UNE LETTRE DE S. A. MADAME De TURENNE, A Madamoiselle De CASTELNAƲT, A LONDRES.

SI vous n'esteé accoustumée de long temps, ma chere Cousine, à supporter & à par­donner ma paresse, je serors en peine du jugement que vous faites de mon silence, & de ce que j'ay tant differe à repondre a la derniere lettre que j'ay re­ceve de vous, Mats si vostre facilite me met à couvert des reproches que vous auries droit de me faire, elle ne me garentit pas de ceux que je me dois faire a moy mesme lors que je neglige de vous donner [Page 8] les marques qui sont en ma pu­issance, de la tendresse que jay pour vous; Il est vray que j'aurois plus d'empressement à vous en donner des prevues es­sentielles & utiles que je n'en ay a vous en faire voir ces foi­bles asseurances: & je vous as­sure, ma chere Cousine, que les occasions m'en seront tousiours fort cheres, & que je les em­brasseray de bon coeur toutes les fois que je le pourray, Jay pourtant à vous faire une plainte de vous mesme, que vous m'avéz encore escrit a vec ceremonie, & que vous n'avéz pas voulu suiure cette métode icy qui est beaucoup plus libre & plus commode, & sans men­tir c'est ce qui à encore un peu aydé a ma paresse car je suis si discoutumeé d'escrire en forme & sur tout aux gens que j'ayme cordialement, qui je [Page 9] ne scay comēt m'y prendre et je craignois qu'ily ait trop d'in ci­vilité apres tous les complimēts qui vous me faites d'en user avec tant de liberté. En fin pour­tant jay creu Madamoiselle ma chere Cousine, que cela ne seroit pas capable de vous faire sub­sonner que je manquasse à join­dre a l'affection qui j'ay pour vous, tous les sentemens d'hon­neur & de consideration qui vous sont deu, & à quoy je suis plus particulierement obligeé qu'une autre et par la proximité & par quantité d'autres raisons. Etsi pourquoy je me suis fermee a continuer den user de cette sorte dans la resolution de vous vainere & de vous obliger d'én faire de mesme autrement ja­voue que je prendrois ce refus pour un certein compliment qui marqueroit plus de civilite que d'amitie, & pour une espece de renoncement au commerce je [Page 10] veux done atendre de vous chere Cousine, une Lettre fort tendre & peu ceremonieuse & je vous les demande de cette sorte & de recevoir celle cy de la mesme affection qu'elle vous est écrite. Il me tarde fort que nous ayons la satisfaction de vous revoir en ce pays cy, vous au és bien veu desja des revo­lutions en celuy ou vous estes, & quelque desir que je souhaite de tout mon coeur que vous y puissiés encore voir celle que l'estat present des affaires nous donne lieu de pouvoir bien tost esperer, & que tous les gens de bien desirent avec une extreme passion, qui est le retour du Roy dans son premier éclat & sa pre­miere authorite jay tousiours souhaite avec grande passion le retablissement de ce Prince par diverses considerations & par le desir qu'il me semble que cha­cun [Page 11] doit avoir que les choses se fasent dans la justice, & par l'horreur du crime commis sur la personne du Roy son pere qui a depuis attiré de si terribles jugemens sur ces nations, & vne li effroyable confusion parmy les Eglises que Dieu y auoit recueillies & quil y auoit fait fleurir avec tant d'eclat et de pu­reté, qu'on ne peut s'empescher de pleurer sur leurs ruines aussi a meremēt qu' Edras, Nehemie, & Daniel sur celles de Jerusalem, jusqu' à ce quil ait pleu au Sei­gneur de nous ex aucer & de les retablir, j'avoue que je ne crois point que ce peche se puisse ex­pier, ny cet interdit estre osté du milieu d'eux que par le retablis­sement de leur legitime & So­uerain Seigneur & en luy ren­dāt la puissance qu'il à receue de Dieu & qui depuis long temps on usurpe sur luy, le mesme qui nous ordonne de rendre à Dieu [Page 12] ce qui appartient a Dieu, nous commāde aussi de rendre a Ce­zar ce qui appartient a Cezar, de sorte que je crois que celuy qui voudroit le contenter dun de ces deux devoirs, & separer ainsy les choses qui Dieu a con­jointes, ne satisferoit a aucun, & un seruice ainsy es-tropié se­roit bien moins acceptable par mi les Christiens, que nestoit une offrande mutilee parmi les Juifs. Ces considerations me font souhaiter avec grande passion que Dieu inspire ces na­tions a faire leur devoir, mais javoue que je redouble mes voeux & mon ardeur lors qui j'oy dire que ceux qui gouver­nent a present ne sont plus tous ces Sectaires, mais des gens de nostre profession. Ils ont eu le malheur d'estre calomnies par le; adversaires comme complices de la mort de leur Souverain, & cette infame acusation semble [Page 13] avoir noircy tous leurs freres; lové soit le Dieu de misericorde qui leur presente une si belle oc­casion de s'en lauer & d'en ofter la reproche d'une si sainte pro­fession qu'est la nostre, de que nous nous sommes tous jours vātés qu' elle auoit cet auantage par dessus toutes les autres d'ap­prendre mieux qu' aucun ce que l'ondoit aux Souverains & de ne permettre sous aucun pre­texte qu'on se dispensant du ser­ment de fidelité qu' on leur au­roit presté, j'ay une telle impati­ence d'apprendre qu' on l'ait re­tablie en honneur de ce costé la par une action si juste & si belle, que je ne vous puis dire avec combien d'affection je le de­manday a Dieu le jour du jusne que nous celebrasmes le semain de Pasque a Charenton: & com­bien je luy demande tous les jours, & je crois quil n'y a guere de gens qui s'affectionent à la [Page 14] Paix de Jerusalem qui ne luy facent cette priere, & je vois tous ceux de nostre profession en ce Royaune out plus ce desir que jamais, soit que Dieu leur inspire ce mouvement dans le temps qu'il veut faire son oeuvre de l'en prier plus instament, comme il se plaist souuent a faire rencontrer les voeux de ses enfans avec les decrets de sa providence, soit que l'on ait mieux remarqué depuis quelque temps des effets de la pieté du Roy d' Angleterre qui fait que l'on sinteresse plus sensiblement a ce qui le touche. Pour moy j'avoue que j'en fus tres satisfaite quand j'eu l'honeur de luy faire la reverance la derniere fois qu'il a passe en ce pais, l ayant ouy parler auce tant de tes moignages de piete j'en fus tres edifiée, Il voulut aussi donner cette marque de sa communion avec nos Eglises d'aller au [Page 15] presche a la Rochel & Rouen en passant, & sil eust sejourné icy nons eussions eu l'honeur de le voir à Charenton, il ne se peut rien ajouster a la regulari­té qu'a ce Prince a assister tous les jours aux exercices de piete qui se font ches luy soir & ma­tin; en fin je loue Dieu de ce que lon void sur luy des marques de l'Election de Diu & j'espere qui'l se servira de luy pour reta­blir ce que nous avous veu au­tre fois auec tant de plaisir en ses Etats, & que ses Sujets au­ront lieu de benir le Seigneur de leur auoir mis au coeur de ren­dre a leur Roy sa couronne, mais aussi belle qu'il l'eut ja­mais, & sans la vouloir flestrir & gaster en la luy mettant sur la teste. Je prie Dieu de tout mon coeur qu'il leur en face la grace, & je l'ay si fort au coeur qui je me laisse aller à vous en faire une longue lettre qui a de­lair [Page 16] d'un petit volume, mais cest qui je crois, chere cousine, que comme vous estes sur les lieux, il est du devoir de contri­buer tous jours autant que l'on peut a donner cette pensée a ceux qui ne l'auroient pas, & que chacun doit avoir l'ambiti­on dapporter sa petite pierre a cet excellent ouvrage. Comme je souhaite fort que ceux a qui je m'interesse s'employēt aux cho­ses bonnes je serois rauye que Madame vostre belle soeur & vous peussiés contribuer quel­que chose a cecy, obliges moy je vous supplie de I'asseurer de mon service tres humble & de me croire tout a vous

A LETTER from the PRINCESS of TURENNE To a Noble Lady her Cousin German, Madam de Castelnaut; at LONDON.

IF you had not been for a long time accustomed to bear with, and to pardon my laziness, I should be in pain for the judg­ment you might make of my si­lence, and that I have delayed so long to answer the last Letter I received from you: But if your goodness protects me from the reproaches which you have reason to charge me with, it does not secure me from those which I ought to lay to my own charge, when I neglect to give you such [Page 8] testimonies as I am able of the tenderness I have for you. It is true that I shall be more earnest to give you real and useful proofs of it, then I am to let you see these weak assurances; and you may be confident, my dear Cousin, that I shall ever cherish such opportunities, and embrace them with all my heart as often as I am able. Yet I must complain of you to your self, because you have again written to me with ceremonie, and did not follow this method which is more frank and more convenient; and truly this was the thing which did contribute to my lasiness; for I am so un­acquainted with formall wri­ting, especially to those I love so heartily, that I know not how to set my self to it, and I was afraid that it would be too un­civil to use such freedome after [Page 9] all those complements you gave me; Yet at last, Madam my dear Cousin, I thought this should not make you suspect that I could fail to join to that affe­ction I have for you, all those re­sentments of honour and respect which are due to you, and to which I am more particularly obleiged then another, both by nearness in bloud, and by many other reasons: therefore I am fixed to continue in this way in the resolution to overcome you, and to oblige you to do so too; otherwise, I do declare, that I shall take a refusall for such a complement as witnesses more civility then friendship, and for a kind of renouncing of this com­merce. I will therefore, Dear Cousin, expect a very kinde Let­ter with little Ceremonie, such a one I doe desire, and that you would receive this with the same affection wherewith I do write [Page 10] it. I long much for the satis­faction to see you again in this Countrey, you have already seen many revolutions in that where you are; and whatever my long­ing be for your return, I do a­vow it, That I wish with all my heart you may yet see there that change, which the present condi­tion of affairs gives us reason to hope very shortly, and which all good men desire with an ex­tream passion: that is, The KINGS return into his for­mer Lustre and Authoritie. I have ever wished with great passion the re-establishement of that Prince for divers reasons, both for the desire which I think every one ought to have, that things be done according to Justice, and for the horror of the crime committed upon the person of the King his father, which hath since drawn down such ter­rible judgments on those nations, [Page 11] and so fearful confusions in those Churches, which God had gather­ed there, and which he had made flourish with so much lustre and purity, that one cannot forbear to weep over their ruine as bitterly as Ezra, Nehemiah, and Da­niel did over that of Jerusalem, untill it may please the Lord to hear us & settle thē. I profess I cannot believe that that sin can be expiat, nor the interdit re­moved from among them, but by the re-establishmēt of their law­ful and Soveraign Lord, and by the rendring to him, that power which he received from God, and which for so long a time hath been usurped over him. The same who commands to give God the things which are Gods, commands us also to ren­der to Caesar the things that are Caesars: So that I believe that he who would content himself with one of these two duties, and [Page 12] so separate the things which God hath joined, should satisfie weither, and that so lame a ser­vice should be less acceptable a­mong Christians then a lame of­fering was among the Jews. These considerations make me wish with great passion that God would inspire those Nations to do their dutie; but I do avow it, that I double my prayers and my zeal when I hear that the pre­sent Governours are no more those sectaries, but men of our profession. They have had the misfortune to be slandered by the adversaries, as accessarie to the death of their Soveraign, and that infamous accusation seems to have blackt all their brethren. Blessed be the God of mercie who presents to them so fair an occasion to clear them­selves, and to remove that re­proach from so holy a profession as ours is, which we have ever [Page 13] bragged to have this advantage above all others, in that it did teach us better then any other that which we owe to Sove­raigns, and did not permit that men should under any pretext whatsoever dispense themselves of the Oath of Fidelity which they have taken. I have so great an impatiencie to hear that they have there so reesta­blisht it by so just and so lovely an action, that I cannot tell you with how much affection I begg'd it of God on the Fast day which we kept at Charenton last Ea­ster week, and how earnestly I do beg it every day: And I believe there be few lovers of the Peace of Jerusalem who make not the same prayer; and I see that all those of our profession in this kingdom are more earnest in this then ever: Whether it be that God inspires this moti­on to pray more earnestly in a [Page 14] time when he will doe his work (as he is often pleased to make the prayers of his children meet with the decrees of his provi­dence) or whether they have taken more notice of late of the effects of the Piety of the KING of England, which makes them interess themselves more sensibly in his concerns. For my own part I profess it, that I was exceedingly satis­fied when I had the honour to pay my respects to him the last time he past through this Coun­trey, having heard him speak with so great testimonies of pie­ty, that I was extreamly edi­fied. He was also pleased to give this mark of his communi­on with our Churches as to go to Sermon at Rochell and at Rouen in his passage; and if he had stayed here, we had had the honour to have seen him at Charenton. There can no­thing [Page 15] be added to the regularity which this Prince keeps in as­sisting dayly at those exercises of Piety which are kept mor­ning and evening in his family: In a word I bless God because the marks of God's Election are seen in Him: and I hope God will use his service for re­establishing what we have before seen with so much pleasure in his Dominions, and that his Subjects will have cause to bless the Lord for putting it into their hearts, to render to their King His Crown, and as fair as ever he had it, and without spoiling or defacing it in setting it on his head; I pray God with all my heart that he may give them this Grace, and I do so lay it to heart, that I take the li­bertie to write you a long Letter of it, which looks like a little vo­lume. But it is, dear Cousin, be­cause I beleeve that as you are on [Page 16] the place, it is a point of duty to contribute always what one can to infuse these thoughts in such as have them not, and that eve­ry one ought to be ambitious to bring their little stone toward that excellent work. As I do desire very much that those in whom I am concerned may em­ploy themselves toward what is excellent, I shall be very glad that my Lady your Sister in Law, and you might contribute somwhat to this; Obliege me by assuring her of my most humble service, and by beleeving me al­together

UNE LETTRE De Monsieur DAILLE a Monsieur LE ROY.

UN de mes a mis m'ayant prie depuis peu de luy faire venir un exemplaire de la grand Bible de Londres, je me suis souvenu que vous nous offrites I' hyver passé, a Mon­sieur Duret et a moy, de nous en faire avoir une pour cinquante escus; de sorte que j' ay creu que je ne pouvois mieux m'a­dresser qu'àvous, dans cette rencontre, afin de servir mon amy, & jéspere que vous ne me refuserés pas la grace que je vous demande de me faire sca­voir, si vous estes encore en pouvoir de nous tenir promesse & de m'envoyer ce liure au pris [Page 18] que vous nous avés dit: Au reste je ne puis m'empescher de me rejouir icy avec vous des heureuses nouvelles qui nous vienent du lieu oùvous estes, & qui nous aprenent que les desirs de tous les peuples y semblent rapeller, d'une commune voix, leur Roy naturel & legitime. Outre que la genorosité & I'é­quité mesme nous obligent à souhaiter que ce Prince rentre dans son Royaume & dans son Patrimoine, dont il a esté in­justement depouillé, nous le de­vons encore desirer pour I'hon­neur de nostre Religion, qui nous doit estre plus cher que tout autre interest. Car lors que nos adversaires la voulurent charger autrefois du blasme de la mort du feu Roy d'Angle­terre, vous savés que nous seumes fort bien nous deffendre de ce reproche, en le rejettāt tout [Page 19] entier sur les Sectaires, qui en ef­fect estoient seules coupables de cet horrible crime: Mais au­jourd'huy nous ne sommes plus dans les mesmes termes, puisque les choses ont changé de face, le Sectairisme ayant perdu son credit, ou du moins estant de­chû de la puissance Souveraine, qui estoit en ses mains, & au con­taire le parti Presbyterien, qui est le nostre, estant celuy qui gouverne presentement en An­gleterre: De maniere que s'il laisse échaper la belle occasion que Dieu semble luy ouvrir, de retablir S. M. Britanique dans ses Estats, & le faire remon­ter sur le trosne de ses Ancestres, il est tout clair qu'il n'y aura plus lieu de s'excuser sur les Sectaires, ny de laver nostre sainte Religion, de cette tache, dont, par la grace de Dieu, elle s'est tousjours conservée pure & [Page 20] nette jusques à present: Je scay bien que l'on fact courir de mau­vais bruits de la Religion de ce Prince, & je ne doute point qu'il n'y ait des gens à Londres aussi bien qu'à Paris, qui taschent de persuader au monde, qu'il à quitté nostre Communion pour embrasser celle de Rome. Mais qui pourroit croire une chose qui est si contraire à toute vray semblance? Il ne nous paroist rien de cela, au contraire, nous scavons que quoique ce Prince ait este obligé par l'Estat de sa condition presente, à viure quel­que fois dans des lieur où l'exer­cice de nostre Religion n'est pas permis, neantmoins il a tousjours eu aupres de sa per­sonne, ses Chapelains, qui ne sont rien moins que Papistes, & qui par tout ont fact reglement en sa presence, les prieres & les autres parties du service divin. [Page 21] De plus tout Paris & toute la terre a seu, la colere & la juste indignation qu'il tesmoigna lors qu'il aprit les efforts qu'on avoit employés, quoy qu'inutilement pour faire revolter le Duc de Glocester; & si d'un costé ce jeune Prince fit alors admirer sa Pieté & sa Constance, par la firme resistance qu'il oposa dans une age si tendre, à une si vio­lante & si dangereuse persecu­tion, aussi d'autre part ce qu'il se retira auprés du Roy son fre­re, & qu'il y chercha un asyle à sa Religion, est une marque bien certaine, que le Roy n'a­voit pas quitté cette Religion, puis que si cela eusi esté, le Duc de Glocester au lieu d'un Pro­tecteur eusi trouve en luy un ennemy, & la perte de sa con­science où il en cherchoit la seu­reté, & où il la rencontra en effet. On objecte à cela que [Page 22] durant tout le temps que S. M. Britanique a passé à la Cour de France, elle ne s'est jamais trou­vée dans les assembleés religieu­ses de ceux de nostre communi­on, & qu' entre autres, elle n'est pas venue une seule fois à Charenton, aux jours de nos ex­ercices. Mais quoy que cela puisse peut estre sembler d'abord etrange à ceux qui n'en scavent pas la raison, neantmoins com­me nous en sommes mieux in­formez que personne, nous pouvons luy rendre tesmoi­gnage, que la Religion n'en a point esté cause, & qu'il n'en a este empesche que par des con­siderations de Politique et de Prudence, qui sont, peut estre, particulieres à nostre Eglise; et pour preuve de cela, c'est que quand le Roy d' Angleterre a este hors de Paris, il n'a point fait difficulte d'aller au presche [Page 23] dans les Temples de nos freres, comme par exemple à Caën, & en quelques autres villes. Et en Holande tout de mesme, il a este ouir diverses fois les predi­cations du celebre M. Morus, qui est à present nostre Col­legue.

Ainsy, Monsieur, il est plus clair que le jour, que tout ce que l'on a dit jusqu'icy de son chan­gement de Religion, est vne pure calomnie, semée par l'arti­fice de ses ennemis, pour le de­crier dans l'esprit de ses Sujets, et pour aliener de luy leurs affecti­ons & leur bonne volonte, & enfin pour rompre l'effet des justes voeux, qu'ils forment au­jourdhuy pour son heureux re­tour en Angleterre.

Dieu vueille les exaucer, par sa justice toute puissante, & comme c'est luy qui a inspire ces bons desseins dans le coeur de [Page 24] son peuple, & qui semble dispo­ser toutes choses à leur accom­plissement, qu'il luy plaise benir la suite de cet ouvrage, & le fair reussir a sa glorie & a celle de son oint, & sur tout à l'edifi­cation de son Eglise; je l'en prie de toute mon ame, & vous recomande particulierement à sa grace, comme estant.

A LETTER Of Monsieur DAILLE to Monsieur LE ROY.

ONe of my Friends ha­ving desired me a little while since, to send him a Co­py of the great Bible Printed at London, I remembred, that the last Winter you proposed to send one to Monsieur Duret, & myself, for fifty Crowns; so that I believed, that in this occasion I could not make an Address to any with more conveniency then to you, that my friend might be provided; and I hope you will grant me the favor which I re­quest of you, to inform me, Whe­ther you can at present perform your promise, and send me this Book for the price which you [Page 18] formerly exprest. Moreover, I cannot but rejoyce with you for the happy news which is con­veyed to us from the place where you are; whereby we are infor­med, that the Ʋniversal desire of the people, seems with a com­mon voice to recal their Natu­ral and Lawful King. Besides that generosity and equity its self obliges us to wish, that this Prince may return into his own Kingdom and Inheritance, of which he hath been unjustly de­prived; we ought also to desire it for the honor of our Religion, which should be more dear to us, then any other interest: For when our Adversaries formerly would charge the blame of the death of the late King of Eng­land on our Religion, you know we could very well guard our selvs from this reproach, by cast­ing it intirely upon the Sectaries, [Page 19] who indeed were onely guilty of that horrible crime. But at present we do not stand upon the same terms, since there is such a chance of affairs; the Sectarians having lost their cre­dit, or at least being faln from that soveraign Power which they had graspt; and on the contrary the Presbyterian par­ty which is ours, now governing in England: So that if they let slip the fair opportunity which God seemes to open to them for the re­establishing of the King of Great Britain in his Dominion, and to re-ad­vance him to the Throne of his Ancestors, it is most apparent there will be no further ground to excuse themselves upon the Sectaries, nor to wash our holy Religion from that spot, from which, by the Grace of God it hath always bin preserved pure [Page 20] and clean to this present. I well know there are dispersed evil rumors concerning the Religion of this Prince, and I doubt not, but there are some persons at London, as well as at Pa­ris, who endeavour to per­swade the World, That he hath forsaken our Communion, to embrace that of Rome: But who can believe a thing that is so contrary to all probability? there is nothing of this appears to us: On the contrary we well know, That although this Prince hath been constrained by the cir­cumstances of his present condi­tion, to reside sometimes in pla­ces where the Exercise of our Religion is not permitted, yet he hath always had his Chaplains near to him, who are nothing less then Papists, and who every where have regularly in his pre­sence prayed, and performed the [Page 21] other parts of Divine Service. Moreover, all Paris, and all the World, hath known the an­ger and the just indignation which he exprest, when he under­stood the endeavors which have been used (though ineffective­ly) for the Apostacy of the Duke of Glocester: And if this young Prince rendred his Piety and Constancy admirable, by that firm resistance which he opposed in so tender an age, to such a violent and dangerous persecu­tion; so also in that he retired to the King his Brother, and there sought for a Sanctuary to his Re­ligion, it is a very certain argu­ment, that the King had not quitted that Religion; for if this had been true, the Duke of Glo­cester had found him an enemy, instead of a Protector, and had suffered the loss of his Consci­ence, where he had sought its se­curity, [Page 22] & where he really found it. It is objected against this, that during the whole space of time which the King of Great Brit­tain past in the Court of France, he never came to our religious assemblies, and that amongst o­thers, he never came to Cha­renton in the days of our wor­ship. But although this may at first view appear strange to those who know not the reason of it; nevertheless, as we are better informed of this then any one, we can testifie that Religion was not the cause of it, and that he abstained from coming upon po­litick and prudential considera­tions, which may be peculiar to our Church: And the proof of this appears in that when the King of England hath been out of Paris, he hath willingly gone to Sermon in the Churches of our Brethren; as for instance, in [Page 23] Caen, and some other Towns; and in Holland also, he hath se­veral times heard the Sermons of the famous Monsieur More, who at present is our Col­league.

Thus, Sir, it is more clear then the day, That whatsoe­ver hath been reported till this time of the change of his Reli­gion, is a meer calumny, scat­tered by the artifice of his e­nemies; for to vilifie him in the judgment of his Subjects, and to alienate their affections and good will from him; and finally to render fruitless the just pray­ers which they make at present for his happy return into Eng­land.

God grant their accomplish­ment by his Almighty Justice, and as it is he who hath inspired these good designs into the hearts of his people, and who seems to [Page 24] dispose all things for the effect­ing them. May it please him to bless what remains of this work, and to succeed it for his glory, and the honor of his Anointed; but especially for the edifica­tion of his Church. For this, I pray to him with all my Soul, and recommend you particularly to his Grace, being,

VIRO CELEBERRIMO, ET PASTORI INTEGERRIMO Richardo Baxtero, Raimondus Gacheus Eccles. Ref. Paris. Pastor. S. P. D.

ACcedo ad te, vir clarissime, & frater in Christo ob­servantissime, ne (que) de fa­ [...]cie, neque de famâ notus, accedo [...]amen confidenter, quia te opti­ [...]mè novi, & de tua pietate mihi [...]lanè persuasum est. Legi nem­ [...]e relegi, miratus sum docta [...]la parva fateor, si [...]olem spectes, sed Deus bone! [...]uàm pretiosa, quàm vero Christianismi succo penitùs [...]mbuta, quibus Britanniam tu­ [...]m beâsti, & quibus non omni­ [...]ò Gallia nostra caruit. Quis [...]utem vel unius paginae seriâ [...]ctione non protinus intelligat, [Page 26] te spiritus Dei aflatum sensisse, te infoelicibus hisce temporibus oportunè suscitatum, qui gras­santem impietatem forti pecto­re, armis invictis aggrediaris & compescas Nihil unquam, sanctè profiteor, nihil nec à vete­ribus Ecclesiae patribus, ut vul­gò vocant, nec ab ultimi seculi doctoribus profectum vidi, & elucubratum, quod pari successu pietatem autoris spiret, simúl (que) pietatem lectoris accendat: quae de vita aeternâ, de peccatorum conversione, de justificatione, (in quâ si nonnihil à via trita deflectas, facis tamen quantùm assequi potui, non sinè ratione, non sinè Scriptura) de Poedo­baptismo, de con scientiae tran­quillitate, &c. in lucem emisisti, testantur luculentissimè, & quae tua sit eruditio, & quis tuus pie­tatis affectus. In talis, & tanti viri sinum, quis animi mei solli­tas, [Page 27] & anxias cogitationes vetet effundere, & quae mens agitat super luctuosum Reip. vestrae & incertum statum declarare? Certè non ego sum [...] & potissimùm in rerum vestra­rum conditionem adeò non de­ [...]onui insensus, ut nefas duxerim, [...]vel de illis curiosius disputare. Dicam ampliùs, de Britannia [...]non potui, non bene sperare, in [...]eâ enim & fui, & permaneo sen­tentiâ. plures sibi Deum in An­glia servâsse electos, plures pie­tati deditos, quàm in ull [...] totius Christianitatis regno vel olim floruerint, vel nunc comparare possint. De salute vestra de [...]pe­rent & fratres timidi, & hostes tumidi, quaerant in incredulitate sua, Quis dabit è Zion salutare Israel? Providebit Deus non decem illic, non mille justi, sed integrae piorum Myriades. Au­diam ego quid loquatur Dom. [Page 28] Deus, quoniam loquetur pacem in plebem suam. Verùm quan­doquidem summus ille mūdi ar­biter, qui nullo mediorum in­terventu, potest & tenebras dis­pellere, & Iucem revocare, non vult tamen (ut plurimū) imme­diatè virtutem suam exerere; de­bemus, vir reverende, studia no­stra, consilia omnia conferre ad salutem Britanniae firmitèr sta­biliendam. Nutabit, opinor, in perpetuum illius status, do­nec ad unius Imperium res to­ta redeat. Ut varii gentium mores, varia ingenia, ità variae apudillos administrandae R eip. rationes; non eadem omnibus est mens. Ille populus Demo­cratiam elegit, non assuetus, non assuefaciendus Monarchiae; iste Monarchiam praetulerit, nobi­litatis splendore captus, & plebis insaniam exosus. Anglia ve­stra ab innumeris penè seculis [Page 29] Reges coluit, ne (que) aliam novi in toto urbe antiquiorem Mo­narchiam: Idem Sol lucet ho­diernis Britannis, eosdem in­fluuntillis affectus hodiè, quos olim aëris temperies, Astrorum aspectus, soli qualitas; Quis spe­ret igitur vel Democratiam vel Aristocratiam facilè obtinere posse in eâ regione, in quâ unius Imperiū tam altas radices egit? Mutavit tamen Anglia, inquiet aliquis, & mutavit consensu, ut videbatur, unanimi regiminis formam, quis neget commodè fieri posse, quod iam factum est commodè. Duplex mihi sup­petit responsio. Primò, quae­ram vicissim, utrùm Britaniae foeliciter prorsus evenerit illa mutatio, profectò si tributa, & vectigalia computentur, ea non duplicata solùm, sed in immen­sum ferè aucta. si religionis sta­tum perpendas, quae haereseôn [Page 30] colluvies! Quis Renteros, Quakeros, &c. sub R'ege nove­rat? Secundò, Foelix fuerit Britannia, at certè sub unius Im­perio; quid nomen morer? Protector fuit ille unus, non Rex, assentior, unus tamen, nec artis dominandi ignarus, & qui, in solvendis R eip. vestrae publicis conventibus, non mi­norem se rege praestitit; nec ab illius obitu, aut saltem post fili­um ejus ejectum quievit Anglia; continuae vicissitudines; quem heri venerabamur, execramur hodiè; & cui modò fidelitatis jusjurandum dedimus, eum mox diris devovemus. Siccine semper fluctuabit nobilissima illa Insularum Regina? ne (que) ulla advolabit Alcion, quae ma­re vestrum tranquillet? Equi­dem vereor) ut pacem unquam exploratam habeatis, vel contra domesticos tumultus, vel con­tra [Page 31] hostium externorum moli­mina, donec solium Avitum re­cipiat tandem Ille, tot Regum Nepos, qui certè hereditario ju­re Regis Britanniae titulum pas­sim obtinuit, ut ut rem titulo de­signatam nondum possideat. Novi quae fuerit illi conflata invidia; de illius nimirum in vera religione constantia dubi­tant nonnulli, sive ex animo si­ve simulatè, Permagni autem interest Ecclesiae, eum qui re­liquis praeesse debet, pietate eti­am reliquos antecellere. Non dicam, quod dici sanè potest, nostrum non esse in religionem Principis inquirere: qualis­cunque ille fuerit, si potesta­tem alioqui legitimam obtineat, si jus regnandi ad illum pertine­at, caetera committenda sunt divinae povidentiae, regi verò in rebus civilibus praestandum obsequium. Pontifici Roma­mano [Page 32] lubeat, Reges è solio de­ [...]urbare, nisi ad illius nutum res religionis componant, nobis non licet esse tam superbis. Quae Dei sunt Deo, quae Coe­saris sunt Coesari reddimus. Sed jam hoc totum omitto, ete­nim quod rei caput est, Prin­ceps ille in vera religione natus, ritè institutus ab ejus publica professione nunquam destitit, nè in eis quidem locis in quibus inde aliquid detrimenti captu­rus videbatur, nec coetibus no­stris sacris Rothomagi & Rugallae dedignatus est interesse; Cae­terùm pietatis opinionem ha­bet apud suos. Nunquam (fateor) Ecclesiamnostram prae­sentia sua decoravit, dum Lute­tiae sedem suam collocaverat, quod profectò nos malè habuit; verùm quia Presbyteranorum, quos vocant, causa ad nos vide­batur pertinere, qui Presbyte­rani [Page 33] sumus, & quia defun­cti Regis mors Presbyte­ranis ascribebatur, alienum à nobis animum non potu­it non habere, usque dum rerum eventus certiorem illum fecerint, non à Fra­tribus nostris, sed ab Ana­baptistis ut plurimùm, aut saltem ab Independentibus illius inaugurationi praeci­pua inferri impedimenta, quos etiam calamitosum Parentis fatum promovisse anteà, planè perspectum habuit. Utinam facti istius invidia, quâ tandiu Eccle­siae nostrae conflagrarunt tandem aliquando, & à no­bis, & à Fratribus Britan­nis prorsus amoveatur, quod nescio an unquā fu­turum sit, nisi rebus com­positis Filius sceptrum Pa­rentis gerat, à Presbytera­norum [Page 34] manibus non vio­lenter extortum, sed amicè ac liberaliter oblatum. Age igitur, Vir Dei, belli imminentis calamitates praeverte, consilia Pacis Túque Fratrésque tui si­miles inite, & date Bri­tannis. Aspirabit divina providentia, conatibus vestris benedicet, vobis­que utetur veluti sacris instrumentis, ad foeli­citatem Patriae vestrae re­stituendam. Verùm haec satis supérque. Mira­ris etenim quòd te adeò familiariter compellam, quae tamen me causa impulerit, dixi initio. Nempe tuâ Pietate, tuâ Charitate fretus, quae omnia meliorem in par­tem interpretabitur. Por­rò benedicat Deus stu­diis [Page 35] tuis, laboribus tuis, Ecclesiae tuae, & toti ve­strae, imò nostrae, Bri­tanniae, quae Flos est & Gloria Regnorum in qui­bus Deus purè coli­tur.

Lutetiae Paris. Non. April. An. 1660.

RAIMOND GACHES Pastor of the Reformed Church of Paris, to the most Famous man and most Upright Pastor, RICHARD BAXTER, Wisheth all Health.

THough I am neither by face nor fame known unto you, (most worthy Sir, and most reverend brother in Christ) yet I address my self to you with confi­dence, because I know you very well, and am fully assured of your Piety. I have read again and again, not without admiration, those learned volumes (little indeed if we respect the bulk, but exceeding precious, and througbly dyed with the truest tinctures of Christianity) wherewith you have blest your own Countrey, and with which France hath not been altogether unac­quainted. Who can seriously read, [Page 26] though but one leaf of them, and not perceive how you felt the breath­ing so God's spirit, and were seaso­nably raised up for these unhappy times, as one who may with stout courage and invincible arms un­dertake and curb outragious ungod­liness. I solemnly profess, I never saw any thing studied, and come from those, commonly called The Ancient Fathers of the Church or from the Doctors of the latter times, which doth with equal suc­cess breath forth the Authors, and also kindle the Readers devotion [...] Those things which you have al [...] ready put out concerning Everlast­ing Rest, A Call to the Uncon­verted, justification (in which i [...] you leave the beaten rode a little you do it, as far as I can understand not without reason and Scripture) Infant-Baptism, Peace of Con­science, &c. do witness most clea­ly both what your learning is, and what your love of Religion. Wh [...] [Page 27] then may forbid me to pour forth my careful and doubtfull thoughts into the bosome of such and so great a man, and to declare what runs in my mind concerning the sad and fickle state of your Com­mon wealth? Truly I am no pry­er into other mens matters; and especially as to yours, I have been so far from angerly thundring [Virulent Declaiming] a­gainst them, that I have thought it an unspeakable fault to dispute curiously of them. I will say more, I could not but hope well of Bri­tain, for I was, and am still of this opinion, that God hath reserved to himself in England more Elect, and more godly men, then ever ei­ther flourished of old, or can be shewn now in any Realm of Chri­stendome. Let both fearfull brethren and furious enemies, judge your safety desperate, and ask in their unbelief, Who will [Page 28] give salvation to Israel out of Zi­on? God will provide; there are not ten, not a thousand just men, but entire Millions of godly men. I will hear what the Lord God will say, for he will speak peace to his people. But because the most high Ruler of the world (who can indeed with­out the intervening of means, both scatter the darkness, and call back the Light, yet nevertheless) wills not (for the most part) to put forth his power immediately; we ought (Reverend Sir) to lay toge­ther our Studies, and all Counsels to establish firmly the safety of Britain: I suppose its condition will be perpetually tottering, until the Government return into one mans hands (Monarchy) As the customes of Nations are va­rious, and their dispositions va­rious, so their manners of Gover­ning publick affaires are various; [Page 29] they are not of the same mind. One people chooses a popular Govern­ment; and neither is, nor can be ac­customed to be ruled by one man: Another people, being taken with the splendor of Nobility, and ha­ting the madness of the Commo­nalty, prefers Monarchy. Your Country of England hath been a lo­ver of Kings for almost innumerable ages; neither do I know any Monar­chy in the world more ancient. The same Sun shines upon the present English men; the aspects of the stars, the quality of the soil hath the same influence upon their affections now as formerly: Who then can hope that either a Democracy or Aristocracy, will easily prevail in that Countrey wherein Monarchy hath taken such deep rooting? But England (may some man say) hath already chang­ed the form of Government, and that (as it seem'd) with common con­sent; who then can deny that may [Page 30] be commodiously done, which hath been done commodiously? I have a double answer hereto. First, I will in like manner query, whether that change proved very happy for En­gland? Truely, if Taxes and Im­posts be to be counted; they are not on­ly doubled, but increased beyond al­most all measure. If the State of re­ligion be to be considered, what a common-sewer of Heresies is there! Who ever heard of Ranters, Qua­kers, &c. under the King? Secondly, Suppose Britain hath been happy since the change, yet it was under the Government of One: What matter's the name? this one was a Protector, not a King, I grant; but he was one, and such a one, as was neither un­skilfull in the art of ruling, nor be­haved himself inferiour to a King in dissolving Parliaments; and from his death, or at least from the casting out of his Son, England never was quiet; changes were continual: whom [Page 31] yesterday we reverenced, to day we loath; whom we swore fealty to but now, him soon after we damn with curses. Shall that most noble Queen of Islands alwayes be so tossed upon the waves? and shall no Halcyon fly thither which may calm your seas? Truely, I fear, you will never have peace ascertained either against tu­mults at home, or the attempts of Enemies abroad, till he, who is the Grand-son of so many Kings, at length be restored to his Grand-fa­thers Throne; he hath every where by right of inheritance the title of King of Britain, though he yet pos­sess not the thing designed by the Title. I know what Odium hath been cast upon him; some, whether re­ally or counterfeitly, are dissatisfied in his constancy to the true religion; and alledge, that it concerns the Church very much, that he who is to rule others, should excell them in godliness. I will not answer (which [Page 32] truly may be said) that it belongs not to us to enquire into the Princes re­ligion; Be he what he will, (if his power be otherwise lawfull, and the right of reigning belongs unto him) Obedience in civil matters must be performed to the King, and other matters must be committed unto Divine Providence. Let the Bi­shop of Rome lust to justle Kings out of the Throne unless they order affairs of religion according to his Beck; We may not be so proud. We give unto God the things that are Gods, and to Caesar the things that are Caesars. But I pass over all this; for (which is the thing chiefly to be considered) this Prince being born, and duly educated in the true Religion, never departed from the publick profession of it; no, not even in those places in which he was likly to suffer loss thereby; neither did he disdain to be present at our religious assembly at Roan and Rochel; [Page 33] moreover be hath the estimati­on of godly use among those that are about him. I confess he ne­ver graced our Church with his presence while he was seated at Paris; which truely grieved us: but because the Case of those called Presbyterians seemed to concern us who are Presbyte­rians; and because the Kings death was ascribed to the Pres­byterians; he could not but be strange to us, untill the event of things certified him that his instalment was principally hin­dered not by our brethren, but by the Anabaptists for the most part, or at least the Indepen­dents: whom also he certainly understood to have before pro­moted his Fathers sad death. I wish the Odium of that fact, wherewith our Churches have so long been loaded, might now at length be removed both from [Page 34] us, and our English brethren: which I know not how it can e­ver be, unless matters may be so composed as the Sonne may bear his Fathers Scepter, not violently wrested out of the Presbyterians hands but friendly & freely proffer'd. Go on Reverend Sir; prevent the calanities of imminent warre; do you and the brethren like you embrace peaceable counsels, and give the like to your Country­men. Divine providence will favour and bless your endea­vours, and will use you as sacred instruments for restoring hap­piness to your Country. Bute­nough and too much of this, for you may wonder that I speak so familiarly to you; but I men­tioned in the beginning what cause moved me thereto, viz. relying on your piety and cha­rity, which will take all in good [Page 35] part. Further, God bless your Studies, your labours, your Church, and all your, nay our England, which is the Flower and Glory of all the King­domes wherein God is truly worshiped.

Paris Apr. 2. 1660.

De PARIS ce 3. Auril 1660.

IL n'est rien arrivé en nos jours de plus étonnant que les Revolutions d'Angleterre, d'Ecosse, & d Irlande. Apres la mort tragique du feu Roy, l'on faisoit esperer l'établissement d'une Republique qui seroit la merveille & l'admiration du Monde. Maisles divers chan­gemens quisont arrivés de tems en tems, & les confusions qui sont a craindre, font croire a plusieurs que Dieu veut rame­ner les choses a leur Principe, & mettre ces trois Couronnes unies ensemble, sur la tested un seul Monarque. Ce qui nous réjouït & nous console est, qu'il semble que pour faire ce glori­eux ouvrage, Dieu se veuille [Page 37] servir de ceus avec lesquels nous auons une communion plus étroite de doctrine & de discipline. Car nous appre­nons que ceus que l'on apelle Presbyteriens, ont aujourduy le plus de pouvoir, & que ce sont eus qui tiēnent le timon de l'Etat. Cette Illustre Assemblée qui vouloit conserver a son Roy sa vie & sa Royauté, étoit sans doute bien éloignée de vouloir priver ses enfans du du droit qui leur est aquis par une Succession continuée en leur Maison Royale depuis plusieurs siecles. Il court icy un bruit que ce qui pourroit empescher le Roy d'a present d'estre rapellê a l heritage de ses Peres est l'opinion que l'on a qu'il est Catholique Romain, & la crainte qu'avec le tems, il ne ruine la Religion qui fleurit dans les trois Royaumes. Mais [Page 38] Monsieur, vous savez que nous avons toûjours detesté la do­ctrine des Papes & de leurs sup­posts qui enseignent que les Princes qu'ils apellent Here­tiques, sont inhabiles a succeder aus Couronnes, & que s'ils sont en possession du Royaume, ils doivent estre deposez. Outre cela, je ne say pas sur quoy l'on fonde que ce Prince est Catho­lique Romain, veu qu'il n'en fait point la profession, et au contraire qu'il a refusé tous les avantages & toutes les assistan­ces qui luy ont été ofertes a cette condition. La charité n'est point soubçonneuse; Et si elle nous defend de soub [...]ccedil;onner le­gerement des particuliers, com­ment pourroit elle approuver que l'on soup [...]ccedil;onne des Per­sonnes si sacrées. l'Experience a asséz fait voir combien sou­vent de tels soup [...]ccedil;ons, & même [Page 39] les plus violens, sont mal fon­dez. Nos Histoires ont fait voir un exemple bien convain­cant. Car la Ligue ne fonda jamais sa rebellion contre le Roy Henry 3. que sur ce qu'il étoit Heretique & fauteur d' Heretiques; Et par là on vou­loit faire croire qu'l n'avoit nulle affection a la Religion Romaine, & que sous main il favorisoit la nôtre. Cependant nous n'avons point eu de plus puissant ennemy; et chacun sait qu'il a vêcu & qu'il est mort en la Communion de Rome; & qu'il y a fait paroistre autant de zele qu'aucun de ses Predeces­seuss; Mais sans passer la Mer, vous aves au milieu de vous un exemple sans repartie. Car­quels soup [...]ccedil;ons n'a on point eude la Religion du feu Roy de la grande Bretagne? Cependant a l'heure que la dissimulation [Page 40] n'a plus de lieu, & qu'il n'avoit plus rien a esperer ni a craindre de la part des hommes, il a fait paroître son Zele a la vraye Re­ligion; et même cette douceur & cette patience admirable avec laquelle il a sousert le dernier su­plice de la main de ses propres sujets, a bien fait voir que l Esprit de Dieu regnoit en son coeur. Il est vray que je ne vous puis rien dire de mon chef de la Religion du Prince dont il s'a­git, parce que pour des consi­derations politiques il ne nous a point fait I honneur de venir en nos S^tes Assemblées a Cha­renton, qui est le seul lieu où nons pouvons en corps té­moigner nos respects aus Prin­ces étrangers de nôtre Cōmu­nion. Pour ce qui est de moy en particulier, je suis trop peu de chose pour entreprendre de vi­siter un si grand Prince; Et c'est [Page 41] aussy la raison pour laquelle je n'ay point eu l'honneur de voir M^R le Duc d Yorc. Mais com­me j'apris il y déja quelques an­nées, que M^R le Duc de Gloce­ster avoit fait paroître sa suffi­sance a confondre les faus Docteurs qui le vouloyent se­duire, & qu'il avoit eu assez de courage & de generosité pour resister à la Reyne sa Mere et a ceux qui ce vouloyent placer en la maison des Jesuites. Je creus, veu sa grande jeunesse, que je me pouvois donner l'hōneur de le voir sans que cela peut être tiré à consequence; & je m'aquittay d'autant plus vo­lōtiers de ce devoir, que je s [...]ccedil;eus que non seulement il l'auroit agreable, mais qu'il le desiroit. le ne vous s [...]ccedil;aurois exprimer combien je sus satisfait de ce jeune Prince. Car outre la facon obligeante de laquelle il [Page 42] me receut, il me donna divers témoignages de sa pieté & de son zele. Il me souvient, qu'il me dit entr'autres choses, que le feu Roy son Pere, peu avant sa mort, luy avoit recommandê ces trois choses, De ne changer iamais de Religion, d'obeïr a son Frere ainé, qui seroit son Roy, comme il eust fait aluy même si Dieu l'eust conservé au Mon­dé, & d'obeïr a la Reyne sa Mere en toutes choses, excepté en ce qui regarde la Religion. A quoyil ajoutoit, qu'en perse­verant en la Religion il s'aqui­toit de son devoir envers Dieu, & conservoit le repos de sa con­science; mais qu'avec cela il obeissoit aux dernieres volontés du feu Royson Pere & execu­toit les ordres du Roy son Frere, qui le rapelloit pres de sa personne pour le tirer de la ten­tation. Ce discours qu'il fit de [Page 43] fort bonne grace, me confirma dans la creance que j'avois de la Religion du Roy defunt, & me fit voir ce que je devois croire charitablement de celle du Roy son Fitz. Mais outre cela, il a en sa Maison & entre ses do­mestiques des gentils-hommes de nôtre Religion & de mes an­ciens amis, qui m'ont assuré a diverses fois de la pieté de ce Prince, & de sa fermeté en la profession qu'il fait. Il est vray qu'il y a des Anglois, qui sans y penser, luy ont fait grand tort Car sur de faux prejugez, ils se sont abstenus de nôtre commu­nion; E par là ils ont fait nai­tre des soup [...]ccedil;ons, comme si leur Roy & toute sa Cour avoyent leur inclination au Papisme. Mais les plus sages n'en ont pas vsé de la sorte. Car sachant que la creance de nôtre Eglise [Page 44] & celle de l'Eglise Anglicane est une même creance, il's n'ont fait nulle difficulté de se trouver en nos Assemblées; Et même le premier Chapelain du Roy de la grand' Bretagne, nomme le Docteur Cosin, y a souvent assisté avec beacoup de devotion. Pour reuenir a mon discours Dieu met aujourduy entre les mains de Messieurs vos Presbyteriens, qui ont la souveraine direction, l'honneur & la reputation de nos Eglises. Car si sans aucune interventi­on des Puissances étrangeres, ils rappellent ce Prince & le font asseoir sur son trône, ils acquie­rent pour eux & pour leur po­sterité une gloire immortelle; Et ils ferment â jamais la bou­che a ceux qui nous accusent faussement d'estre ennemis de la Royauté; & font voir que [Page 45] cest a tort que l'on nous a im­puté cette maxime, Point d'Euesque, point de Roy. Pour ce qui est de ma per­sonne, Je vous confesse, que comme j'ay pleuré amérement la mort sanglante du feu Roy, aussy ce me sera une joye ex­tréme de voir le rétablisse­ment du Roy son Fils, pour­veu que cela se puisse faire avec des conditions qui n'éffa­cent point le lustre & l'eclat de la Majesté Royale, & qui soy­ent a la glorie de Dieu & au bi­en & au repos des trois Roy­aumes. C'est dequoy je prie Dieu de bon coeur, & pour vous M^R qu'ilvous conserve & vous benisse de ses plus saintes benedictions. J'ay creu que vous ne trouveries pas mauvais que je vous ouvre mon coeur, et que je vous découvre mes pen­sées [Page 46] sur un sujet de si grande importance, puis que je suis.