nous & reduire nos Pays en desolation? Quelle Reformation en la Religion, ou en son Gou­vernement & Discipline peuvent attendre nos Freres d'Escosse du Roy, & de son Party plustost que du Par­lement, le Desseing formé de cé Party là estant de restablir le Gouvernement Episcopal, qui ramenera les Innovations du Papisme, & le Papisme mesme? Comment alors seront changées les esperances & les voeux de toutes les Eglizes Reformées de delà la Mer en Lamentations & defespoir? Si l'un des Royaumes se laisse seduire jusque là que d'affister le Roy & son Party pour luy aider a ruiner l'autre que peut il attendre pounce service là de la part de l'Ennemy, qu'une courtoisie sem­blable [Page 88] a celle, dont usoit Polyphemus envers ses Amis, qui est d'estre devorés les derniers? Et pourtant nous prions tous ceux des deux Royaumes, qui persistent en leur fi­deliré envers cette Cause, de considerer sereusement ces choses, & souhaittons que Dieu par sa grace nous donne la prudence de recoignoistre ceux qui taschent a nous divi­ser & de remarquer d'ou ils puisent leurs eaux empoison­nées, qui ne peut estre d'autre lieu que de cette Ancienne source & Fontaine de tous nos maux: Est ce a present le tēps de l'ouvrir & de luy dōner son cours libre, avāt qu'elle soit netoyée, & purifiée & qu'elle nous produise des eaux pures & salutaires, au lieu de ces ruisseaux infectés pour nous enpoisonner de Divisions entre nous: A fin que nous Ennemis, qui ont tousjours eu pour desseing de nous ex­terminer comme des malfaicteurs & Traistres, ayent le pas­setemps de nous voire destruire les uns les autres, comme des Insensés, Et que nous devenions par ce moyen là en mesme temps le sujet de leur mocquerie aussy bien que de leur vengeance & cruauté, Et que nous tournions en opprobre, brocard, & sifflement a toutes les Nations qui nous environnent.

FIN.

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