LETTRE DV ROY d'Angleterre, à Madame la Princesse.
Nous auons receu par ce Gentil-homme la lettre que nous avez escrite, & ouy ce qu'il nous a dit de vostre part, en faveur & commiseration de nostre cher Cousin Monsieur le Prince de Condé vostre fils, duquel nous ressentons avec beaucoup de douleur la captivité & affliction, tant pour l'affection naturelle que nous avons tousiours portez à l'Illustre tige dont il est sorty, & dōt apres la Royale il fait la principale branche, comme aussi pour l'amour particuliere que nous avons de tout temps portez à sa personne & aux [Page 4]bonnes inclinations que nous avons recognues en luy, ainsi que nous avons par tout tasché de luy faire paroistre. Ce qui nous fait asseurément croire qu'ayant vn tel interest à la conseruation de l'Estat, il ne peut auoir trempé aux mauvais desseins qu'on luy met à sus, comme aussi nous pouuons dire ne nous estre iusques icy rien apparu au preiudice de son innocence, fidelité, & affection au service du Roy nostre tres-cher frere, & de la Couronne de France. Qui nous fait tousiours desirer avec pareille ardeurs & compassion l'effect de sa deliurance & de son entier restablissement en l'Estat & dignité que la nature luy a acquise comme nous avons faict iusques icy, & cōme vous vous pouvez asseurer que noꝰ recherchons & employerons avec sion & deligence tous les moyens [Page 5]qui dependront de nous pour luy procurer ce bien la, ce que nous mesnagerons le plus vtilemēt qu'il nous sera possible aux occasions qui s'en presenteront pour vous faire paroistre par les effects combien nous sommes touchez, & avons pour recommandé le soin de cet affaire. Et sur ceste asseurance nous recommā dans affectueusement à vos bonnes graces, nous demeurerons,