ARREST DE LA COUR DE PARLEMENT.

LES PRINCES, Et toutes les Chambres assemblées, le 22 Aoust 1652.

Pour remercier le Roy de l'esloignement du Cardinal Mazarin, & supplier sa Majesté de retourner dans sa bonne Ville de Pa­ris; & de rendre le calme à son Estat.

AVEC LA DECLARATION De Messieurs les PRINCES.

Suivant la Copie Imprimée à PARIS, Chez Jacob Chevalier, prés Saint Iean de Latran.

Et r' Imprimée à la HAYE, Chez SAMUEL BROUN, Libraire Anglois sur la Grand Sale de la Cour. Anno M.DC.LII.

Extrait des Registres de Parlement.

CE jour la Cour les Chambres assemblées en presence de Belchefer Substitud pour le Procureur General du Roy Monsieur le Duc d'Orleans, & apres luy le sieur Prince de Condé ont dit qu'ils avoyent assez fait cognoistre de vive voix & par leurs Declarations faites en la Cour que le sujet pour lequel ils avoyent pris les armes, n'estoit que pour l'esloigne­ment du Cardinal Mazarin hors le Royaume. Que sur les advis à eux donnez ils apportoyent à la Cour leurs Declarations signées, continue en ces termes:

LA Resolution qu'a pris le Roy de faire sortir le Cardinal Maza­rin hors du Royaume, dans la conjoncture presente, justifie d'une telle sorte ce que nous avons fait pour l'empescher d'y r'en­trer: Et depuis qu'il y est de retour, pour le faire sortir, que per sonne ne peut plus blasmer nostre conduite avec raison. Aussi ceux qui ont voulu authoriser sa demeurer en France n'ont-ils eu la har­diesse d'alleguer autre chose smon qu'il n'estoit que le pretexte de la guerre, & qu'elle avoit des causes que son esloignement ne se­roit pas capable d'oster: Mais comme nous protestons qu'il a esté le seul & veritable motif que nous a mis les armes à la main. Nous venons dans la Compagnie pour l'asseurer que nous sommes prests de les poser &c d'executer sincerement les Declarations que nous y avons faites, presuposant que sa sortie hors du Royaume soit ef­fective: Et pourveu qu'il plaise à sa Majesté de faire ce qu'il con­vient pour le repos de son Estat. Et ce qui s'est tousiours pratiqué en de semblables occasions qui consiste seulement à donner une Amnistie Generale en bonne forme, & esloigner les troupes des [Page 3] environs de Paris, & retirer celles qui sont dans la Guyenne & lans les Provinces, pour les empescher allieurs sur les Frontieres: Et à restablir les choses au mesme estat qu'elles étoyent avant les presens mouvemens, & particulierement ce qui concerne la re­union du Parlement, & donner une route & seureté pour la re­traite des trouppes estrangeres qui sont sous nostre Commande­ment, Nous sommes tous disposez à envoyer exprés à sa Ma­jesté pour luy faire entendre les mesmes choses avec tout le respect que Nous luy devons, ne doutant point que la Com­pagnie ne le juge ainsi à propos, & de Nous conformer aux sen­timens qu'elle prendra dans une occasion aussi importante qu'est celle-cy, & d'où despend la tranquillité publique. En tes­moing dequoy Nous avons signé la presente Declaration. Ladite Declaration leve, ouy sur ce ledit Substitud, qui a dit que c'est par une exuberance de bonté & affection que Monsieur Duc d'Orleans & Monsieur le Prince ont voulu reïterer verballement, & par escrit les mesmes Declarations qui ont esté cy-devant par eux fai­tes en ce lieu, sans qu'il en fut besoin, parce que des la premiere fois qu'elles y ont esté faites il n'y a personne qui n'ait persuadé qu'elles ne fuissent entierement sinceres & mieux escrites & con­signées dans leur coeur tout Royal que dans le Registre de la Cour: mais puis qu'ils tesmoignoyent tant de bonne volonté pour le bien & le salut de l'Estat & pour cette Compagnie qu'il estoit encore necessaire de les supplier de s'employer vers le Roy pour moyen­ner son retour en cette ville de Paris pour l'honnorer & conserver par sa presence, & de la part de la Cour, le Roy ayant desia par sa bonté fait la premiere démarche pour luy faire ressentir ses gra­ces, La Compagnie estoit obligée de faire tout ce qu'elle scauroit estre agreable au Roy pour repondre à ses volontez & luy tesmo­igner avec quelle affection l'on luy veut rendre les submissions & obeissances qu'il peut desirer, & pour cét effet il luy semble estre expedient de deputer pour aller vers le Roy le remercier tres-humblement de ce qu'il a eu esgard aux remonstrances de son Par­lement, Que s'il s'est passé quelque chose qui luy ait pû deplaire, [Page 4] le supplier d'oublier, & asseurer des bonnes intentions de la Com­pagnie, luy faire pareille supplication de retourner dans Paris pour asse [...]rer les peuples & estouffer toutes les deffiances qui se sont formées de part & autre pour formenter les divisions. Si la Cour trouve bon d'adjouster que la Garde des portes soit levée, & cesser la levée des taxes qui ont esté imposées, ce sera chose agre­able au Roy, & que la deliberation soit portée par tels de Messieurs qu'il plaira à la Cour deputer apres que l'on aura sceu que le Roy trouvera bon de les ouïr.

LADITE COUR a arresté & ordonné que le Roy sera tres-humblement remercié par deputez d'icelle de ce qu'il luy a pleu accorder l'esloignement dudit Cardinal Mazarin, Que les Compagnies souveraines & les Corps de la ville seront advertis & conviez de faire mesme deputation, supplier ledit Seigneur Roy de revenir à Paris, & l'asseurer de tous devoirs, respects, soubmis­sions, & obeissances, de ses Officiers & sujets. Que ledit sieur Duc d'Orleans, & ledit sieur Prince seront aussi remerciez de leur bon­ne volonté, priez de continuer leur affection pour la paix du Ro­yaume, & d'envoyer incessamment, & au plustost qu'il se pourra pardevers sa Majesté pour parachever ce qui est necessaire au bien & repos de l'estat, & a cette fin demeurera ladite De­claration au Greffe de ladite Cour. Fait en Parlement le 22. jour du mois d'Aoust mil six cens cinquantedeux.

Signé, DU TILLET.

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