Proclamation.

COmbien que ce soit chose toute notoire et arreste, nō seulemēt aux subiectz natu­rellement constitués, soubz la courronne dangleterre, mais encores a plusieurs aultres Nati­ons estrangieres, de toutes parties de la Chrestienté, combien de grandes occasions ont est depuis quelque tēps en ca, par les Francoys donneés et con tynueés, a craindre leur inuasion sur ce Royaulme, principallement par la voye descosse, et aussy a mettre en or­dre, apprestes de forces conuenables, pour y resister en toute diligence, par le mesme chemin descosse. Ce nonob­stant la Maiesté de la Royne consy­derant en cest endroict la grande di­uersité dopinions qui pourront sour­dre entre les gens sur cest affaire, a [Page] bien uoulu & a trouué bon, briefue­ment & apertement mettre deuant le monde & publier sa deliberation, & les iustes causes dicelle.

En premier lieu, sa Maiesté de sa debonnaire & gratieuse nature, cest contentée de croyre, que le tiltre iniu­rieusement pretendu a ce Royaume, par la Royne descosse en tāt de sortes, nest venu dailleurs, que de lambitieuse uolonté des principaulx de la majson de Guise, le (que)lz depuis nagueres se sōt emparés du gouernement de la cou­ronne de France. Et ne peult sa Maie­ste aussi croyre, que ny le Roy, nestāt (a loccasion de ses ieunes ans) capable de telle ētreprinse, ny encore la Royne descosse, estāt aussi en sa minorité, ny aussi les Princes du sang Royal & au tres estats de France, a qui par le pas­sè appartenoit & deburoit apparte­nir le gouuernement des affaires dice­luy [Page] Royalme, durant la minorité du Roy, ont deulx mesmes imaginé ou deliberé une tant iniuste, desraisona­ble, & dāgereuse enterprinse que cest cy: comme elle apparoit, a toute per­sonne de bon & indifferent iugemēt. Et considerant que ladicte maison de Guise, pour leur particulier auance­ment, nayāt aultre moyen pour y par­uenir, que par l'agrandissement & exaltation de leur niepce la Royne de Escosse, soubz couleur de laquelle, ilz sentremettent maintenāt au gouuer­nement du Royaume de France, ont en ceste sorte iniurieusement & inso­lemment mis en auant, & mesmes en temps de paix, es lieux publiques cō ­tinue de sattribuer les armes & tiltre de ces royaumes d Angleterre & Ir­lāde, an nom de la Royne leur niepce, oultre beaucoup daultres tresgrandz reproches, mesmes (cōme il a esté par [Page] plusieurs, et pourtāt uraysē blablemēt dict & auoué) sans laduis des Princes du sang Royal, et aultres grandz per­sonages, et sages Conseilliers, et de lon gue main experimētes aux affaires du dict Royaulme. Et pour la poursuite etexecutiō de ceste leur tantiniuste et ambitieuse deliberatiō, se sont aydez de lautorité du Roy, et de la Royne leur niepce. Estāt chose hors du natu­rel, quelle entreprenne de transporter la couronne descosse, hors des mains du peuple naturel du pays, et par ainsi, partie auec (que) la force quilzy ont desia enuoyeé soubz la couleur deuāt dicte, et partie quilzy ont de liberé denuoy er, vouloir poursuiure linuasion de ce Royaulme dāgleterre, duquel cōbien quepar plusieurs moyens a grād tort, et fort deshonorablemēt ilz ayent faict vtsurper le tiltre a leurniepce, encores scauent ilz bien, que par aultre uoye [Page] que par escosse, ilz ny pourront iamais porter dommage euident et en cel ef­fect, quilz desireroiēt. A ceste cause, sa Maiesté ayantbien experimenteé en beaucoup de calamites, la singuliere bōté de dieu, etcōgnoissant le bō droict de sa cause, et la naturelle obeissaunce et amour de ses loyaulx subiectes, Et prenantces insolentes enterprinses, ne proceder dailleurs, que du sinister portement de ceulx de la maison de Guise, durant la minorite du Roy, et de la Royne, sans aulcunement ve­nir du consentiment des Princes du sang, et aultres grandes Seigneurs et estatz de France: et nayant de sa propre nature et iuge nēt, aultre plus grand desir, que de continuer et gar der la paix auecq tous princes Chri­stiens (voire en ce temps et facon de portementz tant difficiles et estrā ges) auec les Royaulmes mesmes de [Page] France et descosse, et tous les subiectz de iceulx: faict entendre a toute sorte de personnes en general, quencores que sa maiesté ayt esté contraincte a ses grandz despens, de mettre en or­dre, tant per mer que par terre, quel­ques forces pour la seureté de son roy­aume, estant tellemēt par parolles & faulx tiltre querellé, & auecq force de gens de guerre francoises de si pres approché, & de iour en iour menacé de plus grandes forces encore, Ce ne­antmoins sa Maiesté nentend de faire aulcune crualté, hostilité, ou guerre, ains cherche seulement & souhaite, & par plusieurs fois aussi apertemēt & amiablement a requis, du Cardi­nal de Lorraine, & de son frere, & par leur moyē aussi du Roy de Frāce, que ces tiltres & querelles trop inso­lentes fussent cessees & reuoquées, & quon uoulsist accorder au peuple de [Page] Escosse une si paisible & naturelle maniere de gouuernemēt, que ne sesloignantz de la deüe obeissance de leur Souueraine (comme ilz offrent) ilz neussent a craindre plus doppression & conqueste: Et consequemment que les gens de guerre francois qui sont en Escosse fussent reuoqueés, estantz a raison des premieres iniures faictes contre ce royaume, trop dangereux pour y estre enduréz si pres dangle­terre. Et affin quē leur reuocatiō fust procedé auecques plus grāde diligēce, on a offert de leur bailler saufcōduict tāt par mer que par terre, ou par lūg & lautre, auecq toute la faueur & asseurance dōt on se peult auiser pour leur partiment. Et selon que leur for­ces seroyēt diminueés, celles de sa Maiesté par mer & par terre, seroyent aussi au mesme instāt cassées, & par ainsi toute occasion de doleances se­roit [Page] ēseuelie & mis en oublie, & une paix ferme & sincere establie. Ausq̄l les requestes tant agreables a equite, raison, et honneur, par plusieurs fois faictes, sa Maiesté ne peult aulcu­nement auoir responce suffisante, combien que grand temps y ayt esté em­ployé aux grandz frais de sa Maie­sté, et au delay euident de paix, et amitie. Et finallement, sa Maiesté faict scauo ir a tous, quelle continue et veult continuer en bonne paix, a­uecques les Royaulmes de France et Escosse, ce pendant quilzne feront in uasion manifeste surses pais, domi­nions et peuple: Et taschera par tous bons moyens que soit mise, vne vnion et bon accord en escosse, et que les Souldartz francoys qui y veulent resister, sen puissent aller, sans dan­ger et dommage. Ce que silz refusent de faire, fault necessairement apres [Page] touts ces bons moyens vses, et apres tant de delays faictz de la part de France, que sa Maiesté face son ef­fort a les contraindre sen retirer, sans aultrement vser de violence quel­quonque, contre aulcune personne, ou defrance ou descosse. Pourtāt sa Maiesté commande et estroitemēt enioynet a tous ses Subiectz de quelestat quilz soyent, de monstrer toute faueur & amitie a touts les Subiectz du Roy de france, et les ꝑmettre de traffi­quer en toutessortes de marchandises comme en temps de meilleure paix a esté accoustumé: et deburoit estre per mis, si nest que par hostilite de aulcu­ns de la parte de france, ilz soyent cō traintz a se defendre eulx mesmes ou leur pais. Et aussy que tous lesdictz, Subiectz de sa Maiesté vseront de bon et honneste language du Royau­me et Nation de france, et non ob­stant [Page] toutes ces grandes iniures de nagueres faictes, comme dessus est dict, contre la Couronne de Angleter­re, n'en iugeront aultrement, que sa maiesté de sa bōne inclinatiō ne croit & iuge elle mesme. Et ne feront aul­tres apprestes de guerre, q̄ celles qui pourrōt seruir pour la defēce de telles iniures & entreprinses, qui serōt fai­ctes & dresseés sur ce royaume (con­tre ce que sa maiesté desire & attēd) par l'instigation de ladicte maison de Guise, ayāt maītenāt ētre leur mains l'entier gouuernement du Roy & de la Royne, iusques a tant qu'on uoye si le dictroyaume & nation de France, entendent de faire plus oultre aucune inuasion sur ce Royaume, & qu'ainsi la presente bonne opinion de sa dicte maiesté soit mal conceüe. Dequoy cō ­bien que sa Maiesté seroit biē marrie & fort desplaisante, pour l'empeschement & retardement de la paix cō ­mune [Page] de toute la Chrestienté, (ce que elle desire sur tout) encores nest il pas a doubter, que le Seigneur tout puis­sant ne uueille ayder & assister aux forces de ce royaume, pour le garder de tous tel dāgers, et se uenger des in iures offertes, auecq' honneur, cōme le cas le requerra. Et pour mieux dōner cecy a entendre a toutes personnes, sa Maieste l'auoulu expressement faire publier en Francois & Anglois, que nōobstāt quō en ait faict particuliere declaration au roy de France, & au­dictz Seigneurs de Guise, a la Royne Douaiere d'escosse, & a tous les Em­bassiadeurs de Frāce de par de ca (ny pouuant encores auoir response suffi­sante) ēcores ne seroit celé aux autres qui possible pourroiēt estre induictz a croire des choses aultrement que la uerité n'est. Donné a Vuestminster le xxiiij. de Mars, l'an secōd de sō regne.

Viue la Royne.

A Londres. Par Rychard Iugge, & Iehan Cavvood, impri meurs pour la Maiestè de la Roine.

Lan. M.D.L IX.

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